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[SORCELLERIE]
. Lettre autographe signée par FALOUR, Rochefort 29 septembre 1771, à M. de
Regnault de Parcieu mousquetaire du roi à Lyon ; 3 pages in-4, adresse, cachet cire rouge.
Très curieuse lettre d’un adorateur de Satan.
Falour salue son “très cher frère en diable” et le félicite : “vous avez marché à pas de géants dans
la carrière et déja saint Roc Grisbourdon tremble de vous voir placé au sabbat dans une place plus
honorable que la sienne. (...) Il vaut mieux être grand seigneur dans l’empire de Satan que de se
voir confondu parmi la canaille du paradis”. La cour d’un grand de l’enfer compte comme sujets
“tous les abbés commendataires, toutes les catins, tous les chanoines, tous les bénédictins, tous les
paillards, tous les docteurs de Sorbonne, tous ceux qu’on nomme amis des princes, tous les évêques,
tous les mousquetaires, tous les cardinaux, tous les gendarmes, tous les peres de l’église, et cette foule
d’hommes et de femmes de tout rang qui les dimanches vont par instinct entendre brailler du latin
dans une église”. Il parle de Rochefort qui est sous l’empire de l’ennui et de la fièvre, et dont le port
pourrait être détruit... “Ne manquez pas, lorsque vous serez chargé de mentir pour le roi, de faire sifler
les serpents de la discorde, d’évoquer du fond des enfers le démon des combats, et de remplir tous
les cœurs de la soif du sang. Quel plaisir pour un grand cœur de mettre les armes à la main de deux
nations rivales, de les voir s’égorger par milliers, de contempler la terre jonchée de cadavres, les villes
en cendre, d’entendre les cris des mourants (...) C’est ainsi que le cardinal de Richelieu le marquis de
Louvois, et tant d’autres grands hommes sont parvenus à joüir icy bas d’un avant goût des voluptés
infernales dont ils sont aujourd’hui abreuvés à longs traits dans le palais de Lucifer. Vous serez béni
par toutes nos dévotes, si vous pouvez éxécuter la noble entreprise d’exciter une guerre dans l’Europe,
et surtout d’armer l’Angleterre contre nous”. Une vieille femme lui fait obstacle dans une affaire de
succession, mais “je vais la trouver le fer dans une main et le feu dans l’autre. Avec le feu je brulerai
les poils du con et du cu de la vieille, et avec le fer je couperai les coüilles du maraut qui la conseille”...
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Contre la torture
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SPEE (Friedrich von).
Advis aux criminalistes sur les abus qui se glissent dans les proces de
sorcelerie.
Dediés aux magistrats d’Allemagne. Livre tres necesaire en ce temps icy, à tous juges,
conseillers, confesseurs (tant des juges que des criminels) inquisiteurs, predicateurs, advocats, &
mêmes aux medecins. Par le P.N.S.I. [le père N. Spee, Jésuite], theologien romain. Imprimé en latin
pour la seconde fois à Francfort en l’année 1632. Et mis en françois par F.B. de Velledor M.A.D
[François Boudot, médecin bisontin].
Lyon, Aux dépens de l’autheur : et se vend chez Claude Prost, 1660.
Petit in-8 de (24) ff., 336 pp. : maroquin rouge, dos à nerfs orné à petits fers, triple filet doré encadrant
les plats avec fleurons aux angles, coupes et bordures intérieures décorées, tranches dorées
(Devauchelle).
Première édition en français de la
Cautio criminalis
. Elle est fort rare, selon Caillet.
Le Jésuite Friedrich von Spee avait été confesseur des sorcières pendant la grande persécution de
Wurzbourg, ce qui, disait-il, lui avait fait prématurément blanchir les cheveux. Son expérience lui fit
comprendre ce que valaient les aveux extorqués. La réaction provoquée par l’ouvrage souleva un tollé
quasi général en Europe.
Le débat autour de la sorcellerie sous Louis XIV.
La vigoureuse attaque contre les procès en sorcellerie s’inscrit dans le débat qui mettait aux prises
théologiens, magistrats et médecins. Il contribua à opérer une prise de conscience de l’opinion
éclairée, si bien qu’en France l’édit de Colbert (juillet 1682) en vint à commuer la sorcellerie en délit
d’escroquerie.
Par un renversement intéressant, ce sont les théologiens qui ont précédé les juristes et ce sont les
parlementaires de province qui résistèrent aux ordonnances royales en persistant à appliquer une
jurisprudence mise en place au siècle précédant. Le maître livre et son auteur ont été longuement
étudiés par Mandrou et Trevor-Roper.
Plaisant exemplaire en maroquin imitant le style de l’époque.
Ex-libris
Bruno Monnier
(Cat. I, 1984, n° 17) et
Frédéric et Anne Max
(Cat. I, 1997, n° 135).
Dos légèrement passé, petit travail de ver atteignant une dizaine de feuillets.
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