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Les descriptions réalistes et fort minutieuses de la torture légale
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MUYART DE VOUGLANS (Pierre-François).
Les Loix criminelles de France, dans leur ordre
naturel.
Paris, Mérigot, Crapart, Morin, 1780.
In-folio, veau fauve marbré, dos à nerfs orné, pièce de titre de maroquin rouge, triple filet à froid
encadrant les plats, tranches rouges
(reliure de l’ époque).
Édition originale.
Le plus célèbre des anciens criminalistes français.
Avocat et juriste, Muyart de Vouglans (1713-1791) est un des rares magistrats qui ait eu le courage
de rendre publiques les modalités des peines corporelles. Il décrit tout uniment l’administration de la
“question”, par l’eau et par les brodequins. La torture pour arracher des aveux est en principe limitée à
une heure, en présence des juges, d’un prêtre et d’un médecin. “L’idée que cette mesure d’instruction
fût une peine infligée à un prévenu non encore régulièrement condamné ne semble pas avoir effleuré
ce grand magistrat” (Claude Rouiller). La question préparatoire fut supprimée en 1780, par Louis
XVI, l’année même de la publication de l’ouvrage “dédié au Roi”. On y découvre également le nom
des différentes cordes dont use le bourreau lorsqu’il pend un condamné et la manière de “parachever”
éventuellement la décollation.
Par ailleurs, ce traité captivant livre un tableau vivant des mœurs dans les extraits d’arrêts qu’il cite. Il
a constitué un document de premier ordre pour la thèse de Michel Foucault. Il renferme le pamphlet
contre Beccaria accusé de favoriser le crime.
En appendice, le
Mémoire sur les peines infamantes
opère un curieux revirement de pensée dans la
mesure où le jurisconsulte prône une série de réformes radicalement opposées à la doctrine pénale qu’il
avait toujours soutenue.
Exemplaire en reliure de l’époque sommairement restaurée. La conservation de ce fort volume de
travail laisse toujours à désirer.
(Arabeyre,
Dictionnaire historique des juristes français
, 2007, p. 585.- Dupin,
Bibliothèque choisie des
livres de droit,
n° 1195 : “Dernier volet de la célèbre trilogie des grands traités des lois positives, initiée
par Domat, avec ses
Loix civiles dans leur ordre naturel
, et poursuivie avec les
Loix ecclésiastiques dans
leur ordre naturel
de Héricourt. Parmi les trois traités,
Les Loix criminelles de France
reste le plus rare”).
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Un libertin érudit, adepte de Machiavel,
fait l’apologie du massacre de la Saint-Barthélemy
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NAUDÉ (Gabriel).
Considerations politiques sur les coups d’estat.
Sur la copie de Rome, 1667.
Petit in-12, demi-basane fauve à coins, tranches jaspées
(reliure ancienne).
Deuxième édition, la première elzévirienne.
L’édition originale, tirée à une centaine d’exemplaires, avait paru en 1639.
“Dans ses
Considérations sur les coups d’État,
sans illusion sur les sources du pouvoir, qui, à ses yeux,
est toujours fondé sur la force, il prône la séparation de la politique d’avec la morale et la religion, et le
pouvoir sans partage du monarque. (…) Son attitude est exemplaire des options des libertins : méfiants
à l’égard du peuple, qu’ils jugent superstitieux et ignorant, ils voient dans l’absolutisme une nécessité
historique” (A. Viala).
Ainsi débarrassé de considérations d’ordre moral, il va jusqu’à faire l’apologie de la Saint-Barthélemy,
une apologie, dit Nodier, “d’une candeur de férocité qui étonne et qui révolte”.
Bon exemplaire portant quelques annotations. Ex-libris
Fideikommissbiblioteket
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