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LACENAIRE (Pierre-François, 1803-1836) assassin et écrivain.
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ANUSCRIT
autographe,
décembre 1836.
36 pages in-4, foliotées 52-54, 57-63, 65-67, 72-76, montées sur onglets en un cahier, dans une
chemise-boîte demi-maroquin rouge, étui.
Important et rarissime fragment de ses
M
ÉMOIRES
qui furent rédigés en prison.
Ce manuscrit, qui présente quelques ratures et corrections, a servi pour l’impression des
Mémoires,
révélations et poésies écrits par lui-même, à la Conciergerie
(Ollivier, 1836), quelques mois après
l’exécution de Lacenaire le 9 janvier, dans une version très censurée qui dénaturait le texte rédigé par
Lacenaire. Ce n’est qu’en 1991 que Jacques Simonelli put donner une version des
Mémoires
(José Corti)
conforme aux manuscrits retrouvés, notre manuscrit correspondant aux pages 111 à 133 (quelques
interruptions) et 139 à 146 de cette édition.
Le manuscrit est daté du 29 décembre 1836. Lacenaire est alors détenu à Bicêtre avec son complice
Avril, également condamné à mort ; il est certain que leur pourvoi en cassation du 26 a été rejeté :
“personne ne me l’avait annoncé (…) Il est bien difficile de lire sur la figure du méchant, de l’hypocrite ;
cependant, lorsqu’il se force, pour paraître sensible, il y a je ne sais quoi dans ces larmes qui respire
une odeur d’oignon”. Alors qu’il s’interroge sur sa manière d’affronter la mort et sa capacité à croire ou
non en l’existence de Dieu et d’une autre vie (“non…je voudrais y croire je ne le peux pas”…), il décide
de s’adonner plus que jamais à son entreprise : “ Écrivons donc maintenant, écrivons sans relâche,
profitons du temps qui nous reste”. Il craint de n’avoir pas le temps d’achever ses
Mémoires
et se presse
de coucher ses pensées intimes sur le papier, “afin que vous ne perdiez pas tout, si le bourreau arrivait
demain matin”…