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SADE, Donatien Alfonse François, marquis de (1740-1814) Homme de lettres français.
Lettre autographe signée «
Sade
», 3 ½ pages in-4 ; datée «
ce vingt pluviose
» [Paris, 20 février 1796]. Quelques
salissures et traces de cire rouge. Esquisse d’un baril d’huile au milieu de la deuxième page.
Lettre évoquant les efforts deployés par Sade pour venir en aide au fils de Gaufridy, ses goûts en
matière de confiture et son besoin d’argent.
Longue et belle missive adressée à son homme d’affaires et ami Gaspar-François-Xavier Gaufridy, d’Apt.
«
… Gardant ma chambre depuis 6 semaines pour une terrible ébulition de sang et un accès de goute, il m’a ete
impossible dagir par moi-meme ; mais l’eusse je pu je ne l’aurais pas fait connaisant la maniere infniment plus
adroite et plus chaude dont les emissaires feminins, et surtout le mien se conduisent en pareil cas…
». Son «
emissaire
»
[sa maîtresse, Marie-Constance Quesnet] a fait parvenir à un ministre et à son «
chef des bureaux
» un mémoire
relatif à l’incorporation par la conscription de François Gaufridy. Ces derniers s’accordent sur le fait que «
…
la loi
[est]
contre le jeune homme…
», mais qu’il serait possible d’obtenir un congé. Sade enjoint Gaufridy à se
presser de répondre et de fournir les pièces demandées, précisant qu’il a «
… une autre corde à
[son]
arc, qu
[‘il]
va employer pendant ce temps là…
». Il accuse réception de «
… trois ballots contenant… huit pots de conftures
de differentes sortes… neuf livres de bougies, deux boites de conftures seches et deux barils dhuile…
» ; il dessine la
coupe d’un de ces barils et le phénomène curieux qui s’est produit à l’intérieur, l’huile s’étant fgée et s’étant
réduite à deux tiers ; il se plaint des conftures : «
… les conftures sont excellentes mais pourquoi point de chinois
que jaime a la folie, et pourquoi tant dacide et de conftures rouges qui me sont positivement defendues par mon
medecin…
» ; par contre un pot d’anchois (dont Sade fait une obsession depuis plusieurs mois) est absent. Il
conclut en évoquant six points précis concernant ses fnances, parmi lesquels la vente du château de Mazan et
la vente «
des debris
» [du château de La Coste] ; il a surtout besoin de 6 000 livres pour payer l’emprunt forcé.
Durant la Révolution de 1789, le château de La Coste avait été pillé à maintes reprises par les insurgés et les
villageois, et les matériaux qui le composait revendus pour d’autres constructions. En 1796, les «
debris
» de
cette demeure, ainsi que ses terres, furent vendus par le marquis de Sade au député du Vaucluse Rovère, natif de
Bonnieux, qui, victime du coup d’Etat du 18 fructidor, sera déporté en Guyane où il mourra en 1798.
2 500 / 3 000
€
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