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aquilons » : il en dirigea au piano la création à Marseille même lors de son dernier concert le 6 août 1844. Il compléta
jusqu’en 1845 cette suite musicale avec les chœurs des trois autres parties, mais ne la publia ni ne la Àt interpréter
de son vivant. En revanche, il \ ajouta encore en 1848 une ouverture s\mphonique qui utilise le thème principal
du chœur « Les Aquilons », mais il lui donna une vie indépendante : il calqua en eͿet un nouveau « programme »
poétique sur cette ouverture qu’il intitula alors
Les Préludes
, à l’imitation de la quinzième des
Nouvelles méditations
poétiques
de Lamartine, et en a΀rmant en introduction que la vie n’est autre chose qu’une « série de préludes à ce
chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note ». Achevés en 1853,
Les Préludes
furent créés à
Weimar le 23 février 1854.
L
ISZT
ÉVOQUE
ÉGALEMENT
LE
RECUEIL
D
’A
UTRAN
L
ES
P
OÈMES
DE
LA
MER
,
qui, paru en 1852 (Paris, Michel Lév\ frères),
comprend notamment une pièce intitulée « À Franz Liszt ».
«
V
OTRE
LETTRE
ET
LE
BEAU
VOLUME
DE
VOS
P
OÈMES
DE
LA MER
M
ONT
FAIT
UN
TRÈS
GRAND
PLAISIR
,
et je vous remercie bien
cordialement de votre aimable preuve de votre bon souvenir. Il semble que vous ayez deviné que la mer devait me manquer
beaucoup ici et que vous ayez voulu y suppléer par une de ces généreuses libéralités dont les poètes sont seuls capables.
E
N
EFFET
,
VOS
VERS ME
TIENDRONT
LIEU
DE
CETTE
SUBLIME
SOCIÉTÉ
,
DE
CES
INFINIS
HORIZONS
,
DE
CES
IRRÉTROUVABLES
HARMONIES
,
QUI M
ÉTAIENT
DEVENUES
FAMILIÈRES
DURANT MES
VOYAGES
,
et c’est avec vous que je les évoquerai désormais Dès la première
feuille j’ai été charmé de retrouver plusieurs strophes que j’avais composées autrefois et que je compte vous faire entendre lorsque
je reviendrai à Paris.
V
OUS
VOUS
SOUVENEZ
PEUT
-
ÊTRE
M
AVOIR
CONFIÉ
À
M
ARSEILLE
QUATRE
TEXTES
– “Les Áots”, “Les bois”, “Les astres”, “Les
autans”.
J’
EN AI ACHEVÉ
LA MUSIQUE
IL
Y A
LONGTEMPS
,
ET
EN
LES ORCHESTRANT
,
L
IDÉE ME
PRIT D
Y
JOINDRE UNE ASSEZ
LONGUE OUVERTURE
.
Nous en ferons quelque chose à quelque beau jour ; malheureusement la musique ne prend vie que par l’exécution et il n’est
pas toujours aisé d’un personnel su΀sant pour ce genre de composition qui ne s’adapte qu’à des programmes de concerts peu
fréquents.
Permettez-moi de vous féliciter bien sincèrement de votre mariage avec madame Fitch
[Clémence Bec, veuve de Douglas
Fitch]
et veuillez bien, je vous prie, vous charger de mes bien aͿectueux souvenirs, remerciemens, et hommages pour madame
Autran. Il me sera bien agréable de venir les lui renouveller à Paris ou à Belle-Ombre et ne manquerai pas, alors, de lui faire un
itinéraire pour votre voyage en Allemagne.
T
OUT AUX PORTES DE
W
EYMAR VOUS TROUVERIEZ LA
FORÊT DE
T
HURINGE
,
renommée pour les beaux points de vue, et la Wartbourg
qui conserve ses traditions de combats de poètes. Peut-être vous laisserez-vous tenter un jour de visiter ces contrées et me ferez-
vous l’amitié de venir passer quelques jours avec moi et causer tout à l’aise de nos
Flots
... »
68. LISZT
(Franz). Lettre autographe signée à Joseph Autran. Weimar, 6 mars 1854. 3 pp. 3/4 in-8, bords de
plis renforcés, enveloppe.
4.000/5.000
B
ELLE
LETTRE
ÉVOQUANT
C
HOPIN
, D
UMAS
,
ET
SON
PROJET DE
F
AUST
-S
YMPHONIE
.
«
Merci, cher ami, de votre bon souvenir.
Je lirai “Laboureurs et soldats” avec l’intérêt et la sympathie que j’attache à vos œuvres. Après avoir si bien
vagué
et navigué
dans vos
Poèmes de la mer [recueil paru en 1852]
, il vous sied bien de prendre terre avec les laboureurs – et l’idée de votre
nouveau livre me semble tout à fait heureuse.
J
E
VOUS
SAIS
BON
GRÉ
AUSSI
DE
VOUS
SOUVENIR
DE MES
PAGES
SUR
C
HOPIN
[l’essai
F. Chopin
que Liszt Àt paraître en 1852]
et
vous les enverrais avec grand plaisir si la poste française n’était assez inexacte dans de semblables commissions et n’exigeait un
port énorme. Cependant comme je tiens à ce que vous ayez ce volume, je viens d’écrire deux mots à Belloni
[Gaetano Belloni,
secrétaire de Liszt]
(dont vous vous souvenez peut-être encore de Marseille) pour lui enjoindre de vous le porter car il a
plusieurs exemplaires à ma disposition. Si par hazard il l’oubliait, soyez assez bon pour le lui rappeler... Dans la journée il est
presque constamment établi au bureau de
La France musicale
chez Escadier...
S
AVEZ
-
VOUS QUELQUES NOUVELLES DE
D
UMAS
?
Est-il visible ?
D
ANS
LE
TEMPS
IL
AVAIT
LE
PROJET DE
RÉUNIR
LES DEUX
F
AUST
POUR UNE
REPRÉSENTATION
À
SON
THÉÂTRE
.
Je lui ai alors demandé
de me charger de la composition musicale dont il aurait besoin à cet eͿet. Comme il ne m’a jamais répondu, il est possible que
ma lettre ne lui soit pas parvenue ; et si vous trouvez par hasard occasion de lui mettre la chose en mémoire, je vous en serai
fort obligé –
CAR
JE
SUI OCCUPÉ EN CE MOMENT D
UN LONG TRAVAIL
SYMPHONIQUE
SUR
F
AUST
ET
SI
JAMAIS
D
UMAS RÉALISAIT
SON ANCIENNE
IDÉE
,
JE
FERAI
VOLONTIERS
LA
BESOGNE MUSICALE DONT
IL AURAIT
PROBABLEMENT
BESOIN
... »
Grande lecture de Liszt, les
Faust
de Goethe lui inspirèrent sa
Faust-Symphonie
, essentiellement composée d’août à
octobre 1854, puis complétée et créée en 1857 à Weimar.