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36. FONTENELLE
(Bernard Le Bou\er de). Vers autographes
ADRESSÉS À
V
OLTAIRE
,
AVEC APOSTILLE AUTOGRAPHE
DE CE DERNIER
. 26 vers sur 1 p. 1/2 in-12, adresse au dos, fente à une pliure.
800/1.000
P
OÈME
ÉCRIT
EN RÉPONSE À UNE
LETTRE QUE
V
OLTAIRE
LUI
ÉCRIVIT
le 1
er
septembre 1720.
Il fut publié dès le
XVIII
e
siècle dans les œuvres de l’un et de l’autre, parfois tronqué de sa première moitié, comme ici.
«
Ce n’est pourtant pas que je doute
Qu’un beau jour qui sera bien noir
Le pauvre soleil ne s’encrouste,
En nous disant, Messieurs bonsoir,
Cherchés dans la céleste vo€te
Quelque autre qui vous fasse voir,
Pour moi j’en ai fait mon devoir,
Et moi-même ne voi plus goutte.
Encore un coup, Messieurs, bonsoir.
Et peut-être en son désespoir
Osera-t-il rimer en -oute,
Si quelque déesse n’écoute.
Ah sur notre triste manoir
Combien de maux fera pleuvoir
Cette céleste banqueroute ... »
V
OLTAIRE À AJOUTÉ DE
SA MAIN
: «
DE
LA MAIN DE
F
ONTENELLE
»
.
37. FONTENELLE
(Bernard Le Bou\er de). Lettre autographe signée à une amie. S.l., 1
er
janvier 1707. 4 pp.
in-12 d’une Àne écriture serrée.
800/1.000
L
ETTRE GALANTE
,
SUPERBE DE
STYLE
,
ÉVOQUANT
ENTRE AUTRES
L
ÉCRIVAIN
L
A
M
OTTE
.
Elle est probablement adressée à la marquise de
L
AMBERT
, qui tint un des principaux salons littéraires de son temps
que Fontenelle fréquenta assidûment.
«
Il est le premier janvier 1707, et il sonne six heures et demie du matin, ainsi, Madame, voici incontestablement la première
action de ma nouvelle année. Que feroit-on de mieux dans le culte le plus superstitieux que l’on rendroit à quelque divinité
terrestre ? Je vous assure que quand vous voudriés bien être cette divinité-là, vous ou votre cadette, je ne sentirois pas plus de
plaisir de commencer mon année comme je fais. Il y a huit jours que je diͿère à me donner l’honneur de vous écrire pour prendre
ce moment-cy, et que je m’en fais d’avance un rago€t assés délicat. Il est bien vrai, et je voi que vous le pensés dans le moment,
que j’aurois d€ écrire longtemps avant ces huit jours. Oh je le sai bien, et on ne me dira rien sur cela dont mon impitoyable
conscience, plus impitoyable encore quand elle parle pour vous, ne m’ait déjà bien fatigué...
J
E NE
VOI
PLUS QUAND
VOUS
POURRÉS
REVENIR
,
SI
LA NOUVELLE
LUNE QUI
SERA
LE
3
ET QUE
J
AI
ÉTÉ
CHERCHER DANS
L
A
LMANACH
DE
L
’O
BSERVATOIRE
NE
CHANGE
LE
TEMPS
. C
E N
EST
PAS QUE NATURELLEMENT
JE
CROYE
À
LA
LUNE
,
MAIS QUAND ON
EST
EXCÉDÉ
PAR
L
ADVERSITÉ ON DEVIENT
SUPERSTITIEUX
,
MÊME
CONTRE
LES
LUMIÈRES DE
SA
RAISON
. T
RÈS
SÉRIEUSEMENT
, M
ADAME
,
VOTRE
ABSENCE
ME
PAROÎT
CRUELLEMENT
LONGUE
...
Je commence à lire le factum du cher Sacy
[pièce juridique de l’avocat et académicien Louis-Silvestre de Sac\ parue en
mai 1706, intitulée
Factum pour Mr de Pomereu maistre des requestes. Contre madame de Pomereu sa femme
]
. J’en suis fort
content pour ce qui dépend de lui, mais, et je ne le dis qu’à vous seule, je sens, ce me semble, que la matière manque à l’art. Je
patrocine tous les jours dans les maisons pour faire entendre aux gens que la préférence qu’ils donnent à l’adversaire, est un
jugement de leur cœur, plus favorable à la femme qu’au mari, et qu’en cela ils ont raison, car il faut leur lâcher quelque-chose,
mais qu’ils ont tort de donner cela pour un jugement de leur esprit, et de préférer un ouvrage à l’autre. Peu de gens entendent
cette métaphisique, et nous aurons un furieux torrent contre nous.
L
ES
DAMES
SONT
TROP
REDOUTABLES
ET
IL
FAUT
ÉTABLIR
DÉSORMAIS
POUR
PRINCIPE QUE
TOUT
CE QU
ELLES
FERONT
SERA
BIEN
FAIT
.
P
OUR MOI
J
EN
SUIS D
ACCORD
,
JE N
AI
JAMAIS
TROP GOUSTÉ
LES MARIS
...
L
ES
O
DES
DE
L
A
M
OTTE
PAROISSENT
AVEC
UN
APPLAUDISSEMENT MERVEILLEUX
[Antoine Houdar de La Motte,
Odes avec un
Discours sur la poésie en général
, Paris, G. Dupuis, 1707]
. Sans vanité, j’en suis presque aussi aise que si je les avois faites.
J’ai bien envie que vous les ayés lues... »
J
OINT
,
un reçu signé de Fontenelle.