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31. DUMAS père
(Alexandre). Portrait photographique signé au recto. [1867]. Cliché Pierre Petit, 66 x 47mm,
tirage monté sur bristol imprimé du photographe (105 x 62 mm).
150/200
B
EAU
PORTRAIT
SIGNÉ DU
PÈRE DES
T
ROIS MOUSQUETAIRES
.
32. DUMAS Àls
(Alexandre). Correspondance d’environ 145 lettres et pièces, pour la plupart adressées
au poète Joseph Autran. 1844-1878 et s.d.
J
OINT
,
une quinzaine de lettres et pièces, dont des lettres de
Dumas père, de l’épouse de Dumas Àls (Nadejda dite Nadine Knorring, princesse Nar\chkine) et de leur
Àlle Colette Dumas.
4.000/5.000
Joseph Autran se lia avec Dumas Àls en janvier 1847 lorsque ce dernier passa par Marseille au retour d’un vo\age,
et il s’ensuivit une longue amitié de trente ans. C’est Dumas Àls qui poussa Joseph Autran à proposer sa pièce
La
Fille d’Eschyle
à son père pour le théâtre de l’Odéon, o elle rencontra un succès certain. Dumas père proposa alors à
Joseph Autran de venir travailler pour lui.
Dumas Àls évoque ici ses œuvres et celles de Joseph Autran, leurs succès et leurs échecs, ses vo\ages à lui en Algérie
(1846), Espagne (1848) ou Silésie (1851), sa vie sentimentale et galante, la Révolution de 1848, le siège de Paris, mais
également son père Alexandre Dumas. Avec quelques poèmes.
– Paris, 5 mars 1847 :
«
Partez tout de suite en m’écrivant où et comment vous arriverez. Vous perdez 200 f. par jour à ne pas venir...
M
ON PÈRE VOUS
ADORE
. I
L
NE
PARLE
QUE
DE
VOUS
,
VOUS
ALLEZ
TRAVAILLER
AVEC
LUI
À
S
t
-G
ERMAIN
, il veut que vous ayez de grands succès, etc.
etc. Partez. Partez... »
– Paris, 2 octobre 1847 :
«
...
V
OUS
SEREZ
JOUÉ AVANT
M
ONTE
-C
RISTO
,
Àez-vous à moi... »
– Paris, 29 octobre 1844 :
«
...
J’
ARRIVE D
’A
NVERS OÙ
JE
SUIS ALLÉ
VOIR DES
R
UBENS AVEC
L
ILLUSTRE AUTEUR DE MES
JOURS
.
Quant aux peines de cœur elles
ont disparu, mon cher. Cependant, il faut que je vous conte quelque chose de joli. « Huit ou dix jours après que j’avais quitté
cette charmante vipère comme dit votre poétique amie, on jouait une première représentation dans laquelle elle continuait ses
débuts. Je lui avais promis d’y aller mais pour éviter de nouveaux regrets, je n’y fus pas et rentrais me coucher à deux heures.
Je m’endormis comme un homme qui a un bon estomac et une conscience pure, et il y avait deux heures que je jouissais de ces
deux faveurs du Ciel quand je fus réveillé par un violent coup de sonnette. J’allais ouvrir et je vis ma vipère qui malgré la pluie
et à minuit passé arrivait chez moi. Elle entra et me dit que ne m’ayant pas vu au théâtre et ayant appris que je devais partir le
lendemain elle ne voulait pas me laisser partir sans me voir, et elle s’assit sur mon lit où je m’étais recouché. Il pleuvait, il était
minuit, il y avait quinze jours que je vivais comme S
t
-Antoine, ma foi je Às ce que tout autre e€t fait – elle entra Àlle et sortit
femme. Je Às même tout ce que je pus pour qu’elle sortvt mère – et le lendemain je partis. Je suis revenu hier 28 et je n’ai pas de
nouvelles. Et voilà bien des choses à tout le monde... »
– M
ISLOWITZ
[
À
L
’O
UEST DE
C
RACOVIE
,
M\sãoZice dans l’actuelle Pologne], 18 avril 1844 :
«
Croirez-vous que je suis à 750 lieues de vous... Prenez une carte d’Europe, ni plus ni moins, mettez le doigt sur Paris. Y êtes-
vous ? Oui et bien poussez votre doigt jusqu’à Bruxelles, de là prenez à droite et allez jusqu’à Cologne, entrez en Saxe, passez
à Dresde, reprenez haleine et allez toujours. Vous voici à Breslau – encore un coup de collier jusqu’à la frontière de Prusse.
Arrivé là, cherchez parmi les plus petits noms le nom de Myslovitz et dites-vous : un de mes meilleurs amis est là en ce moment.
Par quelle suite d’aventures je me trouve là c’est ce que vous saurez un jour, mais ce qu’il serait trop long de vous écrire.
S
ACHEZ
SEULEMENT QUE DANS
CE
COIN OBSCUR DU MONDE
,
EN
FACE DE
LA
FRONTIÈRE
POLONAISE
AU MILIEU DE
PLAINES DÉSERTES
ET
D
IMMENSES
FORÊTS DE
SAPINS
,
VOTRE NOM A
ÉTÉ
PRONONCÉ
TOUT RÉCEMMENT
ET DES
VERS DE
VOUS DITS
TOUT HAUT
EN REGARDANT
L
’O
RIENT
.
Vous sont-ils arrivés ? Qui disait ces vers ? C’était moi. À qui ? À Raphaël Félix qui m’annonçait qu’enÀn sa sœur
[la comédienne Rachel]
allait jouer
La Àlle d’Esch\le [pièce de Joseph Autran]
. Qui m’e€t dit que j’apprendrais cela en
Silésie. Comment Raphaël se trouvait-il là, me direz-vous. Il revenait de Varsovie et il était en tournée pour les engagemens de
Rachel à l’étranger... Il ne sera pas dit que ma vie aura eu une péripétie nouvelle sans que j’aie pensé à vous, témoin déjà de bien
des péripéties... »
Dumas Àls venait d’avoir une liaison avec la belle comtesse Nesselrode, L\dia ZakrzeZska, belle-
Àlle du puissant ministre russe. Le mari était intervenu et avait ramené son épouse dans leur domaine de MisloZitz.
Mais l’amant les suivit pas à pas jusque là, après avoir emprunté à son père l’argent nécessaire à son vo\age : il Ànit
par être refoulé à la frontière par la police russe.
– Dieppe, 28 avril 1871 :
«
...
J
E
VOUS
FÉLICITE
DE
NE
PAS
VOUS
ÊTRE
TROUVÉ
CHEZ
VOUS
QUAND
LES
OBUS
SONT
VENUS
NOUS
RENDRE
VISITE
.
Cet hommage
de mars à Apollon est d’ailleurs tout ce qu’on doit attendre de ce dieu stupide qui se laissait prendre par Vénus et envelopper
par Vulcain... Moi je continue à lutter, sans estomac, contre les choses de la vie et même de la mort. Je me défends avec une
insolence remarquable. Je devrais être mort depuis des tems immémoriaux, mais puisque chacun a pris la résolution dans ce
siècle bizarre, de ne plus croire à quelque chose, je me suis décidé à ne plus croire à la maladie et je m’en trouve très bien... La