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18. COCTEAU
(Jean). Lettre autographes signée à Jean Bourgoint. Hôtel Welcome à Villefranche-sur-Mer,
[vers le 3 janvier 1926]. 1 p. in-4, enveloppe.
300/400
«
J
EANNOT
CHÉRI
,
JE
VIS
DANS
UN
BORDEL
FRANCO
-
AMÉRICAIN
AU MILIEU
DES
HYMNES
ET
DES
JAZ
-
BANDS
.
Viens vite. Le navire
américain est une ville de Locorbusier-Saunier ( )
[l’architecte Charles-Édouard Jeanneret et le peintre Amédée Ozenfant,
qui publièrent en 1923 sous le pseudon\me collectif Le Corbusier-Saugnier un important ouvrage intitulé
Vers une
architecture
]
. Entre cette ville et la nôtre circulent des vedettes d’une élégance royale, pleine de chefs chamarrés d’or et de
matelots cousus dans leurs jupes.
Le changement de bocal m’éprouve. L’eau propre est trop propre. J’ai mal partout et je
dors.
M
AMAN ET TOI
,
VOILÀ LES POINTS
FIXES AUTOUR DESQUELS
J
ESSAYE DE BÂTIR UN UNIVERS RÉEL
. L’
ÉTAT DE
SONGE
,
D
IRRÉALITÉ ME TUE
.
Que faire ? J’envie tes bonnes joues, ta paille et ton crottin.
J
E
NE
SAVAIS
PAS QUE
G.
MOURAIT D
AMOUR
[probablement l’écrivain américain GlenZa\ Wescott, tombé amoureux de
Jean Bourgoint]
. Il pleure. Ne le traite pas trop par dessous la jambe. Il m’eͿraye à force de “réalisme”, de sens de la vie et
de go€t des choses. Tu es fou de croire que tu me gênerais. Tu habiteras ma chambre. Quel bonheur Jean
[La signature est
précédée du dessin d’un cœur.] »
19. COCTEAU
(Jean). Ensemble de 3 lettres (2 autographes signée et une autographe), adressées à Jean
Bourgoint.
1.000/1.500
– Hôtel Welcome à Villefranche-sur-Mer, 23 janvier 1926, d’après les cachets de la poste au verso. 1 p. grand in-folio.
«
Mon petit Jeannot, je ne t’ai pas écrit, par tristesse et me sentant malade sans ta présence sous ce soleil froid, au milieu de cette
atroce santé américaine.
T
ON PASSAGE
ÉTAIT DU CIEL
. L
E
SOIR DE TON DÉPART
IL Y AVAIT UNE
FÊTE ASSEZ
JOLIE
GENRE MÉLANGE POMPONS ROUGES ET CACHETS
BLANCS
.
M
AIS
QUE
J
AI
DE
MAL
,
QUE
J
AI
DE
MAL
À
POUVOIR
VIVRE
,
À
SAVOIR
VIVRE
!
Quelle pilule pourrait m’ouvrir l’âme et le corps,
puisque la prière me laisse seul au monde. Mes derniers espoirs s’envolent.
Toi je t’aime, tu me fais du bien... »
– Villefranche-sur-Mer, 28 janvier 1926, d’après les cachets de la poste au verso. 1 p. grand in-folio.
«
J
EANNOT MON
CHER
ANGE
,
JE
NE
SUIS
PAS MALHEUREUX
PARCE
QUE
JE
T
AI
,
QUE
TES
LETTRES
SONT
DES MERVEILLES
plus grandes
encore que celles des Thermes
[la clinique des Thermes urbains o Cocteau avait suivi une cure de désintoxication du
15 mars au 15 avril 1925]
. Écris beaucoup, 4 lignes. Voilà une aspirine de l’âme.