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239. RICTUS Gabriel Randon
di t
Jehan. Réunion de
150 lettres autographes
signées à Albert Dubeux
(1924-1933), d’un long
article divisé en six parties
et signé six fois et de diffé-
rents documents désignés
ci-après ; en tout plus de
500 pages autographes in-4
avec des dessins et des col-
lages.
Importante correspondance
apparemment inédite adressée
par Jehan Rictus, poète auteur
des
Soliloques du pauvre
(composé
en langue populaire) à Albert
Dubeux, romancier et auteur de
biographies d’écrivains.
Les lettres d’une grande densité d’écriture
et aussi d’idées sont écrites au fil de la plume
avec une complète liberté d’expression tenant sans
doute à l’entière confiance qui régnait entre les deux écrivains.
J. Rictus se livre sans réserve rapportant ses lectures, ses rencontres, ses jugements, commentant ses abondantes composi-
tions en cours, ses signatures de contrats, ses conférences, ses voyages, ses passages à différentes antennes radiophoniques.
Cependant, même débordantes d’idées, de projets et d’optimisme, elles exhalent aussi des plaintes en lien avec son dénue-
ment, sa situation toujours difficile, et les questions d’argent y tiennent une place importante. De nombreux écrivains
défilent diversement appréciés : Léon Bloy, dont il a composé un intéressant portrait (ici joint), faciès au crayon gras et à
l’estompe (il en a envoyé un à Léon Daudet « pareil à celui que je vous ai donné »), Dorgelès et ses
Croix de bois,
Céline et
le
Voyage au bout de la nuit
, très longuement commenté : «… La prose française a besoin d’être revigorée par la langue
populaire. Si Céline [qu’il apparente à Lautréamont] a eu ce courage, c’était très bien… ». Et encore Paul Valéry qui, selon
lui, manque d’« émotion humaine », Paul Léautaud, André Thérive, Raoul Ponchon, Tristan Corbière, Victor Hugo,
Nerval, Baudelaire, Paul Fort, Louis Le Cardonnel et bien d’autres.
De nombreux échos parviennent de Corse où il a fait un assez long séjour (plusieurs lettres et 6 cartes postales).
Sans doute y a-t-il dans cette masse d’anecdotes et de renseignements de première main matière à un livre, que Dubeux
avait projeté mais qui ne semble pas avoir vu le jour.
Il s’y ajoute un long article de Jehan Rictus en six parties, signé six fois : D
U SORT ET DES CONVICTIONS MATÉRIELLES
PASSÉES
,
PRÉSENTES ET FUTURES DES POÈTES ET DES ÉCRIVAINS D
ART
, soit 51 pages in-4 avec nombreuses ratures. Ce texte
a paru dans
La Rose rouge
du n° 2, mai 1919 au n° 5, 12 juin 1919. Les quatre feuilles imprimées de ce journal sont
jointes. Le poète s’interroge sur le sort de la poésie et des lettres en France au lendemain de la première guerre mondiale,
alors qu’on vient d’annoncer la disparition de 450 écrivains et poètes.
Un autre article du même en 4 pages autographes signées répond à la question : « Si je pense que les fêtes nationales en
général et celle du 14 juillet en particulier soient favorables à l’évolution sociale ». Il répond assez vertement qu’il ne le
croit pas.
S’y ajoute encore un projet de loi visant à prolonger indéfiniment la propriété artistique et littéraire et donc à abroger la
loi qui libérait des droits cinquante ans après la mort des artistes ou des écrivains (15 pages autographes signées).
Il est joint à cet imposant ensemble 3 longues lettres autographes signées du poète breton Théophile Briant (qui écrira une
biographie de Jehan Rictus), 6 pages in-folio à Albert Dubeux. Elles sont écrites de Paramé où il s’était retiré pour y voir
clair et enfin écrire, ainsi qu’une plaquette du poète,
La Frousse
, dédicacée à Thérèse Brou ; et encore une lettre de Maurice
Bedel à Roland Dorgelès lui apprenant qu’un comité vient de décider à l’hunanimité de servir à J. Rictus une rente men-
suelle de 500 frs pendant un an.
Une dizaine de portraits chargés de contemporains (dans les lettres) ou de dessins satiriques (séparés) tous croqués à la
plume sont vifs, expressifs et spirituels.
1 500/2 000
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Mercredi 5 mars 2014
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