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Le duc de Chartres, après avoir fait construire une petite maison sur les hauteurs de Mousseaux, où il aimait convier ses intimes
(Lauzun, Chabot, Fitz-James, Dufort ou Monville) à de joyeux dîners, demanda en
1773
à Carmontelle de lui créer un espace
de plaisirs, qui deviendra l’un des plus beaux jardins pittoresques du temps.
Connu sous le nom de Folie de Chartres, il marqua une phase spécifique du style irrégulier en France.
S’opposant aux modèles naturels anglais contemporains, rompant avec certains imitateurs français comme Jean-Marie Morel,
Carmontelle, s’inspirant des jardins de promenade japonais, revendiqua un art des jardins relevant de l’illusion et de la fantaisie,
où se succédaient, tout au long de la promenade, des scènes qui étaient autant d’invitations à voyager dans tous les temps et
dans tous les lieux.
Ainsi il conçut
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points où le promeneur pouvait s’arrêter, pour contempler la vue. Composée à chaque fois comme un tableau,
chacune d’entre elles fut organisée selon un vocabulaire où toutes les tendances étaient représentées : Antiquité revisitée,
exotisme chinois ou turc, goût champêtre, ruines, tombeaux égyptiens, naumachie, minaret, moulin à vent hollandais, petit
temple en rotonde de marbre blanc, pyramide… Son but était d’offrir non seulement de beaux paysages, mais aussi de railler
les théories d’alors, et de faire apprendre en amusant. La Folie de Chartres était une recherche du plaisir qui affirmait un propos
éducatif.
En
1781
, l’Écossais Thomas Blockie lui succéda. Agrandi, ce jardin de peintre fut alors profondément remanié.
Un plan général et
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planches gravées imageant les
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points de vue où le promeneur pouvait s’arrêter, illustrent l’ouvrage.
Interprétées d’après les dessins de l’auteur, elles ont été gravées par Bertrand, Cauché, Le Roy, Deni, Michel, L’Épine, Michault,
Croutelle, Colibon…
Exemplaire très frais, d’un beau tirage.
Coupes et mors légèrement épidermés.
Dimensions :
520
x
369
mm.
Provenance
: une main barbare a arraché un ex-libris.
Ganay (E. de),
Bibliographie de l’art des jardins
, n°
103
; Chatel de Brancion,
Carmontelle au jardin des illusions
, chap. VII,
pp.
119
-
135
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