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1. ALBERTI (L. B.).
De re aedificatoria.
Florence
,
Nicoló de Lorenzo
, [29 XII]
1485
, in-folio de 204 ff. n. ch. sign. a-d
8
, e
8
,
f-o
8
, p
6
, q-z
8
, &
8
,
ɔ
8
,
8
, veau fauve, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (
reliure du XVIII
e
siècle
).
ÉDITION PRINCEPS, rare.
Elle a été établie par Ange Politien (
1454
-
1494
) sur un manuscrit de la bibliothèque de Laurent de Médicis (
1449
-
1492
), qui en
est le dédicataire.
Leon Battista Alberti (
1404
-
1472
) aurait eu l’intention première de dédier l’ouvrage à Federico da Montefeltro (
1422
-
1482
),
duc d’Urbino.
Ayant commencé son ouvrage vers
1443
, Alberti le termine en
1452
, profondément influencé par l'œuvre de Vitruve : il en
résulte une longue réflexion sur l'architecture classique et une théorie de l'esthétique fondée sur l'harmonie et des formes bien
agencées. Avec cette première édition paraît aussi probablement
le premier livre d’architecture imprimé.
Sa publication est
antérieure d’au moins une année à la première édition du
De architectura
de Vitruve (Rome, Eucharius Silber, vers
1486
ou
1487
; voir BAL, IV,
3489
, qui date l’édition entre août
1486
et août
1487
).
Sur la chronologie du premier livre d’architecture imprimé : “The first printed edition of the text appeared well after Alberti’s
death, and was published in Florence on
29
December
1485
. It was the first publication on architecture to be turned into a
printed book, and thus appeared in advance of Vitruvius’
De architectura
, printed in
1486
.” (R. Tavernor,
1998
, p.
16
) ; voir aussi
BAL, I,
46
(Alberti,
1485
) : “First edition of probably the first printed book devoted to architecture, since the undated Vitruvius
editio princeps
has only been fixed with fair certainty to somewhere between
1483
and
1490
.” (BAL, I,
46
, p.
26
) ; dans la notice
consacrée au Vitruve de
1486
/
1487
, on lit : “However, this was almost certainly not the first architectural treatise to be printed
in Europe ; this distinction belongs to Alberti’s
De re aedificatoria
of
1485
” (BAL, IV,
3489
, p.
2272
).
Artiste complet, Alberti est souvent comparé à Léonard de Vinci. Comme celui-ci, il brilla dans tous les domaines où il exerça
ses nombreux talents : on lui doit des travaux mathématiques (
Ludi mathematici
), des traités d’architecture (
De re aedificatoria
),
de peinture (
De pictura
), de sculpture (
De statua
), ainsi que des réalisations concrètes (Santa Maria Novella à Florence, San
Sebastiano et Sant’Andrea à Mantoue). L’ensemble influencera durablement et notablement les arts italiens de la Renaissance,
en particulier par la redécouverte de Vitruve et des grandes réalisations de l’Antiquité. Alberti meurt en
1472
, en pleine gloire,
quelques mois après avoir fait visiter les ruines romaines à Laurent le Magnifique.
Originaire du diocèse de Breslau (Wrocław, Pologne), l’imprimeur Nicolas Laurent vint s’installer à Florence où il imprima
pour la première fois le
De christiane religione
de Marsile Ficin, entre le
10
novembre et le
10
décembre
1476
. Il fut célèbre
pour son édition de Dante ornée de bois gravés d’après Botticelli (
1481
).
Exemplaire très bien conservé, présentant les caractéristiques suivantes :
- Les ff. l
4
et l
5
sont imprimés avec le Nerlius R
110
, alors que le reste du volume l’est avec le Nerlius R
111
.
- Au colophon, on lit
Clarissimii
,
elegantissimum
,
Chalandas ianuarias
, comme pour l’exemplaire de la BL, G
9158
, au lieu
de
Clarissimi
,
Elegátissimú
,
Kalandas Ianuarias
.
À belles marges, l’exemplaire a été abondamment annoté, à la sanguine, par une main de la première moitié du XVI
e
siècle, très
probablement d’origine italienne. Ses annotations dénotent un esprit attentif et critique.
Rédigées en latin, leur nombre varie selon les pages. On en trouve plus ou moins tout au long du volume. Rares sont les pages
restées vierges. Répété à plusieurs reprises, le signe « N », pour « nota », est très caractéristique et nous pensons que des
recherches futures, menées dans d’autres ouvrages, permettront d’identifier cette main encore anonyme.
Le premier groupe d’annotations consiste en des annotations finalement assez classiques, avec des mots repris du corps du texte
et isolés dans la marge par le lecteur, permettant une identification rapide. Cela relève finalement du « mot-clé » ou du
« concept-clé » : on fait ressortir en marge un mot ou concept, ainsi plus aisément repérable dans le texte imprimé. En revanche,
certaines offrent des interprétations. Par exemple, on trouve en marge de la p.
4
, les notes suivantes : « voluptas et architectura »
[plaisir des sens et architecture] et « laus et architectura » [gloire et architecture] ; ou des jugements de valeur : « Consilium
optimum » [Très bon conseil] (p.
340
). L’annotateur renvoie aussi à d’autres ouvrages de Leon Battista Alberti : « Bap[tis]te
liber de navibus » [Alberti,
Navis
, traité aujourd’hui perdu, où serait évoqué le renflouage d’un ancien navire romain dans le
lac de Nemi. Alberti aurait réussi à faire remonter à la surface un de ces anciens navires, qui se serait cassé et aurait coulé de
nouveau] ; « Bap[tis]te liber Theogenius » [Alberti,
Theogonius
, Dialogue stoïcien, ed. in
Opere volgari
, II,
1966
] (p.
349
).
Le second type d’annotations est plus intéressant : l’annotateur y formule des appréciations plus personnelles, n’hésitant pas à
s’adresser directement à l’auteur au moyen d’une familiarité toute rhétorique et bien humaniste (« Mon bon Baptiste »). Parmi
ces appréciations, citons : « Brutii non sunt hi bone baptista » [Ces choses ne sont pas lourdes, mon bon Baptiste] (p.
63
) ; « Et
hic appellatur redivivus ni fallor mi baptista non quem tu putas superius » [Et cela est appelé « vieux matériau » si je ne me
trompe pas mon Baptiste et non comme tu penses ci-dessus] (p.
74
) ; « Erras bone Baptista. Pulvis puteolanus aliud est quoniam
id quod tu rapillum vocas » [Tu te trompes, mon bon Baptiste. La poudre de Pouzzoles est autre chose que ce que tu appelles
« rapillo »] (p.
103
). Effectivement, Alberti confondait la poudre dite « pouzzolane » (découverte près de Naples) à partir de
laquelle les Anciens préparaient du ciment, avec le « rapillo », sorte de plâtre.
En outre, il faut relever les pages qui contiennent des figures géométriques qui illustrent graphiquement le texte ; certaines
seront reprises dans les éditions postérieures, notamment des traductions françaises (p.
69
; pp.
127
-
128
; pp.
225
-
226
).
Il y a, enfin, une seconde main qui fournit quelques annotations, à l’encre brune (p.
158
).