Page 137 - cat-vent_alde06-03-2014-cat

Version HTML de base

133
Unique fils légitime du marquis et de la marquise de Montespan, Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin (
1665
-
1736
) suivit
son père en exil en Guyenne, où il fut le pupille de l’abbé Antoine Anselme. Puis, entré dans l’entourage du Grand Dauphin en
1685
, il fit une carrière militaire honorable mais sans gloire.
La mort de sa mère, en
1707
, marqua pour lui le début de sa faveur auprès de Louis XIV. Il fut nommé gouverneur de
l’Orléanais, puis directeur des Bâtiments du roi, en
1708
, et sa terre d’Antin fut érigée en duché-pairie en
1711
.
Après la mort de Louis XIV, il fut membre du conseil de Régence, de
1718
à
1722
, mais son rôle politique resta mineur. Il fut
plutôt spectateur de son temps, dont il retraça les événements dans les
Mémoires de ma vie
, publiés en
1821
, et les
Mémoires
de la Régence
(BNF, Manuscrits, NAF
23929
-
23937
). Après
1722
, il se retira et mourut le
2
novembre
1736
.
Malgré des qualités certaines, la personnalité quelque peu falote du duc d’Antin ne semblait pas le destiner à la charge de
directeur des Bâtiments du roi, qu’il désira surtout parce qu’elle lui donnait ses entrées auprès du roi, lequel voulut ainsi sans
doute récompenser un dévouement plus qu’utiliser de réelles compétences.
La surintendance des Bâtiments, à la tête de laquelle, entre
1708
et
1736
, se trouva placé le duc d’Antin, avait reçu son visage
définitif de Colbert, qui en avait détenu la charge de
1664
à
1683
. Celui-ci en avait fait une véritable direction des arts qui
exerçait une autorité administrative sur les palais royaux, les manufactures, les Académies et diverses institutions artistiques
ou scientifiques. Elle consistait en une administration centrale, composée d’officiers, d’administrateurs et de directeurs de
services spécialisés, et des administrations locales attachées à chaque palais (celle de Paris ayant la tutelle des manufactures et
des Académies), et enfin des artistes pensionnés.
Le duc d’Antin y succéda à Jules Hardouin-Mansart, qui en avait été le directeur entre
1699
et
1708
. S’il y fit preuve d’activité
et d’ordre, il ne se démarqua jamais de ce qui était la volonté royale. Sous sa direction, qui correspondit à la vieillesse de
Louis XIV et à la minorité de Louis XV, les Bâtiments ne virent pas naître de grandes entreprises architecturales.
En revanche, le duc avait poursuivi l’élargissement du domaine familial commencé par le marquis et la marquise de Montespan,
en y adjoignant, entre autres, les seigneuries de Bellegarde (
1692
), Petit-Bourg (
1695
) et Épernon, ainsi que l’hôtel d’Antin, à
Paris.
Ayant du « goût pour les bâtiments », le duc d’Antin restaura et embellit particulièrement ses châteaux de Bellegarde et de
Petit-Bourg, ainsi que son hôtel parisien.
Ses demeures abritaient une riche décoration et un mobilier somptueux (ainsi le roi avait prêté au duc une importante
collection de tableaux, où dominaient les maîtres italiens des XVI
e
et XVII
e
siècles…). Pour les jardins de Petit-Bourg, d’Antin
avait commandé à Antoine Coysevox (
1640
-
1720
) une statue de la duchesse de Bourgogne en Diane, à Nicolas Coustou (
1658
-
1733
), Louis XV en Jupiter, et à Guillaume Coustou (
1677
-
1746
), Marie Leczinska en Junon. Il employa les services de
l’architecte Pierre Cailleteau (
1655
-
1724
), dit Lassurance, à Petit-Bourg et à Bellegarde, et fit travailler pour son propre compte
le personnel des Bâtiments du roi, des architectes jusqu’aux dessinateurs, lesquels exécutèrent de multiples relevés de ses
châteaux et propriétés.
Il avait également rassemblé une collection de livres relativement importante, répartie principalement entre les cabinets de ses
châteaux de Petit-Bourg et de Bellegarde, et l’hôtel d’Antin. Les trois manuscrits qui sont décrits ci-dessous n’apparaissent
nommément dans aucun des inventaires de ces trois bibliothèques, dressés en
1736
et cités par Mme Jugie-Bertrac.
Du fait du train de vie excessif du duc et de ses descendants, le domaine et les collections ne lui survécurent guère et l’ensemble
se trouva bientôt dispersé.
Le duc d’Antin fut, sinon un mécène fastueux, du moins un bâtisseur et un amateur d’art avisé.
Jugie-Bertrac (S.),
Le Duc d’Antin
,
directeur général des Bâtiments du roi (1708-1736)
, Thèse de l’École des chartes,
1986
,
passim ; Jugie-Bertrac (S.), « “Le Duc d’Antin ou le parfait courtisan” : réexamen d’une réputation », in
Bibliothèque de l’École
des chartes
,
1991
, t.
149
,
2
, pp.
349
-
404
; Pons (B.), « Le Château du duc d’Antin, surintendant des Bâtiments du roi, à Petit-
Bourg », in
Bulletin de la Société de l’histoire de l’art français
,
1987
(
1989
), pp.
55
-
91
.
TROIS ALBUMS COMMANDÉS PAR LE DUC D’ANTIN,
FILS DU MARQUIS ET DE LA MARQUISE DE MONTESPAN,
DIRECTEUR DES BÂTIMENTS DU ROI SOUS LOUIS XV.