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premier dessein, ce devait être des eaux-fortes. Mais vous avez depuis essayé de la gravure au burin avec un tel succès que je
me suis immédiatement rangé à vos préférences et ai donné les mains à votre intention de composer suivant cette technique
les illustrations de mon recueil. […] D’abord, je désirais varier et vous savez que Dufy grave des
bois
pour les
Élégies martiales;
et, d’autre part, vous m’aviez vous-même parlé de gravures au burin, ajoutant même que leur couleur s’accordait mieux avec
les caractères imprimés que l’eau-forte, un peu épaisse de matière. Je ne vous cache pas que mes préférences vont au burin
d’autant que je suis assuré que vous ne vous leurrez nullement en espérant passer maître dans cet art. [...] En ce qui concerne
le choix du papier et des caractères, je m’en remets entièrement à vous, à votre goût, ainsi que pour le format, que je souhaite
petit. [...] Il me semble que, pour
les Petites images
[
de la Guerre sur le front britannique
], un tirage de cent est un minimum
à peine sufsant. Je suis sûr que vous rencontrerez la faveur des amateurs avec cet album »...
7 juin
, envoi du manuscrit de
L’Appartement
: « Me voici bientôt “perfectionné” sur Nieuport. J’irai donc à Pau à l’école d’application de chasse, puis à
Cazaux (tir aérien) et de là dans une escadrille »… 10 décembre, au sujet du livre de Bertie Angle [pseudonyme de Laboureur
pour
Aspects sentimentaux du front anglais
], « qui écrit aussi bien que M. Boulestin. Je lui consacre quelques lignes dans un
prochain numéro du
Carnet critique
[…] Louis de Gonzague-Frick va aussi faire plusieurs notes sur votre album, qui est très
admiré [
Petites Images de la Guerre
]
.
Si vous saviez comme il était plaisant de suivre le visage du bon cubiste normand qu’est
notre ami Léger, l’impression qu’il ressentait en feuilletant vos images ! »…
2 mai 1918
, au sujet de
L’Appartement des jeunes
flles
et de l’éditeur Camille Bloch, bien disposé… [
1920
, à en-tête de la revue
Le Nouveau Spectateur
], au sujet du projet
d’illustration des
Caves du Vatican
, annonçant la visite d’André Gide : « Je lui ai fait part de l’illustration que nous avions
arrêtée. Il est enchanté, mais il m’a parlé de bois en couleurs, etc... Je vous ai dit que nous voulions faire quelque chose de pas
trop cher. Il faut donc écarter sa formule et s’en tenir à la nôtre. Pour cela, trouvez les arguments plastiques convenables »…
Etc. Manuscrit d’un beau texte sur la guerre dans les Flandres,
“Au Repos des Alliés” ou la Nuit famande
(11 pages in-8). La
dernière lettre (22 juin 1943) est relative à l’impression d’
À l’ombre des jeunes flles en feurs
.
On joint 3 L.A.S. à Mme Laboureur, 1943-1946, relatives à la mort de Laboureur, et aux contrats avec Gallimard pour
l’illustration des
Caves du Vatican
et d’
À l’ombre des jeunes flles en feurs
.
Reproduction page ci-contre
204.
Guillaume APOLLINAIRE
(1880-1918). L.A.S., [Paris 26 ? 1913], à Jean-Émile Laboureur, à Nantes ; 1 page et demie
obl. in-12 sur carte postale illustrée (
Société des Charbonnages de la Nouvelle-Calédonie, Pont en Niaoulis
…),
adresse.
1.000 / 1.200
Sur un projet d’exposition d’estampes. « J’ai été tellement démoli par le déménagement, que tout temps m’a manqué, m’a
fui pour ainsi dire. Derain est si veule que je crois qu’il n’enverra jamais Cependant Dufy, bien au contraire, enverrait bien
volontiers des gravures mais voudrait je crois une lettre de vous ou d’un acheteur. Mettez-vous en relations avec lui. C’est un
garçon charmant, presque
arrivé
, gagnant beaucoup d’argent, débrouillard et plein de talent comme vous savez »…
205.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S., [Paris 2 octobre 1913], à Jean-Émile Laboureur à Nantes ; 6 lignes sur carte
postale illustrée en couleurs (
Gruss aus Berlin
), adresse au verso.
300 / 400
Il le prie de lui envoyer « un petit guide de
Guérande
. On en vend à Nantes, il en est paru un cette année »…
206.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S., [automne 1913], à Jean-Émile Laboureur ; 1 page in-12.
300 / 400
« Voici le texte d’un
Fantôme de nuées.
Renvoyez épreuves. Travaillez bien. Gravez une belle image, écrivez-moi. Vite
épreuves »… [On ne connaît pas de projet de Laboureur pour l’illustration de ce poème de
Calligrammes
.]
On joint un bulletin d’abonnement pour
Les Soirées de Paris
.
207.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S., [Nîmes début 1915], à Jean-Émile Laboureur, interprète à la Commission
franco-anglaise à Nantes ; demi-page in-4, enveloppe autographe à en-tête du
Grand Café
.
600 / 800
«Merci de votre gentille carte. Je suis moi-même artilleur à Nîmes, je fais du cheval et du canon tout le jour et me prépare
à la guerre »… Il donne son adresse détaillée : « Guillaume de Kostrowitzky / 2
e
canonnier-conducteur / 38
e
rég. d’art. de camp
/ 70
e
batterie / Nîmes / Gard ».
208.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S., Nîmes 28 janvier 1915, à Jean-Émile Laboureur, interprète à la Commission
franco-anglaise à Nantes ; 1 page obl. in-12 sur carte postale de correspondance militaire, adresse au verso.
1.000 / 1.200
Il le remercie de sa lettre et des renseignements. « Je connaissais la mort du charmant Codet. Salmon vient à peine
d’être reconnu bon pour le service. Il n’est pas encore parti et attend qu’on l’appelle. Le dernier n° des
Soirées
[
Soirées
de Paris
] est celui, double, du 15 juillet, avec reproductions de Léger, Vlaminck, Zayas. Il fait un froid de chien ici. J’espère
qu’après la guerre, on se réunira dans un grand banquet de victoire. Je crois que dans 2 mois nous serons au feu, vous
interprète, moi ofcier de liaison ou avec une batterie. Je souhaite vous rencontrer sur un champ de bataille et y sceller notre
fraternité d’armes »…