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Longs commentaires après la lecture de Chaque homme dans sa nuit et Terre lointaine , dont voici de courts extraits : « …J’ai lu Chaque homme dans sa nuit ... Je n’ai pu quitter ce livre avant de l’avoir ﬁni. Vous avez enﬁn tout osé, avancé courageusement jusqu’au fond de l’ombre. Et c’est là ce qui donne sa force bouleversante… j’entends ce pouvoir de rédemption amoureuse qui émane de votre parole… », etc. (20 avril 1960).

« … Je viens de lire Terre Lointaine … J’avais lu en son temps Partir avant le jour , mais non Mille Chemins ouverts … dont votre dernier livre m’apprend seulement l’existence… Je ne m’ étendrai pas sur la perfection de votre art d’ écrire : elle rafraîchit comme une source en un temps où la pensée se dessèche, faute de beauté ! ... Sachez que je n’ai rien lu sur le thème qui m’ait touché comme votre livre le fait, par la franchise et la pudeur si intiment liées, qui approfondissent votre confession et lui donnent sa vraie mesure. Mais il me faut m’accoutumer à la passion contenue de ce livre, la dégager du climat des tendresses d’adolescence, y retrouver en germe Chaque homme dans sa nuit , ou encore Moïra … Je souffre… ici pour vous, étrangement, de la complaisance fatalement mêlée à ce dévoilement indispensable… J’attends la suite, crise ou résolution : l’adolescence m’a toujours paru un passage dont la mémoire doit se hâter de sortir… », etc. (1965).

En octobre 1973, Pierre Emmanuel, qui vient d’être élu Président du Cercle Littéraire international P.E.N. Club, prie Julien Green de se joindre à cette action. Celui-ci accepte avec le plus grand plaisir, promettant de faire son possible pour se rendre utile tout en ajoutant : « … mais vous me connaissez assez bien pour savoir que je ne suis pas l’ homme des cérémonies ofﬁcielles… » (brouillon autographe de Green ici joint, daté du 23 octobre suivant).

On joint : 1) Minute autographe de la lettre de Green répondant à la missive de Pierre Emmanuel d’avril 1960, ci-dessus décrite : « ... votre lettre si pleine de cœur, si pleine d’ âme… m’est arrivée au moment où j’en avais le plus besoin… et vous m’avez dit juste ce qu’ il fallait. Cela me rend heureux de savoir que mon livre vous a plu. J’y ai mis en effet des choses que j’avais tenues secrètes jusqu’ ici, mais tout le monde me comprendra-t-il comme vous ?... », etc. – 2) Deux longues dédicaces autographes signées du poète à Green sur les pages de gardes de ses ouvrages Versant de l’ âge

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GAXOTTE Pierre (1895-1982) Historien et journaliste français, membre de l’Académie française

Env. 50 lettres autographes signées « Pierre Gaxotte » ou « Pierre », plus de 65 pages in-8 ou in-4 (5 in-12) ; années ’50 à ’80. Quelques enveloppes. Pièces jointes.

Cette volumineuse correspondance contient une mine d’informations sur le monde intellectuel d’alors, et notamment sur l’Académie française et sur certains de ses membres. La plupart des œuvres de Green y sont citées, commentées : Le Malfaiteur, le Journal , Sud, Mille chemins ouverts, L’Autre, Chaque homme dans sa nuit, Terre lointaine, L’Ennemi, Moïra, etc. Il y est aussi question de son Histoire d’Allemagne , de lectures et rencontres, de Bossuet, Racine, Lacretelle, Gide, etc. Et de Mauriac, dont Julien Green fut le successeur à l’Acacémie française, alors que Gaxotte se chargea de prononcer l’éloge funèbre de l’illustre disparu : « … Mauriac a tellement brocardé l ’Académie… J’ai un petit dossier d’articles ef frayants, rendus plus ef frayants par la suite. Il en est un qui commence : ‘Je m’y connais en vieillards. L’Académie en est pleine. Il n’y a pas de beaux vieillards’ … Un article où il afﬁrma que tous les académiciens ont des prostates véhémentes… Mais venons aux choses sérieuses… comme mon plaisir-travail consiste en ce moment à parler de vous, j’ai peur d’ être médiocre et de commettre des erreurs. Si vous le permettrez je vous soumettrai mon texte avant la commission de lecture et vous le corrigerez s’ il y a lieu… Ce qui m’embarrasse le plus, c’est le passage nécessaire sur la foi… Vous me direz si vous approuvez ce que je dis de votre œuvre… Vous me direz aussi si je réussis mes cabrioles sur les œufs… J’ai beau me dire que j’occupe le fauteuil de La Bruyère… son génie ne me visite pas… Votre discours est très beau… il a de la grandeur… le mien paraît très frivole et il est regrettable que vous ne soyez pas reçu par un homme de foi. Je parlerai très peu de Mauriac, n’ayant rien à ajouter, sauf pour défendre contre lui ceux de nos confrères qu’ il a attaqués méchamment. Je ne lui pardonne guère ses articles nécrologiques sur Cocteau et sur Chaumiex…».

Quant à la citation de Mauriac extraite du Journal de Green, Gaxotte n’a besoin que du début : «… ‘ diné avec Mauriac. Il nous fait de l ’Académie un tableau ef froyable’… ». Et l’historien de révéler le plan de son discours à l’Académie Française : « … Je vous félicite donc de votre courage, j’explique votre rapière, je passe à la douceur de nos mœurs et je raconte comment Mauriac jouait chez vous à la guerre civile (c’est le dernier mot qu’ il m’a dit le dernier jeudi où il est venu). Et puis j’enchaîne sur un autre mot de lui un jour où nous étions en amour : ‘Littérairement, nous sommes du même bord’. ‘Vous êtes, Monsieur, bien plus que moi de ce bord…’, etc. Et je vous écrase de compliments. Je pense que cela va ainsi. Mauriac n’avait pas à l ’Académie que des amis. On me presse d’ être désagréable. Je ne le veux pas. Le petit préambule satisfera les grognons qui ont trouvé mon oraison funèbre trop élogieuse (j’ai été honoré à ce propos d’une lettre furibarde d’une sœur de Pierre Benoît) et je prends l ’af faire à moitié en plaisanterie… », etc.

On joint :

1) Treize brouillons de lettres de Green (8 autographes, 2 tapuscrites, 2 en reproduction et une de la main de son ami Robert de Saint Jean), dont un long texte modiﬁant certains passages du discours ci-dessus mentionné de Gaxotte. 2) Trois lettres autographe signées de Gaxotte à Robert de Saint Jean à propos de son Histoire de l ’Allemagne et traitant de sujets historiques, etc.