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longue critique de Némésis de Paul Bourget « que tu n’as pas lu et que tu ne liras pas. Tu n’y perdras guère » ; critique, aussi, des vers de son ami (longue lettre de six pages) – Ses lectures : Tristan et Iseult, G. Lambert (dont il transcrit quelques vers), Fogazzaro, D’Annunzio, H. de Régnier, Huysmans, Zola, Goncourt, Maupassant… « … aussi Brantôme qui justement rappelle assez Maupassant par sa complète amoralité, ainsi que par la verveet la bonne humeur de son style… » – Août, à Paris : il lit la « Rome » de Zola, « … œuvre fort lourde et souvent pénible à lire mais il est indéniable que l’ensemble est très grandiose et laisse une juste impression de la grande ville déchue, rongée de misère, mais splendide encore… Zola nous fait un portrait du pape Léon XIII dont la figure domine tout le livre… J’ai fini aussi… une pièce de F. de Croisset, ‘Le Paon’... » – Sur l’église d’Avon, du X e siècle – Une page comique sur les visiteurs du château de Fontainebleau – Problème de nationalité : bien qu’Américain, la préfecture de police lui refuse des papiers d’étrangers, le risque est maintenant qu’il soit enrôlé dans les deux armées ! Description de ses longues promenades dans Paris. Résumé de la pièce qu’il a commencé à écrire – Amusante longue lettre racontant sa visite au Bureau de recrutement où il s’est rendu pour supplier qu’on l’enrôle, etc.

1919. En octobre, Julien Green retourne en Amérique sur le Patria après avoir séjourné à Naples, Palerme et Almeria : déchirement d’âme, descriptions, une journée à Pompeï, etc. ; il lit Poe – Sonnet intitulé « Les condamnés à mort » écrit le 8 octobre sur le bateau – Arrivée à New York (papier avec vue de l’Hôtel Woodward), donne son adresse à Savannah, puis à Charlottesville en Virginie, à l’Université. Explique ce qu’il est devenu, l’espèce de rêve dans lequel il a vécu à New York pendant six ou sept jours. Description et dessin de sa chambre. Belles lignes sur la prétention des Américains à se croire supérieurs à toute civilisation. Lecture de St Paul, « ce rude génie ». Solitude. Regrets de Paris. Lectures encore : Shakespeare, Pensées de Pascal, le cardinal Newman. Affection pour Molière – Sur la psychiatrie, « … fausse science qui, donnant une part énorme à l’ imagination et trop peu au raisonnement, doit fatalement conduire à la démence et au suicide… »

– Curieuse photographie de lui, prise à Paris avant son départ : « j’ai l ’air d’un fou triste » – S’ennuie. Impression de ne pas être dans un pays civilisé. Population obsédée par le football, le cinéma, le billard et les dés. Grand tralala à l’Université, cérémonie ridicule. Il continue son Journal . Description féroce de quelques camarades : boire et faire l’amour avec intermezzo de foot, c’est tout leur idéal. Questions à propos d’un livre de Jules Romains. En décembre, lettre de consolation à O.-P. Gilbert à la suite d’une déception sentimentale : « … Je voudrais que tu saches bien que je suis ton frère vivant… ». Cite la Danse macabre de Baudelaire – Très belle lettre sur la 9 ème Symphonie et l’ Héroïque de Beethoven, et sur le Tannhauser de Wagner : « … Combien étaient-ils à comprendre ces choses, les plats crétins qui jonchaient les fauteuils ? Ah ! n’y pensons pas. J’aime à croire qu’ ils étaient là exprès pour boucher les trous, pour remplir, pour empêcher l ’ écho de mieux résonner, pour que moi Julian H. Green, j’entende mieux ! ... » – Lit « plus que jamais » : Oscar Wilde, Pascal.

1920. Belle lettre de février sur Oscar Wilde et la Ballade de la geôle de Reading – Green fait très souvent allusion à son Journal , qu’il écrit un peu chaque jour : « …Mon Journal prospère… J’ai relu quelques pages de mon Journal qui devient depuis quelques temps une chose lugubre… ». Il compte l’envoyer à son ami : « … Inutile de te dire comme je tiens à ces écrits qui sont l’expression, fidèle jusqu’ à la cruauté, de tout mon cœur !... » – Très belle lettre sur la 9 ème Symphonie et l’ Héroïque de Beethoven, et sur Wagner – Dernière lettre de Savannah, le 18 juillet 1920, très émouvante. Il a retrouvé la foi, et exhorte son ami à faire de même.

Il nous est impossible de donner de plus amples extraits, il faudrait citer en entier ces lettres si sincères ; toutes sont extrêmement intéressantes, longues et révélatrices des pensées de leur auteur, de ses lectures, de ses angoisses religieuses, de ses admirations ou vives critiques, de ses promenades, de ses voyages avec très belles et pénétrantes descriptions, de sa philosophie de la vie. Enfin, remarquons le style de ce jeune homme, qui deviendra un de nos plus grands écrivains…

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