49 MICHAUX Henri. P
OÉsIE POUR POUVOIR
.
Paris, René Drouin, 1949
. In-folio, en feuilles, couverture illustrée,
chemise-couverture en bois de tek, premier plat titré, illustré et recouvert de clous à galoches, sous chemise
titrée, et étui.
20 000 / 25 000 €
Édition originale ornée d’un frontispice de l’auteur et de lithographies de Michel tapié.
tirage annoncé à 46 exemplaires, beaucoup ne virent pas le jour. Celui-ci hors commerce, un des tous premiers signés à la
justification de tirage par Michel tapié, Aline Gagnaire, René drouin, qui participèrent à l’élaboration de l’ouvrage.
Un des très rares exemplaires réalisés en 1944 avec la chemise-couverture en bois de tek, recouverte de clous à galoches.
La fabrication réellement maudite de cette couverture fut interrompue et seuls 5 ou 6 exemplaires de première émission furent
réalisés. Michel tapie s’en explique dans
Commentaire d’un exorcisme
. Extrait des Cahiers de la Pleiade, 1950.
Envoi autographe signé :
« A René Bertelé que notre amitié exorcise les clous. Henri Michaux. »
Quelques rousseurs.
Provenance :
Vente Collection René Bertelé. M
e
Paul Renaud, Paris
drouot 28 novembre 1997
Le problème consistait à fabriquer un objet recéleur
de forces supportant ce texte de sorte que sa vue, son
contact tant épidermique que musculaire provoquent
au maximum l’expansion effective de cette force,
puisque magie il y avait. …Mon projet de départ était
de graver ce texte sur lino, le lino étant la technique
la plus brutale et la plus directe des violentes
oppositions de noir et de blanc, et de présenter
l’ensemble des tirages dans une couverture de bois
clouté, l’ensemble du travail étant jour par jour suivi
et approuvé par Henri Michaux ; L’esprit d’aventure
qui préside aux activités de René Drouin poussa celui-
ci à accepter le risque d’édition avec enthousiasme,
et il mit l’équipe de sa galerie à notre disposition pour
une rapide réalisation.
Rapide en effet il le fallait ; Michaux nous avait bien
prévenus : si nous n’allions pas vite, le poème, lui,
irait plus vite que nous et se retournerait contre
nous… je pus assez vite graver tous les éléments
n nécessaires à l’édification de la maquette complète.
Une nuit d’automne 1948 je rentrai à mon atelier pour
tirer les deux dernières pages… deux heures plus tard
je me réveillai avec une congestion pulmonaire…un
mois de lit… le temps de revoir la maquette… avec
retouche des planches par Aline Gagnaire à qui
j’avais passé la main, et je rechutai…. tout ratait ; le
papier n’allait pas, l’encre bouchait tout … et la
couverture… M. Nicolas, habile technicien du bois,
maudissait tous les essais : le contreplaqué… se
tordait dans tous les sens, réfractaire aux inscriptions
cloutées et aux patines nombreuses auxquelles René
Drouin le soumettait… Aline et Nicolas eurent l’idée de tirer la planche de titre sur le bois même, à l’encre noire, et de fixer par-
dessus une projection de gros clous de sabots comme s’ils avaient été violemment lancés à poignée, ou bien comme aurait pu
faire une charge de grosse mitraille à bout portant. Mais le contreplaqué se comportait de plus en plus mal. Un matin, René
Drouin s’énerve, saute dans un taxi et file dans je ne sais quel dépôt de banlieue où il acquiert sur l’heure un énorme tronc de
bois de corail….
Michel tapié dans
Commentaire d’un exorcisme
. Extrait des Cahiers de la Pleiade, 1950.
56