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364 DRIEU LA ROCHELLE (Pierre). Cherbourg, port américain.

Manuscrit autographe.

S.l.n.d [1944]. 12p.in-4,

ratures corrections et rajouts autographes, reliure cartonnée.

1 000/1 500

Texte politique critiquant le peuple français et justifiant son nationalisme :

« Ce qui nous a surtout révoltés depuis vingt ou trente ans, ç’a été l’inconscience avec laquelle les Français se livraient

à la domination voilée des anglais puis des américains…nous voyions comment dans l’ordre insinuant et insidieux des

mœurs, des habitudes, les français glissaient peu à peu dans l’obédience matérielle et spirituelle des anglais…ont pris

l’habitude de s’incliner devant l’anglais vainqueur en tant de batailles sur terre et sur mer, tellement plus malin

diplomatiquement, et surtout plus riche, beaucoup plus riche… Le français est un indigène entièrement colonisé, qui aime

son maitre et qui veut lui être fidèle à jamais…contre cela, il n’y a plus rien à faire…la façon dont le maire de Cherbourg

vient de reprendre le joug bien aimé…est typique de la courbure de l’échine française…la déformation française est telle

que les nationalistes français qui ont protesté contre cette lente désintégration, n’ont rien trouvé de mieux que de se

jeter dans les bras des allemands…a peine le dernier anglais avait disparu à Dunkerque, qu’ils se jetaient dans les bras

des allemands. Voilà tout ce que nous avons su inventer, nous, les nationalistes collaborateurs…L’allemand ne pouvait

pas nous traiter mieux que l’anglais ou l‘américain…L’avantage que nous lui voyions à l’allemand, l’avantage atroce

c’était qu’au moins avec lui le français saurait qu’il était un conquis, un occupé, un indigène colonisé. Nous sortions de

l’hypocrisie anglo-saxonne, nous tombions dans le cynisme germanique. Nous aimions mieux ça…Et l’on veut que je

ne sois pas pessimiste…je hais cet ignoble optimisme officiel dont on va vous abrutir dès demain. Quand j’entends à la

radio, ce pauvre maire de Cherbourg qui, au milieu des ruines de son port de sa ville est là…la main sur le cœur pour

parler de la grandeur de la France aux touristes américains revenus, je vomis, j’agonise…A grands coups de

collaborations crucifiantes et manquées, nous allons vers les fédérations plutôt vers les empires. Et il y a de l’humiliation

pour la France, il y en aura aussi pour ceux qui l’humilient… ».

365 DRIEU LA ROCHELLE (Pierre). Fatalité française.

Manuscrit autographe

avec quelques ratures et corrections

autographes (sans date fin1942) 9p.1/2 in-4. Reliure cartonnée.

1 000/1 500

Texte écrit sans doute après le débarquement des alliés en Afrique du nord, Drieu montre par des généralités et des

amalgames sans nuances, un grand pessimisme sur la situation de la France qu’il considère avoir été occupée depuis

1871 : « …Quand elle ne l’est pas par les juifs elle l’est par les allemands, et quand elle ne l’est pas par les allemands,

elle l’est par les anglais, les américains et les russes. Est-ce que l’Afrique n’est pas occupée ? Elle l’est de nouveau par

M. Palewsky qui est aujourd’hui chef de cabinet civil de M. de Gaulle comme il l’était hier de M. Reynaud. Quand on

pense qu’il y a des types d’action française qui sont gaullistes, il y a de quoi se tordre…Je trouverai tout ça sinistre si

je n’avais pas depuis longtemps fait mon deuil de tout dans ma patrie… il fallait faire n’importe quoi en 1940, ne pas

attendre, ne pas se soucier de cette vieille fatalité terrible de l’occupation, et faire tout de suite envers et contre tout, la

révolution sociale, la révolution socialiste, la seule qui pouvait compter, la seule qui pouvait reforger la France dans sa

structure même ; abolir l’ignoble avarice de toutes nos classes sociales et pas seulement de la bourgeoisie…Quand le

général de Gaulle voudra faire quelque chose le colonel Palewsky le traitera de général fasciste et le fera disparaitre par

une trappe ».

366 DRIEU LA ROCHELLE (Pierre).

Le Débarquement ou la nuit du 4 août. Manuscrit autographe

avec quelques ratures et

corrections (sans date circa 1944) 12p.in-4, reliure cartonnée.

1 000/1 500

Intéressant texte politique : Drieu étudie en premier point les rapports de force entre les diverses nations dans le principal

conflit entre le capitalisme et le communisme ; dans le second point le rôle de ces nations dans la troisième guerre

mondiale qu’il voit poindre dans la seconde, comme celle-ci s’était insinuée dans le première ; enfin les différences très

profondes entre les différents empires joueront un rôle de moins en moins décisif : « …il faudra bien que…la Russie

ou l‘Amérique s’accommode de la « différence » allemande… J’ai toujours eu l’air dans ces articles de faire assez bon

marché de la puissance allemande, d’admettre comme tout à fait possible la défaite de l’Allemagne. Ce n’est pas un

artifice de polémique, ni non plus l’expression à peine voilée d’une conviction. Mon doute porte non pas tant sur

l’Allemagne, que sur l’Europe. De même que les Italiens ont failli à Mussolini, on peut se demander si les Européens

ne manquent pas à Hitler et aux allemands…il se peut que la timidité et la difficulté du système socialiste allemand à

s’affirmer et à rayonner en Europe soit encore plus le fait de l’Europe que de l’Allemagne… l’Angleterre et les Etats

–Unis seraient encore beaucoup plus incapables que l’Allemagne d’obtenir en vue d’une fédération européenne

l’adhésion des nations obstinées dans leur orgueil particulariste… » Puis Il critique la politique de De Gaulle qui s’appuie

sur les communistes, il termine ainsi : « le grand malheur du fascisme, et peut être du communisme, c’est de ne pas s’être

arraché par le fer et par le feu, à l’étreinte mortelle de ce grand cadavre de la bourgeoisie. Le débarquement américain

- anglais en Europe, s’il réussissait serait la nuit du 4 août de la bourgeoisie, Vae victoribus, vae victis. ».

Dans la journée du 4 août 1789 l’assemblée constituante vota à l’unanimité l’abolition du système féodal.

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