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Le comte Tolstoï apôtre des paysans russes et philanthrope : À l'été 1891, une grave famine

due à une sécheresse exceptionnelle décima la Russie centrale. Frappé d'horreur par le fléau, il

abandonna le livre qu'il avait en chantier et partit pour les régions sinistrées pendant tout l'hiver,

accompagné de ses deux filles aînées et de ses fils pour organiser des cantines populaires. De fait,

ce n'est pas un hiver mais deux années qu'il consacra à lutter contre la famine et la misère (1891-

1893). Jeté dans l'action avec son ardeur coutumière et un étonnant sens pratique, sa croisade lui

permit de faire envoyer semences, chevaux, blé et choux par wagons entiers. Plus de 200 cantines

furent ainsi ouvertes. (Léon Tolstoï, B.N., 1960, n° 147).

Très précieux document. Les corrections de la main de Tolstoï les plus importantes se trouvent

aux feuillets 5, 16, 17 et 19. Les autres sont de la main de sa femme et d'autres personnes - soit ses

filles, soit un secrétaire. On distingue enfin des annotations au crayon, avec la mention Levachov :

peut-être des notes de lecture d'un tiers en vue de la censure. En marge du feuillet 18 on peut lire,

inscrit au crayon bleu, le manuscrit d'un passage que Tolstoï avait retiré par crainte de la censure,

le jugeant trop critique. En effet, après la phrase imprimée, au début du second paragraphe :

"

Le peuple a faim du fait que nous sommes trop repus

", tout un passage est barré à la plume et remplacé par le

texte manuscrit qui commence par ces mots : "

Vraiment le peuple pourrait-il ne pas avoir faim

" et se termine,

en bas de la page, par : "

Rien de neuf ou d'inattendu ne s'est produit. Et l'on peut savoir, semble-t-il pourquoi le peuple

a faim

" Dans le numéro de janvier 1892 de la revue mensuelle

Knijki nedeli

(supplément littéraire

du quotidien

Nedelia

), le texte russe, encore grandement remanié par Tolstoï, parut sous le titre

"

Pomochtch' golodnym

" (

L'Aide aux victimes de la famine

). Il doit être considéré comme la première édition

russe de l'article, malgré les différences importantes qu'il présente avec le texte initial. Ce dernier

ne parut pour la première fois en russe qu'en 1896 à Genève, sous le titre de "

Pis'ma o golode

" (Lettres

sur la famine), chez Elpidine. Quand il fut informé du rejet de son texte par la censure, Tolstoï

avait demandé à sa femme de s'occuper de sa diffusion à l’étranger : "

Prends, s'il te plaît, mon article, celui

de Grot, dans sa dernière version sans atténuations, mais avec les corrections que j'avais demandé à Grot d'introduire et fais-le

recopier et envoie-le à Saint-Pétersbourg à Hansen et Dillon, et à Paris à Halpérine. Qu'ils le publient donc là-bas : de là il

nous reviendra et les journaux le retranscriront

."

20 000 / 30 000 €