Pour les ouvrages non romanesques publiés par Beyle, il ne reste que quelques très rares lambeaux,
tous conservés à la Bibliothèque municipale de Grenoble. Del Litto les appelle des «
résidus de
brouillons
» (op.cit. p. 1660). Quant aux épreuves, Stendhal « a de tout temps considéré leur lecture
‘comme une pénible corvée’ dont il se débarrassait au plus vite. En cela, il est l’opposé de Balzac »
(Del Litto,
Voyages en Italie
, Pléiade, p. 1297).
Les seuls manuscrits autographes de Stendhal que l’on connaît sont ceux de ses projets inaboutis,
comme la
Vie de Henri Brulard
. Ces vestiges stendhaliens, tous conservés à la Bibliothèque municipale
de Grenoble, n’ont pas subi le lent processus de décantation propre à toute publication voulue et
organisée par Beyle. Décantation progressive et prolongée dans le temps, en fait un véritable
work
in progress
: on sait que Stendhal avait coutume de préparer, immédiatement après la publication
d’un livre, une seconde édition corrigée en annotant copieusement des exemplaires de l’édition
originale.
Rome, Naples et Florence en 1817
trouve son origine dans un voyage accompli
par Stendhal dans la péninsule en 1811, voyage dont ce manuscrit de 1813
constitue une réélaboration. En fait,
Rome, Naples et Florence en 1817
est le seul
texte pour lequel nous disposons de la séquence complète des différents états
caractérisant la création stendhalienne, et cette copie Crozet-Royer est un
élément essentiel à la compréhension du « passage à l’œuvre » chez Stendhal.
Pour mieux apprécier le statut singulier du Tour d’Italie en 1811 par M. de
Léry, il convient donc de le replacer dans la séquence des manuscrits connus :
– Ce qu’il reste du texte autographe du Journal de 1811, auquel il convient
d’ajouter quelques pages dictées et corrigées par Stendhal en 1813, le tout
conservé à Grenoble.
– Le fragment du
Voyage de Léry
constitué par la copie Cordier (mars-avril
1813). Conservé à Grenoble, il correspond aux pages 270-372 de cette copie
Crozet-Royer : il lui manque donc 270 pages, ainsi que sa belle reliure vert
pomme.
– Le manuscrit complet du
Voyage de Léry
, soit la copie Crozet-Royer
(mars-avril 1813).
Le 13 janvier 1813, Stendhal rentre à Paris, épuisé par la dramatique retraite
de Russie. Au mois de mars, il imagine de transformer en un livre, mi fiction
mi récit autobiographique, les notes qu’il avait prises durant sa pérégrination
de 1811 en Italie. Stendhal avait malheureusement oublié dans une diligence
trois grandes parties de son
Journal
contenant le voyage de Milan à Rome, celui
de Florence à Rome, et le récit de son séjour à Rome. Au printemps 1813,
Stendhal s’attèle à la réécriture de son
Journal
pour en faire un livre. Il s’agit
du second véritable projet de livre après l’
Histoire de la Peinture en Italie
– sans tenir
compte de cette comédie chimérique,
Letellier
, qu’il ne formalisa jamais. Avec
ce Tour d’Italie en 1811 par M. de Léry, le Journal devient, pour la première
fois, la source d’un livre.
Les corrections apportées par Stendhal au manuscrit Crozet-Royer forment un inextricable
maquis. Elles n’ont pas toutes été recensées par Del Litto, et leur autographie n’a pas été assignée
officiellement. Un travail approfondi reste à faire. Cependant, si l’on tient compte que des 270
premières pages du manuscrit Crozet-Royer – la portion de Léry qui manque au fragment Cordier
(soit jusqu’à la page 795 en Pléiade) – Del Litto recense plus de 236 corrections et ajouts propres à
la copie Crozet-Royer.
Feuillet avec les pp. 11 /12 ôtées sans manque de texte ; petites usures ou manques au dos.
15 000 / 20 000 €