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1222

SEBOND, Raymond.

La Théologie naturelle. Traduicte nouvellement en françoys par messire Michel,

seigneur de Montaigne, chevalier de l'ordre du roi, & gentil-homme ordinaire de

sa chambre.

Paris, Michel Sonnius, 1581.

In-8 (175 x 110 mm) de 2

ff.n.ch

., 496

ff.ch

. (mal chiffrés 469), 30

ff.n.ch.

(index) ; vélin

ivoire souple à rabats, dos lisse avec titre manuscrit, traces de lacets

(reliure de l'époque).

Seconde édition de la célèbre traduction de Michel de Montaigne. Imprimée par les mêmes

éditeurs que la première – le privilège a été partagé entre Guillaume Chaudière, Gilles Gourbin

et Michel Sonnius – elles est très soigneusement purgée de nombreuses erreurs par Montaigne

qui supprima également le sonnet de François Ambroise.

« Cet ouvrage et sa traduction par Montaigne bénéficient de plusieurs rééditions jusqu’au

milieu du XVII

e

siècle, donnant à l’expression ‘théologie naturelle’ un statut de sous-genre de

la métaphysique d’inspiration éclectique (saint Thomas, saint Augustin, saint Anselme, saint

Bonaventure, Damascène, Raymond Lulle…). On ignore encore quel texte Montaigne a suivi :

peut-être l’édition assez ‘rationaliste’ de Richard Paffroed (ca. 1485), ou un manuscrit inconnu,

autre que celui de Toulouse authentifié par notaire à la mort de l’auteur. Dans sa préface à la

traduction, Montaigne juge que le style en est ‘farouche’ et ‘barbaresque’, et, tout en se disant

soucieux d’amélioration stylistique et de fidélité à l’original, il semble néanmoins lire Sebond

en atténuant son anthropocentrisme, à partir duquel le théologien avait élaboré un système de

lecture du

Livre de la nature

antérieure à celle des

Écritures

, ce qui n’a pas manqué de susciter des

réserves et une mise à l’index du prologue (1564). Il insiste parfois tellement sur les échelles des

êtres qu’on penserait à une traduction ironique, telle que le lecteur moderne pourrait la juger à

la lumière des

Essais

. L’usage des modalisateurs, comme lorsque ‘ergo concluditur’ est remplacé

par ‘il est vraisemblable que’, ou l’introduction de formules ambiguës comme ‘il faut croire que’,

marquent la distance de Montaigne à l’égard de ce texte-source, faisant descendre au niveau du

probable ce que Sebond présentait comme infaillible.

Montaigne livre à l’imagination ce que Sebond

attribuait à l’intellect et donne à la traduction

un tour plus personnel par l’usage du ‘je’ au lieu

de ‘nous’ » (Marie-Luce Demonet, université de

Tours, septembre 2015).

Petit manque (défaut de papier) en marge du

feuillet 266, petit travail de vers en marge blanche

en pied, gardes de la reliure renouvelées.

Bel exemplaire, non lavé, à belles marges.

Provenance : signature ancienne sur le titre à

l'encre brune – Pierre Muguet (ex-libris).

Tchemerzine-Scheler, IV, 914 ; Desan, 3 (note) ; voir Guyot de

Villeneuve, lot 202.

10 000 / 15 000 €