Cette traduction eut une influence décisive sur l'existence et la pensée de Montaigne, encore
conseiller au parlement de Bordeaux. Elle eut aussi l’immense mérite de l’écarter de la carrière
politique et de le confirmer dans sa vocation d'écrivain. En effet, en juillet 1570, Montaigne rend
sa charge au Parlement et vient à Paris pour y faire publier les opuscules de La Boétie (mort en 1563).
Vers février 1571, il décide de revenir dans « cette habitation des douces retraites de ses ancêtres »
pour se consacrer à l'écriture des futurs
Essais
.
Soulignant les impasses du système de Sebond, les défaillances de la raison et les fautes de
l’entendement, Montaigne aiguise ici sa plume, exerce et affûte sa pensée.
Montaigne dédia cet ouvrage à son père, décédé le 18 juin 1568 : « fuyant la charge que vous me
donnastes l’année passe chez vous à Montaigne, i’ay taillé & dressé de ma main à Raimôd Sebon,
ce grand Theologien & Philosophe Espaignol, un accoutrement à la française , & l’ay devestu,
autant qu’il a esté en moy, de ce port farouche, & maintien Barbaresque, que vous luy vîtes
premièrement » (A Monseigneur / Monseigneur de Montaigne, 18 juin 1568).
Cette édition originale est très rare sur le marché et en bibliothèque institutionnelle : nous n'avons
pu tracer que deux exemplaires en vente publique depuis 50 ans, Desan indique que « cette
édition est excessivement rare puisqu'à peine douze exemplaires sont recensés dans les collections
publiques ».
Feuillets d4 et d5 insérés et provenant d’un autre exemplaire ; rousseurs éparses, mouillures plus
accentuées feuillets 152 et 153 ; reliure légèrement tachée.
Provenance : Rudolphus Jurisconsulti (nom biffé à deux reprises sur le titre).
Tchemerzine-Scheler, IV, 914 ; Diesbach ; Bibliothèque Jean Bonna, XVI
e
siècle, 224 ; Desan, 3 (émission de Sonnius).
15 000 / 20 000 €