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sur Paris, et vous savez je ne confond pas, ça n’est pas la d.c.a., c’est
vraiment le tatatata de la mitrailleuse » (16 juin)... Le même jour,
longue conversation et soirée prolongée dans un bar avec la sœur de
son amant, Annie Jeanclaude (qui est la maîtresse de Lafont, le chef
de la Gestapo française de la rue Lauriston). Le lendemain 17 juin, elle
est emmenée par la police allemande, et doit y retourner le lendemain
« pour prouver mon activité depuis le début de la guerre on m’accuse
d’un tas de choses, […] ça fait quand même un drôle d’effet,
surtout
quand on a rien à se reprocher !
[…] vraiment ce n’est pas marrant, c’est
qu’ils voulaient m’arrêter sur le champ, j’en menai quand même pas
large »…. Le lendemain, c’est fini, mais elle avoue avoir « eu très peur,
même quand on est inocent on n’a toujours du mal à se sortir de trucs
parêl, enfin espérons que ça n’était qu’un cauchemar »… Elle dit plus
tard qu’elle est surveillée…
En juillet, elle avoue que sa tournée prévue en Allemagne ne l’enchante
pas. Tournée en Allemagne en août-septembre avec Charles Trenet.
Le 17 août, elle est arrivée à Berlin par le train : « Dieu est avec moi,
vous savez la veille que nous partions […] le même train que le nôtre
a été bombardé, cinquante morts, et bien vous voyez nous avons pris
l’autre et tout est comme ça ! »… « Je chante le petit chasseur et je
crois que je tiens là un très grand succès » (30 août). Magdebourg 6
septembre : « Félix Paquet est venu remplacer Trenet, c’est un chic
copain et nous l’aimons tous bien, ça change évidemment de certaines
têtes de lard ! […] je ne regrette pas d’être parti, si vous saviez la
joie que l’on peut apporter à des pauvres gas qui attendent depuis si
longtemps et aux ouvriers qui le méritent aux aussi […] Si vous saviez
comme les ouvriers vous remercient, ça fait du bien de voir le cran
et le moral qu’ils ont »… Elle chante dans les camps de prisonniers :
« ce sont des types épatant, ils ont un moral formidable, qu’est ce
qu’ils peuvent nous rendre comme point, c’est vraiment beau de voir
cela ! »...
Ces lettres pleines de vivacité montrent aussi le côté sombre d’Edith
Piaf : elle a souvent le cafard, les tournées l’épuisent, et ses problèmes
de santé l’obligent parfois à avoir recours aux soins d’une infirmière…
Dans la dernière lettre (Lyon 25 décembre 1943), elle se montre très
triste, et reproche à son ami les « choses méchantes » de ses lettres, ses
reproches à propos d’Henri… Yvon n’écrit pas souvent, et avec des
lignes très espacées : « le seul endroit ou vous les avez un peu serrez,
c’est juste à la fin pour m’engueuler, c’est charment, mais vous aussi
vous avez une drole de façon d’aimer ! […] pour un homme qui aime,
vous avez de drole de façon d’agir, ne trouvez vous pas ? J’ai quand
même un cafard noir et suis désolée de voir que je ne puis compter sur
personnes, Dieu, pourvu qu’il ne m’arrive rien avant la mort de papa,
que deviendrait-il ? […] Je suis triste à mourir »…
On joint :
deux cartes de vœux, laconiques, au même, en janvier 1949 et 1952.
MANUSCRIT
autographe signé d’une chanson,
Devant le ciel
; 2
pages et demie in-4 sur un feuillet double arraché d’un cahier d’écolier
(traces de pliure et salissures).
La chanson, qui comporte deux couplets et deux refrains, semble
inédite :
« Y’avait le printemps qui courait dans la rue
Il se faufilait joyeux dans la cohue
Bousculant les gens
Avec l’air engageant
Et comme un égoïste
Riait de mon cœur triste
J’étais amoureux d’une femme infidèle »…
ON JOINT le brouillon autographe d’une autre chanson, inachevée :
et trois tapuscrits de textes de chansons dont
Sous le métro
, annotés
aux versos.
25 000 / 30 000
€