Previous Page  47 / 102 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 47 / 102 Next Page
Page Background

46

1. –

[Date de réception du 28 novembre 1905] : «

Mon cher Louis,

IL

Y

A

EU

ICI GRAND DRAME

parce

que tu n'avais pas reçu ma lettre. J'ai failli partir !

C

OMMENT MA

BELLE

SŒUR

A

-

T

-

ELLE

PU

DIRE QUE

JE

DÉSIRAIS

UNE

LAMPE

À

PÉTROLE

! M

OI QUI

CRAINS

LA MOINDRE ODEUR

! C'

EST

UNE

LAMPE

ÉLECTRIQUE

ET

UN

CHAUFFOIR

ÉLECTRIQUE

QUE

JE

VOULAIS

;

mais tâche plutôt de pénétrer jusqu'à moi en demandant

en arrivant l'autorisation au Dr Sollier plutôt qu'à sa femme qui te la refuserait. Ne dis pas que tu as

reçu une seconde lettre et si dans l'intervalle tu as reçu la

[premiè]

re, dis que c'est la

[premiè]

re qui

t'a expliqué ton erreur. De vive voix je t'expliquerai mieux cet imbroglio. D'ailleurs

IL M

'

EST

INTERDIT

D

'

ÉCRIRE

.

Si je ne pouvais te voir, la lampe est une petite lampe électrique s'allumant sous prise si cela

ne coûte pas plus de 60 fr. et le chauffoir une sorte de contenant se chauffant électriquement sous prise

où je puisse mettre pour les chauffer mes tricots par exemple, au besoin si possible une chemise de nuit.

J

E N

'

AI

PLUS AUCUNE

FORCE

,

JE NE

PUIS

CONTINUER À

ÉCRIRE

.

À toi...

»

2. –

[Date de réception du 25 décembre 1905] : «

Mon cher Louis, je ne t'avais pas encore écrit,

voulant te raconter la conversation que j'avais eue. Malheureusement, j'ai télégraphié pour fixer un

rendez-vous à notre amie mais elle n'est pas venue (et ne m'a même pas répondu, d'ailleurs je ne

demandais aucune réponse). Et j'en suis désolé. Je l'ai fait le 1

er

jour où c'était possible. Je voulais

avoir plus de force pour t'écrire longuement et te remercier de tes bontés exquises pour moi mais je

ne l'ai fait.

J'

AI

APPRIS

DIVERSES

CHOSES

ASSEZ

IMPORTANTES

. D'

ABORD

LES

BRUITS

QUI

COURENT

(genre

de ce que

[Lucien]

Henraux avait entendu au téléphone) ont pris une consistance énorme et cela

n'est pas très favorable à un projet de mariage, naturellement, si cela prenait trop de consistance.

D'autre part, j'ai eu la preuve que ce que je t'avais dit relativement à Escudier était exact.

L

A MADAME

DE

L

A

R

OCHEF

[

OUCAUL

]

D

QUI

EST

ICI

N

'

EST

PAS

LA

D

[

UCHE

]

SSE

DE

L

A

R

OCHEF

[

OUCAUL

]

D

[née Mattie-

Elizabeth Mitchell]

comme je le croyais, mais la sœur de Loche

[Lise Radziwill, sœur de Léon

Radziwill dit Loche, et épouse du duc de Bisaccia, Armand de La Rochefoucauld]

. Je me

réjouis beaucoup de ton prochain retour et t'envoie mes tendres amitiés... Je sens l'impossibilité de

m'occuper d'ici du paravent

[probablement pour des étrennes]

. Veux-tu m'excuser et dire que je ne

le chercherai et donnerai qu'au mois de janvier quand je serai sorti d'ici.

»

«

J

E NE M

'

EXCUSAIS

PAS

,

JE M

'

ACCUSAIS

,

ce qui n'est pas tout à fait la même chose...

»

G

ORGES

CHAUDES

À

L

'

ENCONTRE

D

'

UN

«

SALAÏSTE

».

L'écrivain exprime

ici son regret d'avoir porté des

critiques moqueuses à l'égard

du comte Antoine Sala, attaché

près l'ambassade italienne et

homosexuel notoire. Il avait

d'ailleurs inventé un néologisme

formé sur son nom, « salaïstes »

pour désigner les invertis affichés.

«

Pardonne-moi, mon cher Louis, si

je ne t'écris pas, je suis trop fatigué

pour cela. Je crains que tu ne veuilles

te moquer de moi en me "demandant

34

PROUST

(Marcel). Lettre autographe signée

«

Marcel Proust

». [Hôtel des Réservoirs à

Versailles], «

16 aout

» [1906].

500/600

3 pp. in-8 ; date de réception du 19 août 1906 au composteur,

apostille autographe du destinataire, «

rép

[ondu] » ; petite traces

de rouille marginales.