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1. –
[Date de réception du 28 novembre 1905] : «
Mon cher Louis,
IL
Y
A
EU
ICI GRAND DRAME
parce
que tu n'avais pas reçu ma lettre. J'ai failli partir !
C
OMMENT MA
BELLE
SŒUR
A
-
T
-
ELLE
PU
DIRE QUE
JE
DÉSIRAIS
UNE
LAMPE
À
PÉTROLE
! M
OI QUI
CRAINS
LA MOINDRE ODEUR
! C'
EST
UNE
LAMPE
ÉLECTRIQUE
ET
UN
CHAUFFOIR
ÉLECTRIQUE
QUE
JE
VOULAIS
;
mais tâche plutôt de pénétrer jusqu'à moi en demandant
en arrivant l'autorisation au Dr Sollier plutôt qu'à sa femme qui te la refuserait. Ne dis pas que tu as
reçu une seconde lettre et si dans l'intervalle tu as reçu la
[premiè]
re, dis que c'est la
[premiè]
re qui
t'a expliqué ton erreur. De vive voix je t'expliquerai mieux cet imbroglio. D'ailleurs
IL M
'
EST
INTERDIT
D
'
ÉCRIRE
.
Si je ne pouvais te voir, la lampe est une petite lampe électrique s'allumant sous prise si cela
ne coûte pas plus de 60 fr. et le chauffoir une sorte de contenant se chauffant électriquement sous prise
où je puisse mettre pour les chauffer mes tricots par exemple, au besoin si possible une chemise de nuit.
J
E N
'
AI
PLUS AUCUNE
FORCE
,
JE NE
PUIS
CONTINUER À
ÉCRIRE
.
À toi...
»
2. –
[Date de réception du 25 décembre 1905] : «
Mon cher Louis, je ne t'avais pas encore écrit,
voulant te raconter la conversation que j'avais eue. Malheureusement, j'ai télégraphié pour fixer un
rendez-vous à notre amie mais elle n'est pas venue (et ne m'a même pas répondu, d'ailleurs je ne
demandais aucune réponse). Et j'en suis désolé. Je l'ai fait le 1
er
jour où c'était possible. Je voulais
avoir plus de force pour t'écrire longuement et te remercier de tes bontés exquises pour moi mais je
ne l'ai fait.
J'
AI
APPRIS
DIVERSES
CHOSES
ASSEZ
IMPORTANTES
. D'
ABORD
LES
BRUITS
QUI
COURENT
(genre
de ce que
[Lucien]
Henraux avait entendu au téléphone) ont pris une consistance énorme et cela
n'est pas très favorable à un projet de mariage, naturellement, si cela prenait trop de consistance.
D'autre part, j'ai eu la preuve que ce que je t'avais dit relativement à Escudier était exact.
L
A MADAME
DE
L
A
R
OCHEF
[
OUCAUL
]
D
QUI
EST
ICI
N
'
EST
PAS
LA
D
[
UCHE
]
SSE
DE
L
A
R
OCHEF
[
OUCAUL
]
D
[née Mattie-
Elizabeth Mitchell]
comme je le croyais, mais la sœur de Loche
[Lise Radziwill, sœur de Léon
Radziwill dit Loche, et épouse du duc de Bisaccia, Armand de La Rochefoucauld]
. Je me
réjouis beaucoup de ton prochain retour et t'envoie mes tendres amitiés... Je sens l'impossibilité de
m'occuper d'ici du paravent
[probablement pour des étrennes]
. Veux-tu m'excuser et dire que je ne
le chercherai et donnerai qu'au mois de janvier quand je serai sorti d'ici.
»
«
J
E NE M
'
EXCUSAIS
PAS
,
JE M
'
ACCUSAIS
,
ce qui n'est pas tout à fait la même chose...
»
G
ORGES
CHAUDES
À
L
'
ENCONTRE
D
'
UN
«
SALAÏSTE
».
L'écrivain exprime
ici son regret d'avoir porté des
critiques moqueuses à l'égard
du comte Antoine Sala, attaché
près l'ambassade italienne et
homosexuel notoire. Il avait
d'ailleurs inventé un néologisme
formé sur son nom, « salaïstes »
pour désigner les invertis affichés.
«
Pardonne-moi, mon cher Louis, si
je ne t'écris pas, je suis trop fatigué
pour cela. Je crains que tu ne veuilles
te moquer de moi en me "demandant
34
PROUST
(Marcel). Lettre autographe signée
«
Marcel Proust
». [Hôtel des Réservoirs à
Versailles], «
16 aout
» [1906].
500/600
3 pp. in-8 ; date de réception du 19 août 1906 au composteur,
apostille autographe du destinataire, «
rép
[ondu] » ; petite traces
de rouille marginales.