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3. –

S.l., [date de réception du 10 février 1905] : «

Mon cher Louis, je suis de nouveau pas à mon aise

et ne pourrai sortir ce soir. Je le regrette beaucoup, car j'aime tant te voir et on ne se voit plus jamais.

Si j'avais été hier je serais passé chez M

r

d'Eyrargues

[Charles de Bionneau, marquis d'Eyrargues]

puisque ta visite à M. de Forbin d'après ce que tu me dis ferait l'effet contraire et que M. d'Eyrargues,

lui, n'est pas un membre jeune du Cercle. Je vais peut-être lui écrire, mais peut-être non. Car je te le

répète, il n'y aurait de chance qu'avec 2 bons parrains se donnant de la peine. Or

M.

DE

B

ASSANO

(c'est

là une des moindres contradictions de ce qu'il te dit)

TROUVE

QU

'

IL

NE ME

CONNAÎT

PAS

ASSEZ

POUR ME

PATRONNER

ET

PROPOSE

DE ME

FAIRE

PATRONNER

PAR

M.

DE

F

ORBIN

QUI

NE ME

CONNAÎT

PAS

DAVANTAGE

et de plus est hostile au principe. – Notre seul espoir est désormais ton beau-frère

[probablement

le prince Eugène Murat, membre de plusieurs clubs dont le Cercle de la rue Royale]

. Je vais

voir s'il y a intérêt à faire q

[uel]

q

[ue]

chose côté Eyrargues mais que cela ne te retarde pas car

JE

CONSIDÈRE

TOUT

CELA

COMME DES

COUPS D

'

ÉPÉE DANS

L

'

EAU

et de plus Eyrargues c'est Lucien et Lucien

c'est beaucoup de gens. Si j'étais sûr que cela fasse q

[uel]

q

[ue]

chose... Tout à toi...

»

4. –

S.l., [date de réception du 18 février 1905] : «

Mon cher Louis, tu es bien bon et

je te remercie

de tout mon cœur

. Si je n'approuve qu'à demi ta lettre trop gentille pour moi, c'est que toutes ces

démarches ne sont pas t

[ou]

t à f

[ai]

t conformes à ce que nous avions dit il y a 15 jours. Mais je sais bien

c'est plus facile sur le papier qu'en action. En tous cas, je crois qu'aussi bien pour toi qui dois en avoir

par-dessus la tête que pour moi qui (toute indécision mise de côté) ne voudrais pas non plus y mettre de

l'entêtement, que pour tout le monde qui finira par le savoir,

IL

SERAIT GRAND TEMPS DE NOUS RÉSIGNER

SI

TU VOIS QUE L

'U

NION EST TROP DIFFICILE

, et ton beau-frère récalcitrant, à renoncer à tout cela.

J

E T

'

ASSURE

QUE

CELA NE

SERA

PLUS UNE DÉCEPTION

POUR MOI

.

Il ne me restera que le regret de t'avoir ainsi ennuyé

pour rien. Si tu parles à ton beau-frère, il est essentiel de lui demander le secret, car j'avoue que cela

m'ennuierait, s'il refuse de me présenter, que Schlumberger le sache

[l'historien de Byzance Gustave

Schlumberger, membre du Cercle de l'Union et de l'Union artistique, antisémite notoire]

. Mais

surtout ne lui dis pas : "N'en parle pas à Schlumberger". Car dans l'hypothèse probable où il lui

répétera le tout, je ne voudrais surtout pas que Schlumberger sache que cela m'ennuie qu'il soit au

courant de ces petits déboires (qui n'en sont pas s'ils ne sont pas sus de mes ennemis).

Tu es bien bon d'avoir pensé à moi pour le Vaudeville mais je dîne lundi chez les Guiche

[allusion à

Louisa de Mornand qui allait jouer un petit rôle dans la comédie

Le Bon numéro

de Barde et

Du Quesne au théâtre du Vaudeville, et mention du duc de Guiche, Armand de Gramont et

de son épouse]

. Excuse-moi de cette lettre décousue mais je suis mort de fatigue et de malaise. Rends-

toi compte à travers ces phrases mal faites, de l'ennui que j'ai de t'avoir fait prendre inutilement tant

de peine. Tout à toi... Tu sais que j'ai été averti seulement hier soir à 9 h. que la

[premiè]

re était

ce soir. Aussi Dieu sait si mes lettres arriveront. Et encore sans savoir à qui écrire, si ce sont les

critiques... qui viendront. Mais enfin

J

'

AI

ENVOYÉ DES

VOITURES DANS

TOUT

P

ARIS

et je crois que ce sera

à temps...

Tout en souhaitant maintenant par-dessus tout la fin

[de]

tes peines et ta tranquillité, si vraiment

tu dois voir M. de Bassano, tu peux, comme cela ne coûte rien, lui dire par ex. ton intimité avec le

général..., lui disant par exemple, "je me figure qu'il accepterait d'être parrain si vous l'étiez." Mais, je

te le répète, surtout ne te donne plus de tracas et finissons-en et tâche de ne pas m'en vouloir de t'avoir

donné ces ennuis. Combien de temps faudra-t-il pour que tu ne m'en veuilles plus.

»