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Livres et Manuscrits

RTCURIAL

26 avril 2018 14h30. Paris

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Georges BATAILLE

1897-1962

Portefeuille destiné aux membres

d’Acéphale

[S.l., s.n., vers 1937].Portefeuille à 3 rabats intérieurs de

percaline jaune (18 x 13,7 cm).

Précieux portefeuille conçu par Georges

Bataille pour les membres d’Acéphale,

société secrète dont les membres se

réunissaient au pied d’un arbre foudroyé

de la forêt de Marly ou dans les ruines

du château de la Montjoie. Le ton du

« memento » imprimé, avec 3 corrections

manuscrites, contrecollé sur le premier

contreplat, montre assez l’esprit à la

fois mystique et tragique qui inspirait

ces mystérieuses rencontres : « À

partir de maintenant ta joie foulera

au[x] pied[s] et avilira ton repos,

ton sommeil et même tes souffrances.

Souviens-toi que la vérité n’est pas le

sol stable mais le mouvement sans trêve

qui détruit tout ce que tu es et tout

ce que tu [vo]is. Souviens-toi que la

vérité est dans la guerre. Tu n’auras

plus de cesse avant de t’être fait

reconnaître comme un homme portant en

lui un espoir assez grand pour exiger

tous les sacrifices. Ce memento te

représentera maintenant que tu n’as

plus de paix à attendre de toi-même ».

Une carte sommaire de la forêt de Marly,

imprimée en noir sur une feuille volante

glissée sous les rabats, accompagne le

« memento ».

Les conjurés d’Acéphale étant

vraisemblablement une quinzaine

(Georges Bataille, Colette Peignot,

Georges Ambrosino, Jacques Chavy,

René Chenon, Henri Dubief, Pierre

Dugan (pseudonyme de Pierre Andler),

Henri Dussat, Imre Kelemen, Pierre

Klossowski, Patrick Waldberg, Isabelle

Farner (Waldberg), Michel Koch, Jean

Atlan, Alain Girard et Jean Dautry), on

considère qu’autant de portefeuilles

furent réalisés. Cependant, seul

trois exemplaires ont été identifiés

à ce jour : ceux d’Henri Dussat (avec

une carte en couleurs) et de Jacques

Chavy, et celui que nous présentons,

appartenant à Patrick Waldberg.

Ce dernier révèlera d’ailleurs le

sacrifice ultime auquel Georges Bataille

aspirait pour faire naître d’Acéphale

une véritable religion : « À la dernière

rencontre au cœur de la forêt nous

n’étions que quatre et Bataille demanda

solennellement aux trois autres de

bien vouloir le mettre à mort, afin

que ce sacrifice, fondant le mythe,

assurât la survie de la communauté.

Cette faveur lui fut refusée. Quelques

mois plus tard se déchaînait la vraie

guerre qui balaya ce qui pouvait rester

d’espoir » (« Acéphalogramme »,

Magazine

littéraire

, n° 331, avril 1995).

Provenance :

Patrick Waldberg

Quelques pliures et salissures

5 000 - 6 000 €