les collections aristophil
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silencieux et je n’ai pas osé venir. Mais si
j’avais su que nous devrions dîner près de
la Seine… j’avais l’âme toute préparée pour
les guinguettes, le clair de lune dans l’eau
et les romances pas compliquées. J’ai
regretté d’avoir perdu cette soirée à une
terrasse du Quartier latin, aux côtés d’une
poule qui n’en valait pas la peine. Je suis
quelquefois idiot. Voulez-vous dimanche
prochain si vous n’avez rien de mieux à
faire ? Je pars pour le Midi ce soir et je
rentre vendredi. J’essaierai de vous voir
vendredi même. Croyez à ma vieille amitié.
Antoine »
Saint Exupéry partagea la proche amitié
de Lucie-Marie Decour avec Henry de
Ségogne, notamment. Il échangea avec
elle des lettres en partie publiées qui
« jusque dans leur incertitude sentimentale,
valent par leur précision pittoresque et la
délicatesse de leur badinage » (Œuvres
complètes, II, Bibliothèque de la Pléiade,
2009, p. 1445).
PROVENANCE :
Lucie-Marie Decour puis à sa
descendance ; vente à Paris, le 29 avril
2013, lot 139
Pliures ; quelques taches ; encre un peu
passée
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ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY
(1900-1944)
Lettre autographe signée à Lucie-
Marie Decour. [S.l.n.d. ; cachet
postal : Paris, 5 avril 1927 ?].
2 p. sur un double f. in-8 (19 x 15 cm)
de papier vélin et enveloppe avec
suscription autographe, encre noire.
4 000 / 6 000 €
Jolie lettre inédite :
« Je n’ai pas pu téléphoner samedi ayant
déjeuné dans un bistro près du terrain que
ne possédait pas cet instrument. Quand
je suis rentré à Paris ce printemps qu’il
faisait m’a fichu un insupportable cafard.
J’ai pensé que je serais un compagnon