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HISTOIRE POSTALE

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JEAN MERMOZ (1901-1936)

Le développement de la ligne d’Amérique du Sud et

la traversée de l’Atlantique : manuscrit autographe,

abondamment raturé et corrigé. [Fin 1934 ?].

16 p. sur 15 f. in-4 (26,8 x 21 cm) de papier vélin à bords

dentelés, crayon noir, foliotation partielle au crayon noir

(1-12).

20 000 / 30 000 €

Brouillon original partiel d’un TRÈS IMPORTANT EXPOSÉ SUR LE

DÉVELOPPEMENT DE LA LIGNE D’AMÉRIQUE DU SUD ET LA

TRAVERSÉE DE L’ATLANTIQUE, pour le service postal et pour le

transport de passagers. Mermoz, dressant un parallèle entre l’avion

et l’hydravion, revient aussi dans ce texte sur ses propres traversées :

« Entrant donc immédiatement dans le vif du sujet, je pense que

l’avion et l’hydravion ont chacun leur place dans l’avenir des

traversées aériennes transatlantiques commerciales : l’avion au

point de vue purement postal, l’hydravion au point de vue purement

passagers. À mon humble avis, je considère que la question postale

sur la ligne d’Amérique du Sud doit être la première à envisager.

C’est la seule susceptible de faire vivre économiquement cette

ligne malgré toutes les réductions de subventions à envisager. […]

Maintenant que l’Atlantique Sud au point de vue météorologique

soit d’une facilité de passage presque monotone à force d’être sans

histoires, je n’en suis pas plus sûr. Le fameux pot au noir, qui est la

plupart du temps localisé, qui se déplace du N au Sud et de l’Est

vers l’Ouest selon la force des vents alizés de NE dans l’hémisphère

N et de ceux se SE dans l’Atlantique Sud, n’est peut-être pas, j’en

conviens, un obstacle infranchissable de nuit noire. Dans la zone

où il se trouve, les vents sont généralement nuls. Mais il existe

des perturbations au moment de la mousson de SW qui sont

absolument indépendantes d’un système météorologique connu et

stable. Pour ma part, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer deux fois

entre Natal et le rocher S

t

Paul dans la zone de l’île Fernando de

Noronha. La première fois de jour : ce n’était pas une succession

de grains relativement espacés comme ceux du pot au noir, mais

un véritable système cyclonique avec un front de tornade barrant

la route d’Est en Ouest sur une distance inappréciable parce que

trop étendue, aux nuages collés à l’eau avec par endroits quelques

trombes marines suffisamment caractéristiques par leur forme pour

ne pas les reconnaître comme entièrement dangereuses. La mer

était démontée et semblait se soulever comme aspirée. Pour passer

au-dessus, il aurait fallu au moins atteindre cinq mille mètres pour

trouver le calme. Changeant de route et circulant pendant vingt

bonnes minutes vers l’Est, en bordure de ce front sans fissures, j’ai

fini par trouver une vague issue qui semblait plus claire et m’y suis

engagé. En deux abattées successives l’appareil engagé à fond est

descendu jusqu’à l’eau. De justesse il s’est redressé sous l’effort

désespéré des commandes. En même temps nous sommes entrés

dans une véritable masse d’eau qui semblait s’écrouler. Pendant un

quart d’heure, propulsés par les rafales de vent dans un véritable

déluge, à quelques mètres d’une mer démontée, Dabry, Gimié,

Collenot avons trouvé les minutes longues… Puis peu à peu tout

se calma dans une pluie très dense comme celle des queues de

tornades. Gimié put passer le fatidique TVB. […] »

On joint une dactylographie partielle du texte (12 f. in-4 de papier

pelure).

PROVENANCE :

Vente anonyme à Paris, le 11 octobre 2008, lot M93

Manuscrit incomplet du début du texte ; quelques taches