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HISTOIRE POSTALE

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JEAN MERMOZ (1901-1936)

« Cauchemar d’éther » : poème

autographe signé, raturé et corrigé.

Juby [Cap Juby (Maroc)], 7 juillet

1926.

4 p. sur 4 f. in-4 (25,3 x 20,8 cm) de

papier vergé, encre bleue.

8 000 / 10 000 €

REMARQUABLE POÈME DE 20 QUA-

TRAINS, RÉDIGÉ AU FORTIN DE CAP

JUBY, CÉLÈBRE ESCALE MAROCAINE

DE LA LIGNE CASABLANCA-DAKAR.

Quelques semaines plus tôt, c’est en

cherchant à rejoindre Cap Juby à pieds,

après une panne, que Mermoz finit par se

livrer aux Maures pour ne pas mourir de

soif alors qu’il avait déjà bu le liquide du

astrale… // Elle dort… énigme vivante…

mystérieuse… / Visage aux cils baissés…

bouche sinueuse… / Front bas et têtu

d’enfant capricieuse… / Narine palpitante…

expression malicieuse… // Elle dort…

chair de pierre… marbre inerte… / Beauté

indifférente… d’indifférence trop belle… /

Présence affolante… à mon désir rebelle… /

Elle dort… sa pâle nudité découverte… […] ».

PROVENANCE :

Vente anonyme à Paris, le 11 octobre

2008, lot M19

Déchirures aux plis, atteignant légèrement

le texte, avec quelques légères

restaurations ; quelques petites taches,

mouillures et pliures

radiateur de son avion. À la fin de l’année

suivante, Saint Exupéry fut nommé chef

d’aéroplace à Cap Juby.

Ce poème, que Joseph Kessel cite dans sa

biographie de l’aviateur, évoque les soirées

où Mermoz, jeune caporal, s’adonnait

aux drogues en compagnie d’une femme

toxicomane :

« Une tiède nuit d’été… sans un souffle de

brise… / Un silence lourd… d’angoissante

volupté… / D’étranges lueurs d’étoiles… un

firmament teinté / De vertes pâleurs… une

lueur attardée… indécise… // La chambre…

immense… gouffre de pénombre… / Le lit…

bas… éclairé d’une lumière spectrale / Sur

l’oreiller très blanc… une tache très sombre…

/ Tête brune de femme… face confuse…