les collections aristophil
26
1333
CLEMENCEAU Georges
(1841-1929)
homme d’État.
MANUSCRIT autographe,
Notes de
voyage. Carlsbad
, [1896 ?] ; 8 pages
in-4 (découpées et numérotées
au crayon bleu pour impression,
et remontées sur cartes).
400 / 500 €
Récit de voyage dans l’Orient-Express et
évocation de la ville thermale de Carlsbad
(Karlovy Vary)
.
[Chaque été, de 1891 à 1913, Clemenceau allait
faire sa cure thermale à Karlsbad (Karlovy
Vary, en République Tchèque), célèbre
pour ses eaux minérales et ses sources
thermales. Le manuscrit présente des ratures
et corrections.]
Clemenceau conte avec humour son voyage
par l’Orient-Express vers la Bohême, et la
traversée du cœur de l’Europe, se livrant à
une féroce attaque contre les Allemands et
les horribles paysages traversés ; tout change
à l’arrivée en Autriche : « L’amabilité souriante
de l’Autrichien nous fait accueil »... Carlsbad,
« c’est le Vichy de l’Europe orientale. Russes,
Polonais, Allemands, Danubiens, Grecs et
Turcs, accourent en troupes serrées pour
demander au
Sprudel
la guérison [...] Le
Sprudel
est un gros jet d’eau chaude qui jaillit
à plusieurs mètres. [...] les hommes viennent
en foule demander à ce génie de la terre
l’heureuse santé que Lourdes n’accorde qu’à
de trop rares élus ». Clemenceau vante les
promenades dans les environs pittoresques,
et évoque la vie calme et réglée du curiste… Il
conclut : « Roulez gaiement vers votre bois,
ô parisiens dévergondés. Le Carlsbadien
pudique s’endort paisiblement bercé par
l’harmonieux gargouillement d’un petit
Sprudel
intérieur qui chatouille honnêtement
des entrailles vertueuses ».
1334
CLEMENCEAU Georges
(1841-1929)
homme d’État.
MANUSCRIT
autographe,
Méditations
électorales
, [début 1901] ; 9 pages in4,
qqs ratures et corrections.
1 000 / 1 200 €
Bel article politique
, « une longue année
avant la consultation des électeurs », où
Clemenceau expose les enjeux de cette
année électorale. On pourrait croire que le
gouvernement républicain et les oppositions
monarchistes vont s’avancer et « déployer
leurs forces en terrain découvert. Mais
comme, au fond, rien n’a changé en France
depuis trente ans et plus, comme il n’y a
aucune indication sérieuse que les choses
soient en voie de changement, comme les
thèmes de toutes les oppositions, cléricale,
césarienne, royale, sont depuis longtemps
connus de tout le monde, et comme nos
gouvernements enfin ont eu jusqu’ici pour
éternelle politique de promettre et de ne pas
tenir, […] le
statu quo
sera maintenu »… Une
seule question passionne tous les camps, il
s’agit de la forme du gouvernement... « Le
nationalisme est le nom générique de tous
les mécontentements. Tout le monde ne
peut pas être Président de la République, et
c’est un grand malheur […]. Il a naturellement
le concours de tous les ennemis de la
République, mais, comme il n’a de chances
de succès qu’à la condition de détacher des
voix républicaines, il se dit républicain »…
Quant aux cléricaux, Clemenceau dénonce
leur influence dans le gouvernement : « Par
timidité d’esprit, par faiblesse de caractère le
parti républicain a reculé devant les solutions
de liberté. Il a ajourné la dénonciation du
concordat […], il a pris position contre la
liberté d’enseigner, […] il a laissé submerger
la société civile par le flot montant des
moineries. Maintenant il faut se défendre, ou
périr, et l’on se demande où sont les moyens
de salut »… Il déplore tout le temps perdu
en immobilisme jusqu’aux élections, car le
gouvernement fera tout pour éviter que des
mesures contre les congrégations coïncident
avec la consultation du suffrage universel :
« Est-ce là ce que le parti républicain appelle
une politique d’action ? »… Clemenceau
déplore le regain de nationalisme, « qui est la
conséquence naturelle de la solution d’iniquité
donnée par MM.
WALDECK-ROUSSEAU
et
MILLERAND
à l’affaire
DREYFUS
», mais
il ne croit pourtant pas que les ennemis
de la République soient plus à craindre
qu’autrefois : « Ce n’est pas le Père du Lac qui
remplacera demain M.
LOUBET
à l’Élysée ».
Heureusement, « L’organisation d’un parti
socialiste d’action a fait pénétrer les racines
de l’idée républicaine jusqu’au plus profond
des couches populaires ». Déroulède perd
des voix avec sa « République plébiscitaire »,
tandis que les partis socialiste et radical ont
un vaste champ de réformes devant eux...
1335
CLEMENCEAU Georges
(1841-1929)
homme politique.
MANUSCRIT autographe,
L’Ingratitude humaine
, [7 mars 1914] ;
4 pages et demie in-4 au dos de
papier à en-tête
Sénat
.
1 000 / 1 200 €
Manuscrit complet, avec quelques ratures
et corrections, d’un article de polémique
paru à la « une » de
L’Homme libre
du 7
mars 1914, en réponse à un article du
Temps
de la veille,
M. Briand prisonnier
, d’où il
ressort qu’Aristide BRIAND, ancien président
du Conseil désormais sans portefeuille,
envisage de lâcher la Fédération des
gauches, pour s’entendre avec le député
THOMSON, en prévision des prochaines
élections législatives, et dans l’espoir d’un
retour au pouvoir. Clemenceau ne doute
pas de la véracité des propos rapportés ; il
ironise sur « l’union des républicains » dont
Briand serait partisan, alors qu’il « a fondé un
groupe toute exprès,
aux encouragements
de la droite
, pour se porter du côté de
l’
alliance démocratique, qui n’a plus de
limites à droite
, selon M. MAGINOT lui-
même, tandis que dans son discours de St
Étienne il a commencé par se séparer assez
brutalement des radicaux. Cette opération
de combat a été continuée au Havre et à
la tribune de la Chambre où j’ai remarqué
que M. Briand nous apportait la concorde
à coups de bâton. Et parce que l’opération
n’a pas réussi, parce que toute la majorité
républicaine, (sauf la Fédération soudée à
la droite) s’est prononcée contre M. Briand
“embêté” de et par M. BARTHOU, on nous
parle d’un rendez-vous pour une embrassade
en grande musique. Et vos amis de Rome,
les amenez-vous avec vous pour cette fête.
Je crains qu’ils ne soient moins faciles à
contenter que leurs bons camarades de
gauche. Ils sont bien capables de demander
quelque faveur et nous n’avons rien que la
liberté commune à leur donner »…
1336
CONDÉ Louis-Joseph de Bourbon,
prince de
(1736-1818) chef de l’armée
des Émigrés.
L.A.S. « Louis Joseph de Bourbon »,
Meningen 2 août 1796, à un maréchal ;
1 page in-4.
200 / 300 €
1334