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14

les collections aristophil

1305

ALEXANDRE II

(1818-1881) Tsar de Russie.

L.A., S.P. [Saint-Pétersbourg] 21 janvier/2 février, 22 janvier/3

février et 23 janvier/4 février 1868, à Catherine

DOLGOROUKI

,

«

KATIA

» ; 15 pages et demie in-8 à son chiffre couronné ;

en français avec quelques mots en russe en alphabet latin.

2 500 / 3 000 €

Longue lettre d’amour, où il tente de calmer une crise de jalousie

de Katia

.

Dimanche 9 h. du matin

. Leurs bingerles [terme désignant leurs ébats

érotiques] délirants les ont fait jouir comme des fous hier soir…

3 h.

1/2 après midi

. Il ne veut pas qu’elle se laisse aller à des idées noires.

« Le moment de nous arracher l’un à l’autre nous sera certes pénible,

mais Dieu aura pitié de nous comme l’année passée »…

Minuit 1/2

:

« Tous les détails de notre délicieuse soirée d’hier me hantent sans

cesse […]. Nos figures en portent de jolies traces aujourd’hui, mais

nous en sommes très contents et il me semble que nous éprouvons

la même rage de recommencer, ce qui n’aurait pas manqué d’arriver

si nous pussions nous coucher ensemble dans ce moment. Hélas !

nous devrons patienter jusqu’à demain. Malheureusement on a changé

d’Opéra et comme on veut y aller, je ne pourrais pas rester à la maison,

comme je l’avais espéré »…

Lundi 9 h. 1/2 du matin

. « Ah ! oui, – tu

as bien raison de dire que rien au monde ne peut se comparer au

bonheur et à la jouissance que l’on éprouve

réciproquement

de l’être

aimé. Ceci doit t’expliquer le sentiment de jalousie dont je t’ai parlé,

car je n’aime pas à jouir seul. Je vois que nos rencontres d’hier nous

ont laissé la même impression et que tu as su lire dans mes yeux,

comme moi dans les tiens, ce qui débordait dans nos cœurs, qui n’en

forment

qu’un

depuis bien longtemps »…

4 h. après midi

. Récit de ses

tristes adieux « à

notre

sœur », qui porte désormais certaine bague

d’Alexandre… Il se rappelle avec nostalgie leurs promenades en voiture

à Paris, « au bois. Les 10 jours, que nous y avons passé ensemble,

me paraissent comme un rêve de bonheur et il faut avouer que nous

avons su en jouir comme des fous »…

10 h. 1/2 du soir

: « pourquoi

me faire des scènes dès que je te parle de celle que j’aimais jadis et

qui m’est devenue

plus qu’indiférente

, et comment ne veux-tu pas

comprendre qu’après une intimité de plus de 12 ans, on puisse rompre

toute espèce de rapport, non pas d’amitié même, mais de simple

politesse. Toi qui est devenue

ma conscience

, comment peux-tu

croire que je puisse jouer la comédie avec toi […] l’arrivée prochaine,

de la certaine personne,

est un véritable cauchemar pour moi

et la

perspective de me retrouver en tête à tête avec elle une corvée et une

punition » ; il tâchera de l’éviter autant que possible, car depuis qu’il

est devenu son bien, « le reste et

surtout les femmes, sans aucune

exception

, n’existent plus pour moi. L’obligation de voir du monde

et de faire des visites, m’est devenue odieuse et tout ce que j’aurais

voulu c’est de disparaître avec toi, pour qu’on nous oublie et que je

puisse me consacrer à toi seule »…

Mardi 9 h 1/2 du matin

. Sa lettre

l’a rendu encore plus triste : « dans

ta jalousie injuste

tu te crées des

choses qui n’existent que dans ton imagination. […] Tu es ma joie, mon

bonheur, ma consolation, mon courage et je suis heureux, heureux,

heureux, entends-tu

d’être complètement absorbé par toi

»…

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ALEXANDRE II

(1818-1881) Tsar de Russie.

L.A., 9-10/21-22 février 1869, à Catherine DOLGOROUKI,

« KATIA » ; 4 pages in-8 ; en français avec quelques mots en

russe en alphabet latin.

1 500 / 2 000 €

Lettre d’amour à sa maîtresse

.

Dimanche 3/21 février midi ½

. « Ce n’est qu’en rentrant de la messe,

dans ce moment, que j’ai reçu ta chère lettre de ce matin, qui m’a

rendu à la vie, car ce retard m’avait mis dans tous les états et j’étais

assailli par toutes les idées noires possibles. Mais je suis désolé que

tu aies derechef passé une nuit blanche et cela après avoir reçu ma

lettre, que j’espérais t’aurait calmé et redonné du soleil. Oh ! mon

Dieu ! pourquoi ne puis-je pas volé moi-même auprès de toi, pour ne

jamais te quitter et ne vivre que pour toi. C’est le cri de ton cœur et le

sujet de toutes mes prières et je ne veux pas désespérer que Dieu y

reste sourd et ne réalise un jour le rêve de notre vie. Je t’aime et suis

heureux de t’aimer et de n’appartenir

qu’à toi

pour toujours aimer et

plus rien ». À 4 h.

après midi

. Il rentre de la parade, de ses visites du

dimanche et de la promenade où il a pu croiser la voiture de Katia :

« J’ai encore d’ennuyeuses paperasses à achever et veux ensuite me

reposer, avec l’espoir de me retrouver avant 8 h. dans tes bras ». À

minuit ¾ h.

Il rentre du spectacle, où il a manqué s’endormir : « je me

sens tout imprégné de notre bonne soirée et […] malgré la fatigue que

j’éprouvais, j’ai pourtant joui jusqu’au délire, de nos bingerles. N’oublie

pas ce que je t’ai dit tantôt : que je me sens heureux et fier et relevé

à mes propres yeux de n’appartenir, depuis

un an demain, qu’à toi

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