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histoire
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ALEXANDRE II
(1818-1881) Tsar de Russie.
L.A., S.P. [Saint-Pétersbourg] 19/31 janvier et 20 janvier/1
er
février 1868, à Catherine
DOLGOROUKI
, «
KATIA
» ; 12 pages
in-8 à son chiffre couronné ; en français avec quelques mots
en russe en alphabet latin.
2 500 / 3 000 €
Très belle et longue lettre d’amour fou à Katia, évoquant leurs
bingerles
(ébats érotiques).
Vendredi 9 h. 1/2 du matin
. Grâce à son ange qu’il aime plus que la
vie, il a admirablement dormi et se sent encore « tout imprégné de
nos bingerles »…
11 h. du matin
. « Il me semble que je n’ai pas su
assez t’exprimer hier, tout ce qui débordait d’amour et de tendresse
pour toi, dans ce cœur qui t’appartient à tout jamais et qui ne respire
que par toi. […] n’oublie pas que
ce n’est que toi
, mon
tout
, qui me
rattache à la vie, dans l’espoir de pouvoir te la consacrer un jour en
entier. […] Oh ! merci, merci pour la confiance que tu as en moi et
ma vie te prouvera que j’en suis digne. Celle que j’ai en toi est aussi
illimité. Que Dieu ait pitié de nous et ne nous abandonne pas »…
3 h.
1/2 après midi
. Elle était tellement ravissante tout à l’heure lorsqu’ils
se rencontrèrent qu’il eut toutes les peines du monde à ne pas se
jeter à son cou… Il raconte une conversation qu’il a eue avec la sœur
de Katia, qui lui parla de leurs bingerles : « Il faut avouer que nous
sommes deux fous qui ne pensent qu’à jouir de toutes les façons de
notre amour »…
9 h. du soir
. « Nous eumes quelques personnes à
dîner, ce qui m’embête et m’ennuie au-delà de toute expression »…
Au moins peut-il causer par écrit avec son adorable lutin, dont il est
plus amoureux que jamais ; il rend grâces à Dieu de les avoir réunis…
Minuit
. Il évoque leur bain qu’ils n’ont pu s’empêcher de prendre
ensemble, et de jouir dans l’eau…
Samedi 9 h 1/2 du matin
. « Je suis
devenu
ta vie
et toi
tu es la mienne
»…
1 h. 3/4 après midi
. Après une
matinée particulièrement laborieuse, la seule chose qui le ranime « c’est
l’espoir de te rencontrer bientôt en traineau et de nous retrouver ce
soir dans notre cher nid et je dois t’avouer, cher Ange, que j’éprouve
de nouveau la rage de nos bingerles »… Il a rencontré sa sœur au
Jardin d’Été : « tu l’avais chargée de me dire que je devais deviner
moi-même la signification de bingerle. Elle prétend le savoir, mais
n’a pas voulu me le dire, tout en riant comme une folle. J’avoue que
je serais curieux de savoir le sens qu’elle donne à cette expression
que nous aimons tant et encore plus
la chose elle-même
»… Suivent
quelques interjections en russe… « Tu sais, cher Ange, que dans nos
cœurs nous sommes depuis plus d’un an mari et femme, aussi je
ne cesserai, jusqu’à mon dernier soupir, de me regarder comme
ton bien »…
Minuit
. Elle l’a fait jouir doublement, en partageant avec
lui le délire du bonheur qu’il éprouvait. « Mais au nom du Ciel ne te
fâches pas pour la franchise avec laquelle je t’ai parlé ce soir. J’aurais
peut-être mieux fait de ne pas te le dire, mais c’est devenu un tel
besoin pour moi de
tout
te dire, que je ne sais plus rien te cacher
[…]. Tu dois comprendre que ma position est souvent bien délicate
et que je dois malheureusement bien souvent jouer la comédie pour
ne pas éveiller des soupçons »…