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les collections aristophil
littérature
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CHATEAUBRIAND FRANÇOIS-RENÉ DE (1768-1848)
L.A.S. « Chateaubriand », Paris
27 septembre 1824, [à Jean ECKARD] ; 2 pages in-4.
1 000 / 1 200 €
Sur sa brochure
Le roi est mort, vive le roi !
[Jean ECKARD (1761-1839) est l’auteur d’ouvrages historiques sur la
captivité de la famille royale au Temple.]
« Ma petite brochure n’a la prétention ni d’être une histoire, ni même
un mémoire historique. [...] je n’ai point dit du tout que c’est à Philippe
de Valois qu’a
commencé
l’application de la Loi Salique ; j’ai préféré
seulement citer un exemple tiré de l’histoire de ce Prince, plutôt
que de celle de Philippe le Long, Prince obscur, tandis que c’est à
l’époque de Philippe de Valois qu’ont commencé ces trop fameuses
guerres avec Édouard III, à propos de la Loi Salique. Si ma brochure
valoit la peine d’être relue, vous verriez [...] qu’il ne s’agit nullement
d’une
date
mais d’un
fait
»…
Correspondance générale
, t. VII, n° 57 (extrait).
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CHATEAUBRIAND FRANÇOIS-RENÉ DE (1768-1848)
MANUSCRIT autographe, [
Bataille de Poitiers
, vers
1825 ?] ; 62 feuillets petit in-4 (env. 22,5 x 18 cm) écrits au
recto, montés sur onglets et reliés en un volume maroquin
rouge, encadrement de trois filets dorés sur les plats,
dos lisse, titre doré, cadre intérieur de maroquin rouge
orné d’une frise dorée, gardes de papier peigné
(taches d’humidité sur les plats), étui.
30 000 / 40 000 €
Important manuscrit du chapitre de son
Analyse raisonnée de
l’histoire de France
consacré à la bataille de Poitiers, qui opposa en
1356 Jean II le Bon au Prince Noir pendant la Guerre de Cent ans
.
Dans la Préface aux
Études ou Discours historiques
(1831), Cha-
teaubriand explique l’ampleur de son projet, entrepris dès 1811 et
resté inachevé, qui était de retracer l’histoire des dix-huit siècles qui
vont de Jules César à la Révolution, et après des
Discours historiques
qui le menaient jusqu’aux Capétiens, d’écrire l’histoire de la France
à partir des Valois. « La vie qui m’échappe, ne me permettant pas
d’accomplir mes projets, je me suis déterminé à satisfaire ceux de mes
lecteurs qui témoignaient le désir de connaître mon système entier
sur l’histoire de notre patrie. En conséquence, je trace une
Analyse
raisonnée
de cette histoire sous les deux premières races et sous
une partie de la troisième. Quand j’arrive à l’époque où devait com-
mencer mon histoire proprement dite, je donne des fragments des
règnes de Philippe de Valois et du roi Jean, notamment les batailles
de Crécy et de Poitiers, ayant soin de remplir les lacunes par des
sommaires. Après ces deux règnes, je reprends l’
analyse raisonnée
,
et je la continue jusqu’à la mort de Louis XVI ».
La
Bataille de Poitiers
est un des plus remarquables « Fragments »
que donne Chateaubriand dans son
Histoire de France
; elle a paru
en 1831 dans le dernier (V
ter
) des quatre volumes des
Études ou
Discours historiques
dans l’édition des
Œuvres complètes
chez
Ladvocat (
Histoire de France
, p. 129-161). Il en existe une copie de la
main de Mme Récamier (BnF, Manuscrits,
n.a.fr.14089, ff. 222-286).
Le manuscrit présente de nombreuses variantes avec le texte imprimé,
et de nombreuses (environ 300) et importantes ratures, corrections
et additions (dont une sur un petit béquet 4
bis
), dont neuf passages
biffés, comme celui-ci (p. 60) avant la conclusion : « Le triomphe du
Prince de Galles fut l’ouvrage de la chevalerie et de la religion : la
brutale valeur et l’impiété de nos jours, ne produiront pas de pareils
fruits. Plaignons ceux qui ont trouvé de l’orgueil dans la modestie du
fils d’Édouard. Les sentiments des grands cœurs paroîtront toujours
faux aux petites ames ; il y aura toujours des hommes qui ne com-
prendront point Alexandre dans la tente de la mère de Darius ». La
première page donne 12 lignes biffées restées inédites, correspondant
à l’exécution des complices du roi de Navarre et l’emprisonnement
de ce dernier, remplacées dans l’édition par le « sommaire » qui
précède la
Bataille de Poitiers
.
L’épisode dont Chateaubriand décrit ici la genèse, le déroulement
et les conséquences prit place le 19 septembre 1356. Profitant d’une
querelle survenue entre le roi de France Jean II
le Bon
(1319-1364)
et le roi de Navarre, Charles II
le Mauvais
(1332-1387), le roi d’Angle-
terre Edouard III (1312-1377) rompt la trêve et envoie son fils le Prince
Noir (1330-1376) débarquer sur les côtes de France et se joindre à