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les collections aristophil
littérature
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[VICTOR HUGO] (1802-1885)
Le Dernier jour d’un condamné
.
Paris, Charles Gosselin, Hector
Bossange, 1829. In-12 (182 x 109
mm). Demi-maroquin bleu nuit à
grain long et à coins pastiche, dos
lisse richement orné. Tête dorée,
gardes marbrées. Couvertures et
dos chamois clair imprimés en noir
conservés. [Mercier, successeur de
Cuzin].
Faux-titre, titre, 1f. de préface, second
faux-titre, 1 planche repliée, 259 pp.
1 500 / 2 000 €
Édition originale, parue sans nom d’auteur,
de ce célèbre roman, réquisitoire contre la
peine de mort.
On a ajouté en tête du volume un portrait
de Victor Hugo lithographié d’après Achille
Devéria, vers 1830.
Ce roman écrit à la première personne, du
point de vue d’un condamné à mort, est le
premier jalon du courageux combat que
Victor Hugo mènera toute sa vie contre la
peine capitale. Ce long monologue qu’il
appelle lui-même une « espèce d’autopsie
intellectuelle d’un condamné » peignait
magistralement la traversée de l’effroi, à
travers les impressions et les souvenirs
récents du narrateur, depuis le procès
jusqu’au matin de l’exécution. Il épinglait la
bonne conscience des honnêtes gens, la
comédie du procès et la lâcheté des gens
de loi, espérant faire œuvre utile : « Peut-être
cette lecture leur rendra-t-elle la main moins
légère, quand il s’agira quelque autre fois de
jeter une tête qui pense, une tête d’homme
dans ce qu’ils appellent la balance de la
justice. » Hugo passait délibérément sous
silence les détails de la vie du protagoniste
et de son crime, sinon qu’il s’agissait d’un
crime de sang. Ce parti pris visant à renforcer
l’universalité de son propos, et non à susciter
l’empathie avec un cas particulier, ne fut pas
immédiatement compris, alors qu’il contri-
buait durablement à la modernité du roman.
Il lui adjoignit une préface convaincante en
1832 lors de la première des nombreuses réé-
ditions de ce chef-d’œuvre littéraire devenu
un classique de l’engagement abolitionniste.
Rarissime surtout dans cette condition.
Bel exemplaire, gd de marges.
référence
Clouzot, 144. Carteret I-399
provenance
Paul Villebœuf et Bibliothèque littéraire
Charles Hayoit vente du 30 novembre
2005 n°93
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GEORGE SAND (1804-1876)
Lélia
.
Paris, Henri Dupuy, imprimeur-éditeur, L. Tenré, libraire.
1833. 2 tomes en 1 volume in-8 (215x133 mm). Demi-
chagrin maroquiné lavallière à coins, dos à nerfs à caissons
encadrés de triples filets dorés et ornés de fleurons; tête
dorée. Étui-boite en maroquin crème en forme de livre. [de
G.Huser].
T.1- 4 ff. n. ch. (faux-titre, titre, dédicace et épigraphe), 350
pp. ; T.2- 3 ff. n. ch. (épigraphe placée par erreur avant le
faux-titre, titre,), 383 pp.
80 000 / 100 000 €
Édition originale.
Précieux
exemplaire offert par George Sand à Alfred de Musset,
aux débuts de leur liaison. Il est enrichi de deux envois autographes
signés sur chacune des pages de titre.
Sur le premier tome on lit : «
A Monsieur mon gamin d’Alfred. George
»
Sur le second : « A
Monsieur, Monsieur le Vicomte Alfred de Musset.
Hommage respectueux de son dévoué serviteur, George Sand. »
Carteret : « C’est, avec Indiana, un des ouvrages de cet auteur les plus
rares et les plus estimés ». De plus, sont reproduites dans la notice de
son Trésor du Bibliophile les deux dédicaces du présent exemplaire «
retrouvé dans la modeste bibliothèque de Musset » et dont l’histoire
a été racontée par la gouvernante du poète dans ses souvenirs :
«
A ce dernier tome, seize pages sont arrachées, ce sont les pages
209 à 225, où George Sand décrit une scène d’orgie où tout le monde
paraît dans un état voisin de la folie, où le personnage de Sténio est
bafoué et joue un rôle répugnant. […] J’ai supposé que M. de Musset,
lisant, longtemps après, avait voulu retirer de ce livre le passage
peu intéressant qui lui déplaisait. Il avait aussi collé la dédicace du
premier volume avec deux pains à cacheter qui sont encore visibles.
» (Adèle Martellet, Alfred de Musset intime, F. Juven, 1906).
Les lacunes ont été suppléées par 6 feuillets manuscrits au moment
de la reliure. Le ton particulier adopté par chacune des dédicaces
reflète deux tendances opposées de la personnalité de Musset :
d’une part le « gamin » de 23 ans à la sensibilité encore adolescente,
qui écrira un jour à sa maîtresse « je vous aime comme un enfant »
et d’autre part « Monsieur le Vicomte », l’aristocrate parisien, brillant
causeur qui sut séduire la forte personnalité de George Sand. Cette
dualité renvoie aussi aux aspects contrastés de la relation entre ces
écrivains d’exception : ils ont fait connaissance en août 1833 et leur
complicité intellectuelle s’est changée en une liaison passionnée dont
le roman Lélia est curieusement prémonitoire. Musset avait inspiré
le personnage de Sténio avant sa rencontre avec la romancière, qui
admirait déjà le poète. Elle lui envoya les épreuves du livre quelques
mois avant sa parution, suscitant l’enthousiasme de Musset.
Bel exemplaire, grande de marges, agréablement relié, dans un
excellent état de conservation (quelques minimes frottements sur les
nerfs et les coiffes) ; intérieurs très frais, de rares rousseurs éparses,
marques de cachets de cire posés par Musset qui avait scellé la page
de dédicace du premier volume. Petit manque angulaire au premier
feuillet de dédicace avec le mot « gamin » refait.
Exemplaire des plus désirables.
références
Carteret II-306, cite l’exemplaire
provenance
De la bibliothèque Jacques Guérin, II (catalogue Très beaux Livres du
XIX
e
siècle ; 1985 ; n° 90), Paul Louis WEILLER 30 novembre 1998 n°143.