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les collections aristophil
littérature
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GUEZ DE BALZAC JEAN-LOUIS (1597-1654).
MANUSCRIT (copie d’époque) du
Discours à la Reyne
Par
le Sr de Balzac 1643
; cahier in-fol. avec titre-couverture et
22 feuillets soit 43 pages in-4 (env. 22 x 175 cm), enmargés à
l’époque et mis au format in-fol. (31 x 21 cm), paginé 26-[48]
(les derniers numéros cachés par les marges ; galeries de
ver dans la marge intérieure).
7 000 / 8000 €
Version intégrale inconnue, avant la censure, de ce plaidoyer pour
la paix adressé à la Reine Régente Anne d’Autriche
.
Le
Discours à la Reyne
est publié pour la première fois, sous le titre
de
Harangue faite à la Reyne sur sa Régence
, en 1649 chez Toussaint
Quinet (plaquette in-4), mais dans une version censurée.
Cinq ans avant la Fronde, Guez de Balzac rédige ce magnifique plai-
doyer pour la paix, et l’adresse à la Reine Régente ANNE D’AUTRICHE.
Le poète politique implore la Régente de s’appliquer à préserver la
paix, qui détruira les abus.
Il commence : « Madame Nous ne desesperons plus du salut de
nostre Estat. Nous ne croyons plus que les maux de nostre siecle
soient incurables. Si le premier jour de vostre Regence nous a apris
d’esperer un advenir bien heureux : Et si le peuple chrétien chastié
si longtemps et si exemplairement par la Justice du Ciel doit enfin
avoir la Grace de Dieu irrité, vraysemblablement il la recevra par des
mains si pures et si innocentes que les vostres »….
Et il conclut : « Je ne finirois jamais si je voulois compter tous les
avantages qui doivent naistre de cette bienheureuse Paix. Il faut
conclure par le plus grand et plus considerable, Madame, qu’elle
fournira à vostre Majesté des journées tranquilles et un beau loisir
pour l’employer à la bonne nourriture du Roy vostre Fils. Vos pensées
qui se divisent aujourdhuy en autant d’endroits que la Chrétienté a
besouin, et qui embrassent a mesme temps plusieurs Provinces et
plusieurs Royaumes seront alors toutes recueillies et arrestées à ce
seul objet. Apres nous avoir donné un Prince vostre Majesté nous
fera un second present de ce mesme Prince, et par une excellente
Institution, elle nous le redonnera le meilleur et le plus vertueux de
son siecle ».
En 1643, date de rédaction de ce manuscrit, Richelieu est mort depuis
quelques mois, Louis XIII meurt le 14 mai, Louis XIV est mineur, Anne
d’Autriche règne à sa place. MAZARIN domine. Guez de Balzac se
range du côté du pouvoir royal : il soutient le pouvoir légitime contre
« les corps estrangers ». S’il avance avec prudence lorsqu’il mentionne
les « abus de l’authorité », il conseille courageusement le rétablis-
sement du Parlement, et dénonce les favoris « domestiqués » dont
la France eut déjà à souffrir. Les Princes sont un danger, cependant
les éloigner tous serait un désastre. Balzac fait notamment, parmi les
Princes, l’éloge de GASTON, duc d’Orléans, qui « fera à jamais taire
la calomnie ». Il dresse également un beau portrait du Grand CONDÉ
qui sera supprimé avant la parution de sa
Harangue
.
Ce manuscrit donne la version originale du texte avec le plaidoyer
pour Condé : la Paix « scaura separer de tous ceux qui s’apellent
Princes Monseigneur le Prince de Condé, et reconnoistre par des
marques singulieres, et des honneurs choisis, le sacré caractere de
sa naissance, son affection au bien de l’Estat, l’assiduité, le mérite et
la necessité dud[it] Seigneur »... En 1649, lorsque le texte est publié
pour la première fois, sous le titre de
Harangue faite à la Reyne sur
sa Régence
, cette belle recommandation aura disparu : si le Grand
Condé était en cette année 1643 le vainqueur de Rocroi, après quelques
années au service de Mazarin, il a pris la tête de la Fronde des Princes
contre la toute-puissance du ministre, et est depuis en disgrâce ; ce
n’est qu’en 1659 que Condé se ralliera à Louis XIV.
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On ne connaît qu’un seul autre manuscrit de ce plaidoyer. Il est
conservé à la Bibliothèque nationale de France, dans un recueil de
mélanges provenant des Du Bouchet et légué à l’abbaye de Saint-
Victor (Ms Français 23024, fol. 271).
En 1651, au plus fort de la Fronde, le
Discours
n’est pas publié dans
les
Œuvres diverses
de Guez de Balzac imprimées par les Elzevier. Il
paraît dans la deuxième édition qu’ils donnent des
Œuvres diverses
,
en 1658, mais amputé de l’éloge de Condé, comme dans l’édition
Quinet de 1649. Il faudra attendre l’édition in-folio de Billaine en 1665,
pour lire enfin le portrait élogieux de Condé (tome II, p. 466-482),
rallié depuis au Roi.
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GUIBERT JACQUES-ANTOINE-HIPPOLYTE, COMTE DE
(1743-1790) OFFICIER, TACTICIEN ET ÉCRIVAIN.
MANUSCRIT autographe,
Lettre de M. le C
te
de Guibert à
M. de Voltaire en réponse à sa Tactique en vers
, en datte
du 6 X
bre
1773
; 3 pages et quart in-4 (infimes fentes aux plis).
1 200 / 1 500 €
Réponse au poème de Voltaire
La Tactique
, inspiré par la lecture
de l’
Essai de tactique générale
du comte de Guibert
.
[Cet
Essai de tactique générale
fut profondément admiré de Frédéric
II et de Napoléon Bonaparte.]
« Ce n’est point à vous, Monsieur, qu’il faut répondre en vers. Vous
ôtés le courage d’en faire […] Vous ne laissez pas à l’amour propre
plus de ressources en prose ; mais j’ai besoin de vous témoigner ma
reconnoissance et la prose est le langage qui appartient à tous les
hommes. […] Les badinages de votre vieillesse auront la grace de ceux
de votre printems. Vous emporterez votre maniere avec vous. Comme
Raphael vous serez toujours le premier et le seul de votre siècle […]
Continuez, Monsieur, d’abhorer la guerre, dénoncés à l’exécration des
siècles à venir les rois qui la font injustement. Flétrissés les guerriers qui
ne gémissent pas des maux dont leur devoir les fait instrumens ; mais
ne confondez pas avec elle une science qui la rend moins funeste. La
guerre existoit avant que l’art fut créé et dans le tems qu’on s’égor-
geoit sans methode on n’en étoit que plus cruel. Les siècles les plus
heureux sont ceux où les guerriers étudient ne futce que leur triste
profession. Toutes les lumières se touchent, et on n’est plus féroce
dès qu’on s’éclaire »... Etc.
Et il conclut : « Si jamais quelque vapeur de vanité pouvoit me monter
à la tête, ce seroit certainement quand vous me donnez des éloges,
quand vous formez sur moi des présages dont je ne suis pas digne ;
mais j’admire trop les grands hommes pour m’aveugler sur moi même.
Je suis transporté des vertus de Turenne, je pleure à la vue du buste
de Corneille. J’ai été ému en approchant de Ferney, et quand votre
statue sera élevée, je serai un des premiers à la couronner ! Je désire
bien que le sort me ramène encore une fois vers les Alpes ; mais c’est à
Paris, c’est au milieu de votre gloire que je voudrois surtout vous revoir.
Vos jours y seroient prolongés par nos vœux. Vous y completteriés
un siècle qui seroit à juste titre appelé le vôtre. Nous recueillerons vos
dernières paroles, et votre tombe y deviendroit un autel ».
Ce manuscrit présente quelques variantes avec le texte publié.
On joint
deux copies anciennes de
La Tactique
en vers de VOLTAIRE,
dont une suivie de la copie de la lettre de Guibert et de divers extraits
de lettres de Voltaire ; plus huit copies anciennes de lettres de Voltaire.
Archives du comte de GUIBERT (vente 14 octobre 1993, n° 59) ; puis
collection Philippe de FLERS.
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GUIBERT JACQUES-ANTOINE-HIPPOLYTE, COMTE DE
(1743-1790).
DEUX MANUSCRITS autographes, [vers 1775] ; 9 pages et
demie et 6 pages in-4, avec quelques ratures et corrections.
1 500 / 2 000 €
Réflexions militaires et diplomatiques
.
Memoire a lire dans la premiere seance de l’assemblée des ins-
pecteurs de Cav[aleri]e
, [1774]. Discours inaugural à prononcer dans
une assemblée chargée de discuter des moyens de perfectionner
la constitution et la tactique de la cavalerie. « Plus cette marque de
confiance est eclatante, plus le roy, la nation, le ministre sont dans le
cas d’attendre de notre zêle, et de nos efforts. […] On doit se promettre
d’une assemblée comme celle-ci plus d’experience, plus de lumieres,
et surtout des vûes plus grandes et plus nobles. Aucun de nous ne
peut y porter l’esprit d’adulation ou d’interêt personnel. Chaque avis
s’y confondra dans des resultats qui appartiendront a tous »… Guibert
énumère des points à retenir concernant leurs effectifs, leur infério-
rité par rapport à la cavalerie de la première guerre, l’impossibilité
actuelle de recourir à des augmentations nombreuses et subites,
etc. « Les vérités preliminaires etant etablies et developpées par un
mémoire plus etendu ainsi qu’il est aisé de le faire, il seroit conve-
nable de proposer à S.M. de proceder a la confection d’un nouveau
plan de constitution », qui déterminerait les effectifs, la formation, les
ordonnances d’exercice et de service…
Dispositions politiques
, [vers 1775 ?] : « Le consentement et le concours
de l’Espagne à l’execution du present plan sont les premiers objets
dont il faut s’occuper. Les échecs que cette nation vient dessuÿer
rendent sans doute cette negotiation plus difficile. On doit s’attendre
de sa part à des plaintes, à des reproches, et malheureusement il faut
convenir que ce ne sera pas sans fondement. Ce renouvellement
donnera peut etre à la cour de Madrid &a plus de defiance pour nos
mesures, et du desir d’agir pour leur compte. Le ravitaillement de
Gibraltar, loin de les degouter de lentreprise qu’ils ont formée sur
cette place, les y attachera peut-être avec plus d’obstination »… Etc.
On joint
: 2 pages de notes autographes ; un fragment de manuscrit
militaire de la main d’un copiste, avec corrections autographes ; un
dossier de documents et manuscrits utilisés par Guibert pour sa
documentation, dont la copie d’un mémoire du 23 juin 1775 sur « les
dispositions générales à faire pour l’Espagne pour favoriser par des
diversions le succès d’une descente en Angleterre ».
Archives du comte de GUIBERT (vente 14 octobre 1993, n° 66) ; puis
collection Philippe de FLERS.
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