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les collections aristophil

littérature

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GILBERT NICOLAS (1750-1780).

L.A.S. « Gilbert », [Nancy mai-juin 1774], à BACULARD

D’ARNAUD ; 2 pages et demie in-4, adresse (petite

réparation).

400 / 500 €

Belle et très rare lettre littéraire et amicale du malheureux poète

mort à vingt-neuf ans

.

[La destinée tragique de Nicolas Gilbert, qui se suicida en avalant

une clef, a frappé les romantiques ; Vigny a conté son histoire dans

Stello

, et Charles Nodier a publié ses Œuvres.]

Il revient de Metz. Quant à la pièce de Baculard,

Mérinval

, « il seroit deja

joué, malgré l’interruption des spectacles [pour le deuil de Louis XV].

J’avois prévenu le directeur qui se croira toujours trop honoré, quand

un homme d’une réputation aussi justement méritée, aussi célèbre

que vous, daignera lui confier ses ouvrages ; et je suis étonné que,

moi qui vous doit tant de services, je me trouve dans le cas de vous

obliger en fesant représenter une pièce dont les journaux m’avoient

deja annoncé tout le merite. […] Vous connoissez mon devouement,

ma reconnaissance, mon amitié... Soyés sûr qu’il n’est rien que je

ne fasse pour vous prouver combien j’estime et je respecte un aussi

galant homme, un genie aussi sensible que vous ! »

Puis il parle de son ode [sur la mort de Louis XV] dont FRÉRON n’a

pas encore parlé : « je suis très fâché contre lui. Je le vois bien, il

n’a de l’amitié que pour ceux qu’il voit. Je viens de lui écrire […] et

j’espère qu’il se souviendra d’un homme qui ne merite pas encore

un silence aussi injurieux. Vous recevrés un exemplaire d’une ode

qui m’a couté vingt quatre heures et que l’on met pourtant dans ce

pays-ci audessus de l’ode sur la Princesse Charlotte qui m’a couté

deux mois, même en travaillant toutes les nuits. Mais je laisse au tems

le soin de redresser ce jugement des hommes ; et je ne consulte plus

que mes amis et mon sens ! »…

Il plaide en faveur de FRANÇOIS DE NEUFCHÂTEAU, au sujet d’une

satire publiée sous le nom de PALISSOT, et où Baculard a été égra-

tigné : « il est digne de l’attachement d’un aussi honnête homme

que vous. Si M. Palissot a abusé de la faiblesse commune à son age

pour imprimer sous ce nom de ce jeune homme des satyres qu’il

désavoue, on n’en doit point porter la peine aux yeux de Monsieur

d’Arnaud qui se pique de pardonner des etourderies qui n’annoncent

point la méchanceté du cœur. Il vous estime, […] il sacrifie aujourd’hui

Palissot, à l’honneur d’être votre connaissance […] il ne verra plus son

suborneur. Il me l’a promis »…

Gilbert voudrait « faire paroitre une nouvelle édition de toutes mes

poésies corrigées et qui peuvent maintenant former un volume in-12 »,

et prie Baculard de voir le libraire Le Jay. « J’ai plusieurs odes encore

inconnues ou non publiques, et je crois que mon ouvrage pourroit

valoir douze cents livres au moins »…

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GILBERT NICOLAS (1750-1780).

MANUSCRIT autographe signé « Gilbert »,

Stances à M.

d’Arnaud. La Reconnaissance

 ; 4 pages in-4.

700 / 800 €

Rare et important poème d’un précurseur du romantisme, mort

à 29 ans

.

[La destinée tragique de Nicolas Gilbert, qui se suicida en avalant

une clef, a frappé les romantiques ; Vigny a conté son histoire dans

Stello

, et Charles Nodier a publié ses Œuvres.]

Ce poème de

La Reconnaissance

, dédié à BACULARD D’ARNAUD,

sous forme de stances, compte 21 quatrains, soit 84 vers, et présente

des variantes avec le texte publié.

« C’est trop long tems couvrir des voiles du silence

La généreuse main qui s’ouvre à mon malheur,

Allons, cédons aux cris de la reconnaissance

Et que mes premiers chants soient pour mon bienfaiteur. […]

Maintenant que ma voix a vanté ta belle ame,

D’Arnaud, goute le prix de tes dons répandus :

J’ai peint tous mes malheurs ; j’aime mieux qu’on m’en blâme

Que d’avoir de leurs fruits dépouillé les vertus. »

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GOETHE JOHANN WOLFGANG VON (1749-1832).

MANUSCRIT autographe, [

Der Becher

, 1781 ?] ; 3/4 page

grand in-fol. (38 x 23,5 cm).

10 000 / 12 000 €

Beau manuscrit du poème

Der Becher

, dans sa première version

.

Composé en 1781, et publié dans le 8

e

volume des

Schriften

de Goethe

(Leipzig, Göschen, 1789), il se présente ici, sans titre, soigneusement

mis au net, dans une version différente du texte publié, comptant 24

vers (au lieu de 27), en 3 strophes de 9, 7 et 8vers, avec

d’impor-

tantes variantes

.

« Einen wohlgeschnitzten vollen Becher

Hielt ich drückend in den beyden Händen,

Amor trat herein und fand mich sitzen

Und er lächelte bescheiden weise

Als den unverständigen bedauernd.

Freund ich kenn ein schoeneres Gefaese

Werth die ganze Seele drein zu senken

Wenn ich dir es goennte

Es mit eignem Nectar dir erfüllte.

O wie reichlich hat er Wort gehalten

Als er Lyda dich die vielbegehrte

Mir dem lange sehnenden geeignet.

Wenn ich deinen lieben Leib umfasse,

Und von deinen einzig treuen Lippen

Langbewahrter Liebe Balsam koste

Seelig sprech ich dann zu meinem Geiste:

Nein !, ein solch Gefaes hat auser Amorn

Nie ein Gott gebildet noch vesessen

Solche Formen treibet nicht Vulcanus

Mit den sinnbegabten feinen Hammern

Auf besonnten Hügeln mag Lyaeus

Durch die aeltste klügste seiner Faunen

Ausertesne Trauben keltern lassen

Solchen Trank verschafft ihm keine Sorgfalt. »

Dans la marge de droite, brouillon d’une traduction en français, d’une

main non identifiée :

« Un gobelet bien travaillé plein je serrais fortement entre mes mains.

Amour entre, et me trouve asssis ; et il sourit sage modeste, et plai-

gnant, comme un insensé.

Ami, je connais un plus beau vase, digne que tu y plonges toute ton

âme. Que dirais-tu si je t’en faisais présent et que je le remplissais

d’un vrai/propre nectar.

Oh ! comme il a tenu abbondamment parole ! Quand toi, Lidia,

beaucoup désirée, il te donne à moi qui languissais depuis longtems

après toi.

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Quand j’embrasse ton charmant corps, et que de tes uniques fidelles

lèvres, je goûte le baume de l’amour, que tu as retenu si longtems,

alors heureux je parle à mon âme.

Non, un tel vase, hors l’amour, aucun dieu n’a ni formé ni possédé !

Vulcain n’en travaille point de telle forme avec ses fins marteaux

doués de sens.

Sur les collines éclairées de soleil Liaeus peut bien par les plus âgés

et les plus expérimentés de ses faunes faire presser les raisins les

plus choisis, aucun soin ne lui donnera jamais une pareille boisson ».

Der Becher,

en français

Le Gobelet

, a été traduit en français par Henri

Blaze en 1843 sous le titre

La Coupe

.