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les collections aristophil
littérature
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DIDEROT DENIS (1713-1784).
L.A.S. « Diderot », Paris 21 septembre 1779, à l’abbé
GALIANI, à Naples ; 1 page in-4, adresse avec petit cachet
de cire rouge.
4 000 / 5 000 €
Jolie lettre de recommandation
.
[L’abbé Ferdinando GALIANI (1728-1787) s’était lié avec Diderot lors
de son séjour à Paris comme secrétaire de l’ambassade de Naples ;
un des plus grands économistes de son temps, il initia Diderot à la
politique et à l’économie. Jean-Nicolas DÉMEUNIER (1751-1814) avait
publié en 1776
L’Esprit des usages et des coutumes des différens
peuples, ou observations tirées des voyageurs et des historiens
.]
« Monsieur et tres aimable abbé
M
r
De Meunier qui vous presentera ce billet est là, debout, à coté de
ma table, en bottes, le fouet à la main, tout pret à partir, et bien resolu
de ne partir qu’avec un mot de moi qui vous le recommande. M
r
De
Meunier est homme de lettres, homme d’esprit, honnête homme.
C’est l’ami de vos amis. Il voyage par curiosité. Je vous supplie de
lui rendre tous les bons offices qu’un de vos protégés obtiendroit
de moi. Je vous salue. Je vous embrasse. Si vous ne pensez pas
quelquefois à des hommes qui ne vous oublieront jamais, parce que
personne ne remplira jamais le vuide que vous avez laissé dans leur
société, vous etes le plus ingrat de la race humaine ».
Correspondance
, éd. G. Roth, t. XV, p. 153 (n° 906).
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FICHTE JOHANN GOTTLIEB (1762-1814).
L.A.S. « Fichte », [Oßmannstedt août ? 1795], à un cher
ami [Friedrich SCHILLER ?] ; 1 page in-8 (quelques légères
rousseurs) ; en allemand.
700 / 800 €
« Mit dem herzlichsten Dank, Theurer Freund, schick ich Ihnen den
Meister des Meisters [GOETHE,
Wilhelm Meisters Lehrjahre
] zurück.
Wir haben uns letzthin noch gar nicht ausgeredet. Machen Sie mich
so glücklich, daß es noch hier in Osmanstedt geschehe.
Der Ihrige Fichte
A propos: indem ich zusiegeln will, fällt mir etwas ein, das ich schlech-
terdings ganz vergessen hätte. Ich bin auf vielfache Weise in Ihrer
Schuld, und habe mich schlechterdings nicht daran erinnert bis auf
diesen Augenblick. Damit ich nicht in die Gefahr komme, es ganz
zu vergeßen, haben Sie die Güte mir inzwischen zu wißen zu thun,
was es macht. »
Avec ses remerciements les plus cordiaux, il renvoie à son très cher
ami le « Meister des Meisters » (jeu de mots intraduisible : le Meister
du maître, c’est-à-dire
Les Années d’apprentissage de Wilhelm
Meister
de GOETHE]. Ils ne se sont pas beaucoup parlé récemment
et il serait heureux que cela se produise encore à Oßmannstedt…
En scellant la lettre, quelque chose qu’il allait oublier lui est revenu
en mémoire. Il s’est endetté auprès de son correspondant à bien
des égards, et ne s’en est tout simplement pas souvenu. Afin qu’il
ne coure pas le risque de l’oublier complètement, il prie de lui faire
savoir de combien il s’agit.
Fichte terminait alors à Oßmannstedt près de Weimar la rédaction
des
Grundlage der gesamten Wissenschaftslehre
(
Principes de la
doctrine de la science
).
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FRANÇOIS DE SALES SAINT (1567-1622).
L.A.S. « Franç
s
E. de Geneve », « a Neci » [Annecy] 6
septembre 1613, à « Madame de Pezieu » [Françoise de
Longecombe de PEYSIEU] ; 1 page in-fol., adresse au verso
avec sceau sous papier (quelques légères rousseurs, petit
trou de ver dans le texte).
4 000 / 5 000 €
Belle lettre d’affection à une parente
.
[Françoise de Disimieu, épouse de François-Philibert de Longe-
combe de Peysieu, veuve en 1591, avait cinq enfants : Balthazar,
héritier du titre ; Jacques, religieux et vicaire général du prieuré
de Nantua ; Louis, seigneur de Selignieu, qui partit en mission
avec les Capucins au Brésil, où il mourra en 1614 lors du combat
de l’île de Maragnan ; François, baron de Salagine, qui épousera
Jeanne-Aimée de Beaufort en 1622 ; Hélène, qui sera dame de
Grandmaison ; et Lucrèce, qui sera dame de Saint-André de
Cervières. Elle mourut en 1617. Elle était apparentée à François
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de Sales par le mariage d’une des aïeules de François avec un
François de Longecombe, et François de Sales, qui entretint avec
elle une belle correspondance, l’appelait sa « très chère mère »].
« Madame ma treschere mere, ce porteur est trop fidele, pour
le laisser partir sans que je luy donne ces quatre mots qui vous
asseureront sil vous plait, de la continuelle souvenance que j’ay de
mon devoir filial envers une si bonne mere comme vous m’estes.
Que fussé je autant utile a vostre service comme je suis dedié a
vostre honneur. Au moins n’oublie-je pas de vous souhaiter sou-
vent, la paix et consolation celeste ; pour le bonheur de vostre
vie que Dieu face, longue, au milieu de ces chers enfans, et des
enfans de vos enfans quil vous fait voir. Jy comprens encor nostre
monsieur de Selignieu, lequel plus il est esloigné de cors, plus
nous le voyons souvent en esprit. Qu’il est heureux ce cher père,
d’avoir quitté ce monde de deça, dans lequel il estoit né, pour en
conquerir un nouveau et y faire naistre plusieurs am[es a] Dieu !
Madame ma treschere mere, je men resjouis avec vous »…
Œuvres
, édition d’Annecy, t. XVI,
Lettres
, vol. VI, p. 65 (
cmxi
).