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les collections aristophil

littérature

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DIDEROT DENIS (1713-1784).

L.A.S. « Diderot », [milieu de 1755 ?, à André LE BRETON] ;

1 page in-8 (portrait joint).

4 000 / 5 000 €

À l’éditeur de

l’Encyclopédie

, au sujet de la préparation du tome V

.

« Puisque mes affaires sont entre les mains de M

r

David, je connois

de longue main combien il est disposé à me rendre de bons offices ;

quoi qu’il en arrive, je vous remercie très sincèrement de tout ce que

vous avez eu la bonté de faire. J’aurai l’honneur de passer demain

chez vous. Il seroit bien facheux que ce scelé de l’abbé Lenglet différât

beaucoup à se lever. Ne soiez point inquiet de trouver quelqun qui

suplée à l’abbé du Fresnoy ; je le ferai non pour vos affaires, mais

pour vous que j’estime et que j’obligerai tant que je le pourai »... [Il

s’agit des papiers de l’abbé Nicolas LENGLET DU FRESNOY, mort

le 16 janvier 1755.] Il faut aussi faire rentrer les articles de César DU

MARSAIS.

« Je garde les trois cahiers ; mais que M

r

Brulé ne s’en allarrne point

pour l’avenir. Je les renverrai dans la suite un à un. Il falloit necessai-

rement intercaller dans le premier l’article Docteur en theologie ; et

je ne fais que de le recevoir de l’abbé MALLET à l’instant. Je travaille

autant que le defaut de planches me le permet. Dieu veuille que cela

ne tire point à consequence pour la suite »...

Correspondance

, éd. G. Roth, t. I, p. 195 (n° 51).

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DIDEROT DENIS (1713-1784).

L.A.S. « Diderot », dimanche [novembre 1758], à Jean-

Baptiste

SUARD

 ; 1 page in8, adresse avec cachet de cire

rouge brisé.

4 000 / 5 000 €

Au sujet de la publication de sa pièce

Le Père de famille

.

[La comédie de Diderot

Le Père de famille

venait d’être publiée à Paris

par Michel Lambert (sous la fausse adresse d’Amsterdam) avec un

Discours sur la Poésie dramatique

. On accusa Diderot d’avoir plagié

GOLDONI, dont on venait de traduire

Le Véritable Ami

et

Le Père de

famille 

; ces éditions étaient accompagnées d’épitres dédicatoires

persifleuses qu’on atrribuait à tort Diderot.]

Il s’excuse d’avoir fait venir Suard trois fois chez lui en vain, alors qu’il

aurait dû le prévenir. « Mais c’est plus la faute de M

r

LAMBERT

que la

mienne. Imaginez que je n’ai reçu le petit nombre d’exemplaires dont

nous étions convenus qu’hier au soir, qu’ils ont été envoyés chez M.

GRIMM. J’y vais à l’instant et, comme il demeure dans votre voisinage,

je mettrai à votre porte un exemplaire de mon

Père de famille

, que

je vous prie d’accepter ; un autre que je vous prie de faire passer à

M. Deleyre, avec un exemplaire des deux pièces Italiennes traduites.

Je suis bien faché qu’un des suffrages qui me flatteroit le plus, si je

l’avois mérité, soit un des derniers que j’obtiendrai, si je l’obtiens »…

Correspondance

, éd. G. Roth, t. II, p. 78 (n° 100).

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DIDEROT DENIS (1713-1784).

P.A.S. « Diderot », Paris [1765] ; demi-page oblong in-8.

3 000 / 4 000 €

Reçu pour le tome VIII de

L’Encyclopédie

.

« Reçu de M

r

Le Breton pour le meme objet porté dans les billets

précédents, et pour le huitième volume, et pour l’explication des

Planches ; trois cent livres. A Paris ce [

en blanc

] Diderot »

[André LE BRETON (1708-1779), éditeur parisien, fut à l’origine du

projet de l’

Encyclopédie, dictionnaire des sciences, des arts et des

métiers

, dont Diderot dirigea la rédaction en compagnie de D’Alem-

bert. La préparation du huitième volume fut achevée à la fin de 1762,

comme Diderot l’annonce le 26 septembre 1762 à Sophie Volland :

« Le huitième volume de discours tire à sa fin. Il est plein de choses

charmantes et de toutes sortes de couleurs […] Cet ouvrage produira

sûrement avec le temps une révolution dans les esprits ». Le volume

parut avec les tomes 9 à 17 en décembre 1765.]

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DIDEROT DENIS (1713-1784).

L.A., [fin décembre 1766, à Mademoiselle Marie-Madeleine

JODIN, à Varsovie] ; 3 pages in-8 (quelques très légères

salissures).

6 000 / 8 000 €

Belle et longue lettre de conseils à la comédienne, qui veut quitter

Varsovie pour Paris ; Diderot s’efforce de l’en dissuader, car elle

a encore des progrès à faire

.

[Marie-Madeleine JODIN (1741-1790), fille d’un horloger qui collabora

à l’

Encyclopédie

, devint après la mort prématurée de son père la

protégée et « filleule » de Diderot, qui, outre son rôle de tuteur moral,

prodigua nombre de conseils à la jeune actrice.]

« Il est tres difficile, Mademoiselle, de vous donner un bon conseil.

Je vois presqu’égalité d’inconvénients aux différens partis que vous

avez à prendre. Il est sur qu’on se gâte à une mauvaise école, et

qu’il n’y a que des vices à gagner avec des comediens vicieux. Il

ne l’est pas moins que vous profiteriez plus ici spectatrice, qu’en

quelqu’endroit que ce soit de l’Europe, actrice. Cependant c’est

le jugement, c’est la raison, c’est l’étude, la reflexion, la passion, la

sensibilité, l’imitation vraie de la nature qui suggerent les finesses

de jeu ; et il y a des defauts grossiers dont on peut se corriger par

toute terre. Il suffit de se les avouer à soi meme, et de vouloir s’en

defaire. Je vous ai dit, avant votre depart pour Varsovie, que vous

aviez contracté un hoquet habituel qui revenoit à chaque instant, et

qui m’étoit insupportable ; et j’apprens par de jeunes seigneurs qui

vous ont entendue, que vous ne scavez pas vous tenir, et que vous

vous laissez aller à un balancement de corps très deplaisant. […] Cette

action est sans dignité. Est-ce que pour donner de la vehemence

à son discours, il faut jetter son corps à la tete. Il y a partout des

femmes bien nées, bien élevées, qu’on peut consulter et dont on

peut apprendre la convenance du maintien et du geste. Je ne me

soucierois de venir à Paris, que, dans le tems où j’aurois fait assez

de progrès pour profiter des leçons des grands maitres ; tant que je

me reconnaitrois des defauts essentiels, je resterois ignorée et loin

de la capitale. Si l’intérêt se joignit encore à ces considerations ; si

par une absence de quelques mois je pouvois me promettre plus

d’aisance, une vie plus tranquille et plus retirée, des études moins

interrompues, plus suivies, moins distraites ; si j’avois des preven-

tions à detruire, des fautes à faire oublier, un caractere à etablir, ces

avantages acheveroient de me determiner. Songez, mademoiselle,

qu’il n’y aura que le plus grand talent qui rassure les comediens de

Paris, sur les épines qu’ils redoutent de votre commerce ; et puis le

public qui semble perdre de jour en jour de son gout pour la tragedie,

est d’une difficulté egalement effrayante et pour les acteurs et pour

les auteurs. Rien n’est plus commun que les debuts malheureux.

Étudiez donc, travaillez, acquerez quelqu’argent, defaites vous des

gros defauts de votre jeu, et puis venez ici voir la scene et passez les

jours et les nuits à vous conformer aux bons modeles. Vous trouverez

bien quelques hommes de lettres, quelques gens du monde prets

à vous conseiller ; mais n’attendez rien des acteurs ni des actrices.

N’en est-ce pas assez pour elles du degout de leur état, sans y ajouter

celui des leçons, au sortir du theatre, dans les moments qu’elles ont

destinés au plaisir ou au repos ».

Il lui donne des nouvelles de sa mère, qui a loué un logement : « il ne

lui reste plus qu’à se conformer à vos vues, selon le parti que vous

suivrez. […] J’accepte vos souhaits ; et j’en fais de très sinceres pour

votre bonheur et vos succès. »

Correspondance

, éd. G. Roth, t. VI, p. 377 (n° 426).

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