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les collections aristophil
littérature
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CHATEAUBRIAND FRANÇOIS-
RENÉ DE (1768-1848).
L.S. « Chateaubriand », Paris 25 avril
1826, à M. ROSSIGNOL ; 1 page in-4,
adresse (petites taches, papier un peu
bruni, fentes au feuillet d’adresse).
100 / 150 €
« Mon état de souffrances, Monsieur, et
mon départ de Paris ne me laissent dans ce
moment aucun moyen de vous être utile. Je
vous prie de croire en tous mes regrets et
au plaisir que j’aurois eu de vous procurer
l’emploi que vous désirez »…
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CHATEAUBRIAND FRANÇOIS-
RENÉ DE (1768-1848).
L.A.S. « Chateaubriand », Paris 30 mai
1827, [à Paul-François
DUBOIS
] ; 2
pages et quart in-4 (petites déchirures
et fentes sans manque).
1 500 / 2 000 €
Belle lettre sur Combourg et les
Mémoires
d’outre-tombe
.
« J’ai souvent Monsieur cru mourir, et je
vis, ce qui n’est pas grand’chose. Il en sera
de même pour vous ; vous vivrez. Je suis
chrétien, monsieur, et très chrétien et je vous
convertirai
; nous nous entendrons. Mes
mémoires diront après moi, ce que furent,
(car ils sont abattus) ces bois de Combourg
que vous allez chercher. Vous verrez ce vieux
chateau qui n’est pas intéressant pour moi,
parce qu’il est gothique mais parce qu’il est
rempli des impressions de mon enfance
et des souvenirs de ma jeunesse. Pensez
quelquefois à moi sur les grèves que j’ai tant
parcourues, mais ne vous occupez de mes
ouvrages qu’autant qu’ils ne fatigueront pas
votre santé. Vous me survivrez de quelque
quarantaine d’années. Je vous recommande
alors ma mémoire comme je me confie
aujourd’hui à votre amitié »...
On joint
la minute de la lettre de Paul-Fran-
çois DUBOIS à laquelle Chateaubriand
répond (4 p. in-8). Il part malade respirer
l’air de son pays. « J’emporte vos ouvrages
pour charme de ma solitude, Je les relirai
aux lieux où je les ai lus pour la première
fois […] ce sont vos livres qui ont inquiété
pour la première fois ma pensée, et animé
mon imagination. Sous cette éducation toute
soldatesque, toute servile de l’empire, c’est
le
Génie du christianisme
qui fut le véritable
maître des âmes, & pour moi, dans notre
bonne et religieuse province, je lui ai dû
une piété qui n’était pas une manoeuvre.
Maintenant mes croyances ne sont plus :
mais leur poésie me reste [...] Ce soir à six
heures je courrai sur la route de Bretagne :
Combourg est dans ma pensée, et bien
certainement j’y ferai un pèlerinage »…
[Paul-François DUBOIS (1793-1874), profes-
seur de lettres d’opinions libérales et futur
député, fonda en 1824 avec Pierre Leroux
le journal
Le Globe
, publication d’abord
purement littéraire et philosophique avant de
devenir politique après la chute du ministère
Villèle en janvier 1828.]
Correspondance générale,
t. VII, n° 435.
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CHATEAUBRIAND FRANÇOIS-
RENÉ DE (1768-1848).
L.A. (signée d’un paraphe), Dimanche
24 février [1828, à Louis-François
BERTIN] ; 1 page et demie in-4.
1 200 / 1 500 €
Vigoureuse lettre politique après la chute
de Villèle
.
« Vous avez raison ; je ne ferai rien ; mais
qu’importe ? Le petit colosse gascon m’avoit
poussé dehors ; je l’ai brisé. Quand ils ont
voulu de moi il y a un mois, je leur ai dit à
quel prix ils m’auroient, et où étoit la majo-
rité ; ils n’ont voulu me croire. Aujourd’hui
l’affaire des présidents leur prouve que j’avais
encore cent mille fois raison. Eh ! bien tout
cela n’y fera rien. Il y a antipathie entr’eux et
moi, et cela se conçoit. Cessez vos plaisan-
teries : qui seroit jaloux d’un vieil homme qui
s’en ira tout seul, et sans regret ? »… [C’est
Martignac qui succèdera à Villèle.]
Correspondance générale
, t. VIII, n° 19.
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CHATEAUBRIAND FRANÇOIS-
RENÉ DE (1768-1848).
L.A.S. « Chateaubriand », Paris 1
er
juin
1828, [à M. de VERNON] ; 1 page et
demie in-4.
1 000 / 1 200 €
Lette écrite la veille de sa nomination
comme ambassadeur à Rome.
« Je suis sans crainte, Monsieur, pour nos
libertés constitutionnelles. On peut encore
les attaquer, mais on ne peut les détruire.
Je m’afflige seulement de voir la division se
mettre parmi leurs défenseurs, et l’injustice
commencer avec le triomphe. L’écueil de
tous les partis est le succès. [...] Je touche
au bout de ma carrière ; heureux si j’ai eu le
bonheur de donner quelques exemples utiles
aux générations qui doivent me suivre »…
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NON VENU
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CHATEAUBRIAND FRANÇOIS-
RENÉ DE (1768-1848).
MANUSCRIT
autographe signé
« Chateaubriand »,
Le Naufrage
,
[1831] ; 3 pages in-4 (petite déchirure
au pli central du bifolium renforcé au
papier gommé, avec petits manques
touchant la lettre finale de 3 lignes).
4 000 / 5 000 €
Beau poème dédié à Madame Récamier, et
inséré dans les
Mémoires d’Outre-Tombe
.
[Ce poème de neuf quatrains a été envoyé
à Madame
RÉCAMIER
de Genève le 9 juin
1831 avec ce commentaire : « Enfin, voilà
mes vers. Vous êtes mon étoile et je vous
attends pour aller à cette île enchantée où je
dois vivre auprès de vous [...] Il faut un marin
pour lire les vers et les comprendre. [...] Votre
intelligence suffira aux dernières strophes et
le mot de l’énigme est au bas »... Comme
l’a noté Maurice Levaillant, Chateaubriand
y développait en vers une idée formulée
dans une lettre du 5 mai 1829 : « Je sortirai
de Rome pour entrer à l’hôpital. Malheureu-
sement mon édition complète est vendue,
ma cervelle vide et ma santé altérée ; mais
aussi j’ai moins de chemin à franchir dans
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la vie pour arriver au bout, et je n’ai pas
besoin d’embarquer tant de provisions sur
un vieux vaisseau prêt à faire naufrage »...
Le
Naufrage
fut publié en 1832 dans
Paris ou
le Livre des Cent et Un
, t. VIII (p. 393-396),
avec le sous-titre : « Vers adressés à Mme
Récamier ». Chateaubriand l’a inséré dans
les
Mémoires d’Outre-Tombe
(livre XXV,
chap. 6) ; c’est pour cela qu’il a noté au
crayon en tête : « copier entier ».]
Le manuscrit porte en fin la
dédicace
:
« à Madame Récamier. Chateaubriand ».
La première strophe est très corrigée et
raturée :
« Rebut de l’aquilon, échoué sur le sable,
Vieux vaisseau fracassé dont finissoit le sort
Et que dur charpentier, la mort impitoyable
Alloit dépecer dans le port ! […]
Ce vaisseau c’est ma vie, et ce Nocher moi
même. [...]
Un astre m’a montré sa lumière que j’aime [...]
Cette étoile du soir qui dissipe l’orage,
Et qui porte si bien le nom de la beauté,
Sur l’abyme calmé conduira mon naufrage
A quelque rivage enchanté.
Jusqu’à mon dernier port, douce et char-
mante étoile,
Je suivrai ton rayon toujours pur et nouveau ;
Et quand tu cesseras de luire pour ma voile,
Tu brilleras sur mon tombeau ».