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trouvée quand à la fortune, dans quel abandon les hommes m’avoient laissée »...
7 thermidor (25 juillet)
. « En raison de ma
liberté on s’empare de moi presque sans me consulter ; lorsque je parle de revenir on me dit puisque vous êtes libre, il faut que
vous restiez ; ainsi chacun prend la place de mon ci devant tyran. Des nouvelles littéraires ! Voulez-vous une traduction du
Psaume de David par Laharpe avec une préface du traducteur qui injurie beaucoup Mr de Voltaire ? [...] Il parait un ouvrage de
Dumouriez sur toutes les personnes de l’Europe, il se vend je crois en secret. [...] Je ne lis que des romans, quand j’étais jeune, je
les dédaignois, aujourd’hui je les dévore »…
26 brumaire VII (18 octobre)
. Elle espère la fin des prêtres et rappelle que « dans un
temps très éclairé où la religion catholique n’existoit presque plus dans le cœur de personne, où elle étoit accablée par le poids
des ridicules ; cependant les prêtres se trouvoient partout pour s’opposer aux choses les plus simples et les plus raisonnables ;
des rois tout puissants souffroient avec complaisance que leurs sujets fussent vexés journellement par ces méchants hommes.
[...] Pourrions-nous être étonnés que ces mêmes hommes emploient aujourd’hui le fer et le feu pour rattraper leur odieux
empire »...
S.d.
« J’ai rencontré un homme jeune et beau comme un ange. Je me suis doutée cette fois sans qu’il prit la peine de
m’en avertir que je pourrois bien l’aimer à la folie mais qu’à coup sur il ne m’aimeroit pas. Je me suis décidée à devenir son amie
intime [...] j’ai trouvé ainsi le moyen de tromper mon traître cœur »...
Reproduction page 40
135.
François TALMA
. L.A. (brouillon), [juin 1798], [à Grimod de La Reynière] ; 4 pages in-4.
500/600
Réponse aux critiques de Grimod de La Reynière. Brouillon, avec de nombreuses ratures et corrections, de la lettre
publiée dans
Le Censeur dramatique
du 21 prairial VI (9 juin 1798) ; le texte présente quelques variantes avec le texte publié
par Grimod.
Talma souhaite s’abonner au
Censeur dramatique
mais s’insurge contre les violentes critiques de Grimod : « Je profite des
remarques de mon ennemi sur les côtés faibles de mon armure pour trouver les moyens d’aller un jour à lui couvert d’un triple
airain. Je dis mon ennemi, Monsieur, car vous n’avez pu parler de moi d’une manière aussi injurieuse sur des faits nullement
relatifs à l’art ; vous n’avez pu rappeler des querelles que l’intérêt de l’art même que vous aimez tant devait vous faire oublier
sans avoir eu l’intention de me déclarer ouvertement la guerre. [...] Je me plais à croire que vous avez été trompé par des rapports
infidèles, car vous êtes bien loin d’avoir indiqué les véritables causes de la désunion et des malheurs de la Comédie française.
[...] J’avois une louable ambition et non un ridicule orgueil. Mais, Monsieur, dois-je me plaindre qu’on en ait imposé à ce point
sur mes principes et ma moralité. N’a-t-on pas vu constamment des hommes tour à tour couverts de tous les masques, usurper
d’honorables réputations et des hommes vertueux et bons proclamés comme des scélérats. Il y a quelque orgueil, Monsieur, à
se trouver au nombre de ces derniers » Puis il en vient à Mme Petit (Caroline Vanhove, sa future femme) qui a aussi subi les
foudres du critique : « Votre recherche ingénieuse à lui trouver des défauts à transformer même en ridicules les qualités qui
l’ont fait placer par le public après Mademoiselle Contat étoit trop évidement marquée pour la rendre sensible à des critiques
qui n’ont dû lui paraître que des outrages ». Il soupçonne quelque influence étrangère : « Il ne faut immoler personne à ses
faiblesses. C’est un assassinat moral dont on se rend coupable. Votre scalpel impitoyable a plutôt déchiré Madame Petit qu’il ne
l’a montrée telle qu’elle est. [...] Vous avez senti vous-même que votre rigueur avait dépassé les bornes, et je vous en remercie.
Vous lui promettez une revanche dans un de vos numéros et moi, Monsieur, je vous demande en son nom votre critique. [...]
Soyez sévère mais sans fiel ; sans masquer ses qualités relevez ses défauts et vous aurez acquis des droits à sa reconnaissance »...
On joint une L.A.S. de Grimod de La Reynière à Talma, Paris 22 messidor VI (10 juillet 1798, 1 p. in-8, adresse) l’invitant
à « manger sans façon la soupe avec nous. Votre silence sera pris pour acceptation, et notre bourgeoise sera charmée de faire
connaissance avec vous. J’ai besoin de cette preuve de votre amitié pour croire que vous m’avez pardonné des torts que je
n’aurois point eus si je vous avais mieux connu »...
Reproduction page 47
136.
Julie TALMA
(1756-1805). 7 L.A., [vers 1798], à Édouard Bignon ; 15 pages in-12 ou in-8.
250/300
Correspondance badine flirtant avec le jeune diplomate jusqu’à son ambassade à Berlin. « Dans un mois, je vous
dirai ce que je pense de votre amour avec un cœur tranquille et la tête froide »... « Vous me paroissez fort dégouté des femmes
savantes. Je le crois ; les hommes qui ne sont que savants sont insupportables, comment le passeroit-on aux femmes ? [...]
Elles ne devroient s’occuper que des peines morales, beaucoup observer, beaucoup éprouver, voilà de quoi faire d’excellents
moralistes »...Elle donne des nouvelles de ses enfants : « L’amiral [Alexis Talma] est à son bord dans la triste Zélande. [...] Le
hussard [Félix de Ségur] est en Italie »... Etc.
137.
Julie TALMA
(1756-1805). 4 L.A., [1798-1801] à Alexandre Rousselin de Saint-Albin ; 9 pages in-8 ou in-12,
adresses (bas d’une page déchiré).
250/300
Lettres à son jeune amant. Déclaration d’amour : « quand je te grogne comme un chien, quand je retourne ma pensée de
cent manières pour la faire devenir tienne, n’est-ce pas te dire que je t’aime [...] Déplaire même à son ami en lui disant la vérité
qu’on lui doit de préférence à tout autre, c’est certes lui donner une grande preuve d’attachement. Tu vois donc bien grande bête
que je t’aime »...
6 brumaire VII (27 octobre 1798)
: elle a assisté à un baptême de paysans : « tout le monde rioit et personne ne
croyoit [...] Il n’y a pas trois catholiques dans le canton, et l’on baptise et l’on marie »...
29 floréal IX (18 mai 1801)
: elle a vu
B. qui, propose d’entreprendre un ouvrage avec Rousselin : « ce qui rend cet ouvrage nécessaire, c’est le besoin de lutter conte
cet indigne esprit de parti qui dénature tous les événements et dons tous les écrits sont infectés »...Elle évoque la mort de son
enfant [son fils Alexis qui portait le nom de Talma] et demande consolation. – Réflexions sur l’amour « Dès qu’un homme a
pu faire une lâcheté, il ne s’en tient pas là, c’est comme une femme qui a pris un amant ou comme un chapelet qui défile [...]
C’est une terrible chose qu’un mari ! On s’en inquiète encore après qu’on ne l’aime plus, autant vaudrait-il l’aimer, ce qui est
pourtant une grande extrémité »...