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42

131.

Julie TALMA

(1756-1805) première femme de Talma, femme de cœur et d’esprit, elle inspira une violente passion

à Benjamin Constant. 6 L.A., [1795-1798], à son ami le citoyen Coupigny ; 8 pages in-8 ou in-12, 4 adresses.

300/400

[1795].

Julie a reçu les aveux de son mari : « J’ai la tête bouleversée et le coeur brisé par les confidences que j’ai reçues après

les avoir vivement sollicitées. Quel étrange état que le mien ! Quel sort ! Si j’avois été à la Conciergerie du temps de la Terreur,

je doute que mon âme eut éprouvé des chocs plus violents. Ah, si vous êtes aimé, mon ami, ne trahissez pas. On est un assassin

sans s’en douter ». – Elle l’invite à un souper, « un de ces petits soupers où il n’y a rien à manger, mais où il y a du rire, ce qui

vaut bien mieux quand on a bien dîné toutefois. J’en étois là de mon billet hier au soir lorsque le plus constant est arrivé. J’ai

tout quitté, cela est naturel. Offmann [Hoffmann] a l’esprit méchant, dit-on ? Tant mieux il sera bien avec moi. Moi, je me sens

disposée à mordre de tous les côtés. C’est ce qu’on doit faire quand on n’embrasse plus. [...] Je n’ai que le cœur de bon, le prendra

qui voudra, je ne m’en mêle pas, cela regarde mon mari. Et Méhul ? Ah ! qu’on feraoit bien de me l’amener ! Il pourroit faire

des airs fort tendres sur les paroles que je lui ai adressées ». – Elle se trouve dans un état de calme qui la rend bête : « il vaut

mieux une conduite absurde et dire des choses aimables que d’être sage sans esprit ; il n’en est pas moins vrai que votre homme

n’aura pas la place qu’il désire. Mr de Talleyrand a pris d’anciens serviteurs de la famille ; j’en suis fâchée »... – Elle intervient

en faveur de son fils Alexis qui veut s’engager dans la Marine, et attend un envoi de livres...

132.

Julie TALMA

. 3 L.A.S. et 4 L.A., [1796-1798], à Mary Gay ; 9 pages in-12 ou in-8, adresses.

250/300

Correspondance affectueuse à Mary Gay (sœur de Sigismond Gay, le mari de Sophie Gay, elle épousera Gabriel Allart).

24 fructidor V (11 septembre 1796)

. Pourquoi prendre un amant ? « Je ne sais trop ce que je ferai de mon amant ; je suis toute

malade mais peut-être l’amour me remettra du baume dans le sang ; on dit que c’est un mal qui fait du bien, moi je dis que

c’es tun bien qui fait du mal ; enfin nous verrons »... Mary est sur le point d’épouser Allart ; Julie la met en garde : « Je déteste

l’usurpateur qui viendra s’emparer de toute la tendresse de votre âme ; craignez surtout les tyrans qui se font aimer, je sais ce

qui en est »... On dit « que c’est par les yeux que l’amour commence, on peut ajouter et qu’il finit car on ne veut plus regarder

du tout ce qu’on regardait toujours. Ce n’est point un bandeau qu’il faut donner à l’amour, c’est un prisme »...

133.

François TALMA

. L.A.S., Amsterdam 17 frimaire VI (17 décembre 1797), à Nicolas Bellart ; 4 pages in-4 (fentes

aux plis).

400/500

Longue lettre-plaidoyer à son ami avocat, à la suite de l’absence de Talma et de sa femme Caroline, partis en

tournée en Hollande sans autorisation.

« J’ai besoin d’un défenseur, puisque l’on m’accuse [...] si tu ne fais pas toi-même partie du chorus général de proscription

exécuté à grand orchestre à notre bénéfice par le Théâtre de la République ». C’est à cause du mauvais état de ses affaires qu’il

a été obligé de partir : « Le carême que nous faisions au Théâtre de la République n’a été qu’une cause très secondaire de mon

départ. Nous aurions encore pu résister à, la diète, mais non aux menaces et aux avanies de nos créanciers »... Et il énumère ses

dettes : 1200 livres de loyer, 800 livres d’étoffes, 500 livres à un marchand de modes à Bruxelles, etc... Il évalue « cette queue

de créanciers à la somme de 6 mille et quelques cents livres. Quelques semaines nous suffiront pour compléter cette somme,

attendu que nous faisons beaucoup d’argent ici. [...] Je n’ai plus qu’à me jeter à l’eau ou à fuir pour jamais de Paris ». Le Théâtre

de la République devrait comprendre : « Par quelle cruauté veut-il donc me plonger dans un abyme dont il sait, à n’en pouvoir

douter, que je ne pourrai jamais me tirer. Rien pour le présent, point de certitude pour l’avenir, des dettes par-dessus la tête,

qu’est ce qu’on veut donc faire de moi ? [...] Songes donc mon ami dix mille livres par an à payer avant de mettre un morceau

de pain dans ma bouche. Cela ne fait-il pas frémir ? » Il pense cependant que lui et sa femme peuvent être utiles dans un

Théâtre de la République « bien organisé » ; du reste, il s’essaie à la comédie et Caroline à la tragédie pour pouvoir remplacer « la

malheureuse Desgarcins ». Certes la situation des théâtres, en pleine réorganisation, est incertaine : « Les gens riches ne nous

aimeront jamais et s’il y a deux théâtres on laissera toujours le nôtre pour courir à l’autre, à moins qu’une très grande réunion

de talents ne contrebalance la faveur de celui qui sera remis en concurrence avec nous »...Il charge Bellart de plaider sa cause :

« Fais en sorte d’apaiser mes camarades, mais, au nom de Dieu, ne leur parles pas du désir que nous avons de nous revoir dans

leur sein ; ils prendraient cela pour une mauvaise plaisanterie »... [Un jugement de janvier 1798 condamna le couple défaillant,

qui réintégra la troupe en février].

Reproduction page 40

134.

Julie TALMA

(1756-1805). 1 L.A.S. et 5 L.A., [1798], à son amie Julie Simons-Candeille ; 23 pages in-8 ou in-12,

2 adresses.

500/700

Très belle correspondance après sa séparation d’avec Talma : Julie disserte sur l’amour, la solitude, la liberté, la conduite

des hommes et aussi la littérature et la religion.

1

er

prairial VI (20 mai 1798)

: elle a entendu dire « que la maîtresse de mon mari porte mon nom. Cela n’est-il pas plaisant ?

Je crois que le cher mari voudrait que je demandasse le divorce, chose que je ne conçois pas [...] J’attends toujours que mon

mari le demande, cela est juste puisque c’est lui qui en a besoin. Je dirai que je le veux bien, et tout sera fini par là »...

18 prairial

(6 juin)

. Pour remédier à l’humeur chagrine de son amie, Julie lui conseille la lecture des philosophes et l’écriture : « Écrivez

tout ce qui viendra sous votre plume. Les heures s’envolent sous cette occupation et quand on a bien exprimé ce qu’on souffrait,

on ne souffre plus » ; elle évoque Sophie Condorcet « qui n’est point mariée et qui je crois n’a point envie de faire cette folie :

épouser son amant ! » ; elle la remercie de prendre par à ses malheurs, car « les hommes feignirent de me plaindre, mais au

fond se gardoient bien de condamner celui qui n’était pas plus coupable qu’eux »...

28 prairial (16 juin)

. « Un certain avantage

est attaché à l’esclavage, je ne l’aurois pas cru, c’est de jouir avec délice d’un moment de liberté pour moi qui suis dans la

plénitude de l’indépendance ». Elle revient sur ses malheurs : « si vous saviez, ma chère amie, dans quelle détresse je me suis