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111.
George SAND
(1804-1876). L.A.S., [Paris 31 mars 1836], à Caroline Marbouty ; 3 pages in-8, adresse (déchirure
par bris de cachet avec perte de qqs lettres et affectant la fin de la signature).
500/600
Crieuse lettre pour éconduire une admiratrice (qui se fera passer pour George Sand lorsqu’elle voyagera en Italie avec
Balzac quelques mois plus tard).
« Recevez l’expression de toute ma gratitude pour la bienveillance dont vous m’honorez. Soyez sûre que
les amis inconnus
que j’ai dans le monde
et dont vous daignez faire partie, ont devant Dieu, une communion intime avec moi. Mais vous qui
me paraissez une femme supérieure, je puis vous dire ce que je n’oserais dire à toutes les autres. Ne cherchez point à me voir.
Les louanges me troublent et m’affectent péniblement. Je sens que je ne les mérite point. Je vous semblerais froide et je vous
déplairais sans doute, comme j’ai déplu à beaucoup de personnes qui m’intimidaient malgré mes efforts pour leur exprimer ma
reconnaissance. C’est pour moi un châtiment de ma vaine et ennuyeuse célébrité, que ce regard curieux, sévère, ou exigeant
que le monde m’accorde. Laissez-moi le fuir. Si je vous rencontrais dans un champ, dans une auberge, si je vous voyais dans
votre maison de campagne, ou dans la mienne, je pourrais espérer de réparer le mauvais effet de la première entrevue, et je ne
me méfierais pas de moi-même. Mais ici, nous ne nous trouverions jamais seules ensemble. Ma mansarde n’a qu’une pièce, et
trente personnes s’y succèdent chaque jour, soit à titre d’amis, soit pour raison d’affaires, soit par oisiveté de curieux. Je cède
souvent à ceux-là par crainte d’être jugée orgueilleuse. Comprenez-moi mieux et aimez-moi mieux qu’eux tous. Vous n’avez
pas besoin de moi ; sans cela j’irais au-devant de vous. Ne me croyez pas ingrate. Je baise la main qui a tracé mon éloge avec
tant de grâce »...
112.
George SAND
. L.A.S., Nohant 23 juillet 1858 ; 2 pages et demie in-8 (fentes réparées).
300/400
Elle remercie des renseignements communiqués sur une personne. « On s’adressera ailleurs, et je ne veux pas vous en
tourmenter davantage. Je suis bien touchée de l’intérêt que vous me témoignez. Chaque jour, je comptais vous dire moi-même
combien j’y étais sensible, mais la force m’a manqué, et c’est avec bien de la peine que je vous écris ces quelques lignes. J’ai
été beaucoup plus affaiblie que de raison, par quelques jours de maladie réelle. On me dit, pour me consoler, que c’est ce qui
arrive aux gens très forts. Il faut donc que je me soumette à l’inaction, ce qui me coute beaucoup, je l’avoue : mai croyez bien,
Monsieur, que mon cœur est resté très vivant et qu’il répond avec empressement à l’affectueuse sympathie que vous voulez
bien m’accorder »...
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