30
94.
Gérard PHILIPE
(1922-1959). L.A.S., 9 mai 1958 ; 2 pages in-18 sur sa carte de visite.
200/300
Il remercie son correspondant ainsi que Marcelle Tassencourt d’avoir pensé à lui pour la distribution de
Paul… de Tarse
:
« J’ai cependant convenu avec Jean Vilar de me retrouver au T.N.P. et particulièrement la saison prochaine. Je souhaite un plein
succès à votre pièce dont j’ai apprécié la liberté de construction et à votre Paul dont la tranquille audace est encore du côté des
opprimés »... On joint 4 photographies dont une signée sur carte postale, et une avec Jean Vilar à Avignon par Agnès Varda
(30 x 24 cm).
95.
René-Xavier PRINET
(1861-1946) peintre. Brouillons, notes et manuscrits (fragments) d’un ouvrage sur la
peinture ; environ 300 pages formats divers.
150/200
Ensemble qui se rattache probablement à la préparation de ses livres,
Initiation à la peinture
(Flammarion, 1935) et
Initiation
au dessin
(Flammarion, 1940), comportant des pages consacrées au dessin, aux « notions essentielles » de la peinture (couleurs,
valeurs, sacrifices, laideur...), à l’histoire de la peinture (Vasari, la Renaissance, les grandes écoles du Moyen Âge à nos jours), à
l’affiche, etc. Notes sur la « théorie de l’Impressionnisme », hommage à feu Albert Besnard …
96.
Edgar QUINET
(1803-1875) historien, philosophe et écrivain. Manuscrits et brouillons autographes, [1870-
1871] ; environ 85 pages in-fol. ou in-4.
250/300
Ensemble de manuscrits fragmentaires de premier jet et d’ébauches, en grande majorité relatifs à la guerre de 1870-1871.
—
En Avant !
... « Au bruit des bombes, au seuil de cette année 1871 (il dépend de nous qu’on l’appelle l’année de la victoire !),
calculons nos chances. Comparons la France à l’Allemagne ; voyez où elles sont arrivées l’une et l’autre »... —
La Victoire
morale
. ... « Au nom de la fraternité dont on parle tant, nous devons à nos frères allemands de leur donner une leçon exemplaire
qu’ils n’oublieront jamais [...] Chargez donc vos armes ; visez juste, tirez tranquillement, libéralement, consciencieusement.
C’est aujourd’hui le premier et le dernier jour de la philosophie, telle qu’ils nous l’ont faite »... — ...« Si vous tombiez (ce que
je ne puis admettre), voyez la ruine ; je ne dis pas seulement ruine publique, je dis ruine privée. Pour accomplir leurs projets
insensés, ils ont besoin d’argent. Et où prendront-ils ces milliards, si ce n’est dans notre avoir »... Il ne s’agit donc pas de sauver
l’honneur mais de vaincre à tout prix, de chasser les barbares... — ...« Vous connaissez la nouvelle circulaire de M
r
de Bismark.
[...] Ce qu’il y a de pis dans l’abus de la Force, c’est la tentation de le faire passer pour la modération et la raison. Pourquoi
ne pas dire à la façon des orientaux : je suis fort, vous êtes faible ; je suis le maître, vous êtes l’esclave. Obéissez ne raisonnez
pas »... — Plus des pages sur les méthodes scientifiques, les femmes impudiques de l’Empire, des notes bibliographiques... etc.
Les manuscrits présentent de nombreuses ratures, corrections et additions.
97.
Henri de RÉGNIER
(1864-1936). Manuscrit autographe signé,
L’Illusion héroïque de Tito Bassi
, 1914 ;
116 pages petit in-4 (23 x 18 cm) en feuilles, sous 2 feuillets doubles formant chemise avec le titre et la dédicace
(fentes au dos des feuillets doubles sans toucher le texte).
2 000/2 500
Manuscrit complet de ce roman vénitien, publié du 15 mai au 15 juin 1914 dans
La Revue de Paris
, et en volume à
l’automne 1916 au Mercure de France, précédé d’un « Avertissement » daté de juin 1916, où Régnier, qui avait retardé la
publication de son roman à la déclaration de guerre, s’explique : « ce court roman se rattache à des préoccupations qui nous
semblent d’un autre âge […] Malgré cet anachronisme et surtout peut-être à cause de cet anachronisme même, j’ai cru pouvoir
livrer au public ce témoignage d’une époque déjà lointaine. Qu’on le prenne donc comme un des fragments de ce miroir,
maintenant brisé, où notre fantaisie d’alors aimait à considérer le visage de ses rêves ! »…
Le manuscrit est rédigé à l’encre noire, de l’élégante écriture de Régnier, remplissant tout le recto des pages, à l’exception
d’une petite marge à gauche ; il présente quelques ratures et corrections, avec de rares variantes par rapport au texte publié. Il
est signé et daté en fin « 9 janvier – 1
er
avril 1914 ». Il a servi à l’impression dans
La Revue de Paris
, et porte des marques de
typographes.
La page de titre porte un envoi « à Madeleine Farge. HR le 1
er
Novembre 1914 ». En regard, Henri de Régnier a rédigé une
longue dédicace : « Je veux, chère Madeleine, que ce manuscrit vous appartienne. L’histoire qu’il raconte évoque un peu de cette
Italie que vous aimez, de cette Vicence où l’on respire déjà l’air de Venise. Je vous donne ces pages en souvenir des beaux jours du
vieux Palais Vendramin où, l’an dernier, nous entendîmes sonner aux Carmini les cloches de la Toussaint. Conservez-les aussi
longtemps que vivra dans votre cœur l’écho de ces heures précieuses et acceptez ce faible témoignage d’un ami reconnaissant
de l’affection que vous avez bien voulu lui donner et qui vous aime. HR. Jour de la Toussaint 1914 ». Le roman paraîtra sans
dédicace. Madeleine Farge, épouse du peintre et graveur Henri Farge (1884-1969), sera la dédicataire d’un des
Contes vénitiens
de Régnier, « L’entrevue ». Henri de Régnier s’était lié avec les Farge en 1912, et en 1913 il séjournera à Venise avec sa femme
Marie et les Farge, en louant le
mezzanino
du palais Vendramin ai Carmini.
Le roman se rattache aux récits vénitiens d’Henri de Régnier, même s’il se déroule à Vicence, au XVIII
e
siècle. Régnier prend
plaisir à décrire le décor palladien de Vicenza et de ses environs, les villas Rotondo et Valmarana (Vallarciero dans le roman), et
le merveilleux Théâtre Olympique. Le roman est l’histoire du pauvre Tito Bassi, fils d’un cordonnier et d’une lingère, cherchant
à sortir de sa condition et rêvant d’être poète, mais se trouvant embarqué dans une carrière théâtrale qui tourne au ridicule et
à l’échec, de même que ses amours ; condamné à la pendaison pour l’assassinat de sa femme, l’exécution tourne à la farce, son
bourreau n’étant autre que son épouse Pierina. Citons le compte rendu de Rachilde dans le
Mercure de France
(1
er
décembre
1916) : « Cette histoire pourrait tout aussi bien s’appeler : la merveilleuse psychologie du rêve mise en regard de la piteuse
réalisation de l’action […] Rien de plus vivant, ni de plus éternel que cette légende, et jamais celui qui voulut la graver sur
le marbre des palais de Vicence ne fut plus maître de son ciseau. La simplicité et la noblesse des lignes qui nous restituent le
pauvre acteur poète est incomparable. […] Tito Bassi vit dans une échoppe de savetier, sa mère était lingère chez la noble dame