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les collections aristophil
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FONTANE THEODOR (1819-1898)
ÉCRIVAIN ALLEMAND
L.A.S., Kissingen 25juin 1891,
à un conseiller de commerce
(«Commerzienrath»); 2 pages in-8;
en allemand.
Signed autograph letter, Kissingen,
25 June 1891, to a commercial counselor
(«Commerzienrath»); 2 pages in-8;
in German.
400 / 600 €
On a dit la veille à Fontane, à la Villa Goebel,
que le conseiller venait de partir, alors qu’il
venait se renseigner sur son arrivée. Il regrette
de l’avoir manqué, et espère, lorsqu’un destin
amical les ramènera à Kissingen, qu’ils auront
alors plus de chance («wenn uns ein freun-
dliches Schicksal noch einmal in Kissingen
zusammenführt, so trifft es sich in diesem
Punkte hoffentlich glücklicher»), et pourront
être présentés à sa femme… [Fontane et sa
femme séjournèrent du 3 au 30 juin 1891 à
Bad Kissingen, et se plaignirent de l’ennui
de la société locale.]
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FLAUBERT GUSTAVE (1821-1880)
MANUSCRIT autographe,
Dictature
de Sylla
; 6 pages in-fol. (31 x 20 cm),
avec quelques ratures et corrections,
en feuilles; sous chemise dos
maroquin rouge et étui.
AUTOGRAPH MANUSCRIPT,
Dictature
de Sylla
, 6 pages in-fol (31 x 20 cm –
12,2 x 7,8 inches), with some erasures
and corrections, leaves placed in a
red morocco portfolio. Unpublished
manuscript on Roman history, used as
documentation for
Salammbô
.
6 000 / 8 000 €
Manuscrit inédit sur l’histoire romaine,
utilisé pour la documentation de
Salammbô
.
Ce manuscrit, très documenté, est, à travers le
destin de SYLLA, un récit de l’histoire romaine
de 83 à 79 avant Jésus-Christ. Complet en soi,
il provient d’un dossier de 134 pages intitulé
«
Histoire romaine (Duruy), tome I-II
» (vente
Franklin-Grout-Flaubert, Antibes 28-30 avril
1931, n° 19). En effet, Flaubert a largement
utilisé ici l’ouvrage de Victor DURUY,
Histoire
des romains et des peuples soumis à leur
domination
(Hachette, 1843-1844, 2 vol.), par-
ticulièrement les chapitres XLVI «La première
guerre civile» et XLVII «Dictature de Sylla».
D’après l’écriture, on peut dater ces pages
vers 1845-1847; on sait qu’en 1846 Flaubert a
relu l’
Histoire romaine
de Michelet.
Le manuscrit commence par l’évocation
des «guerres civiles» de 83-82. «Quand Sylla
fut [sur] les bords de l’Adriatique il envoya
une lettre au Sénat où il parlait de sa tête
proscrite, de ses biens confisqués, de ses
amis assassinés etc. Le Sénat envoya une
députation pour l’adoucir. Mais Cinna et
Carbon ramassèrent les soldats par toute
l’Italie. Lorsque Cinna voulut embarquer
pour la Grèce l’armée réunie, il fut égorgé
par ses propres soldats. Carbon resté seul
consul étendit encore le droit de cité à de
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nouveaux peuples, et répandit les affranchis
dans les trente cinq tribus. […] Sylla passe de
la Pouille dans la Calabre, il vainc Norbanus
près de Capoue et pendant une trève qu’il
avait demandée fait passer à lui toutes les
troupes ennemies». En 82, sous le consulat du
jeune Marius et de Carbon, «Sylla accourt à
Rome mais pas assez à temps pour prévenir
les derniers massacres du nombre desquels
était celui de Mucius Scaevola. Sylla ne fit
que traverser Rome pour aller en Étrurie
combattre Carbon»... Etc.
«
Les Proscriptions
. Les premiers coups furent
pour la famille de Marius. Un de ses parents
Marius Gratidianus qui venait de s’honorer
dans sa préture en réprimant la falsification
des monnaies fut poursuivi par Catilina qui
lui creva les yeux, lui arracha la langue, les
oreilles, les mains, lui rompit les bras et les
jambes et lui coupa la tête enfin qu’il porta
toute sanglante à Sylla [...] La proscription
dura pendant six mois [...] Quant au nombre
des morts Appien parle de 90 sénateurs, de
15 consulaires et de 2000 chevaliers [...] Les
fils et les petits fils des proscrits privés de
l’héritage paternel furent déclarés indignes
d’occuper jamais une charge publique. [...]
Pas un Samnite n’échappa»…
Puis Flaubert examine la
Législation de
Sylla (ensemble de ses lois)
, de 81 à 79.
«Les deux consuls étant morts Sylla fit réunir
les comices puis sortit de Rome comme
pour leur laisser toute liberté. Alors il écrivit
à l’interroi Valerius Flaccus qu’il pensait que
la République avait besoin d’un dictateur
et il s’offrit comme le plus digne. […] Il fut
solennellement proclamé que la volonté de
Sylla serait la loi»… Etc. Il passe en revue les
différentes lois, avant de terminer sur son
abdication en 79, sa retraite dans sa maison
de Cumes, sa maladie, sa mort, son cortège
funèbre et son enterrement à Rome… Et il
conclut : «Sylla homme du passé voulant
rétablir une société morte […] se mit lui-même
au-dessus des lois […] caractère commun à
tous les acteurs de ce même rôle».