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les collections aristophil
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DUMAS PÈRE ALEXANDRE (1802-1870)
MANUSCRIT calligraphié (peut-être par Dumas lui-même),
L’Alchimiste
,
orné de 6 peintures
; 139 pages sur 76 feuillets
in-8 (240 x 155 mm) de papier vélin; relié en un volume
grand in-8. Reliure de velours de soie vert, au premier
plat orné de motifs en argent doré et ciselé : dans le haut,
une couronne impériale; au bas, deux branches de laurier
surmontées du N russe; au centre, un riche encadrement
(121 x 103 mm) sur lequel est montée à charnières une
porte qui est gravée de rinceaux et qui porte la dédicace;
en ouvrant la porte, on découvre une peinture d’Eugène
ISABEY (95 x 75 mm); doublures et gardes de soie moirée
blanche; tranches dorées (
Alph. Giroux. Paris
).
Cette reliure est placée dans une boîte gainée de chagrin
vert au couvercle orné de fers et filets dorés,
doublée portant au revers :
à Paris chez A. Giroux et C
.
CALLIGRAPHIC MANUSCRIPT (perhaps copied by Dumas
himself),
L’Alchimiste
, decorated with 6 paintings; 139 pages,
on paper (240 x 155 mm – 94,4 x 61 inches).
Green velvet binding, cover decorated with emblems of the Tsar
of Russia and a painting by Eugène ISABEY.
This manuscript was given as a gift to the Tsar of Russia.
50 000 / 60 000 €
Extraordinaire exemplaire de présent au Tsar de Russie de cette
pièce de Dumas et Gérard de Nerval, orné de peintures et habillé
d’une somptueuse reliure.
L’Alchimiste
, drame en cinq actes en vers, par Alexandre Dumas,
en collaboration avec Gérard de NERVAL, fut créé au Théâtre de la
Renaissance le 10 avril 1839, avec Frédérick Lemaître dans le rôle
principal de l’alchimiste Fasio, et Ida Ferrier (la future Mme Dumas)
dans celui de Francesca.
L’Alchimiste
tint la scène jusqu’à la fin de
mai, et rapporta 1.200 fr. à Gérard. La pièce se situe dans l’Italie de
la Renaissance et a pour personnages principaux l’alchimiste Fasio
et sa femme Francesca. Ayant découvert un passage secret menant
de son atelier à la cave où l’usurier Grimaldi entasse son or, Fasio
assiste au meurtre de celui-ci par son neveu Lelio. Pour prix de son
silence, il accepte une partie du trésor et vit désormais somptueu-
sement. Mais Francesca, jalouse de la courtisane Maddalena, révèle
aux autorités l’origine réelle de la fortune de l’alchimiste. Celui-ci est
arrêté et condamné; mais Lelio se dénonce, et Fasio et Francesca
retrouvent le bonheur. L’atmosphère passionnée de la Renaissance,
les mystères de l’alchimie, la violence des passions, tout concourt à
faire de cette œuvre un archétype du théâtre romantique.
La
dédicace
est gravée sur la porte dorée de la reliure, en lettres
gothiques :
«A Sa Majesté
Nicolas 1
er
Empereur de toutes les Russies.
Son très humble
et très obéissant serviteur
Al. Dumas»
Dumas a demandé les peintures aux meilleurs artistes romantiques.
Dans l’encadrement de la reliure, la peinture d’Eugène ISABEY (1804-
1886) représente l’Alchimiste dans son officine; elle est signée en bas
à droite. La page de titre est ornée d’une miniature avec un grand
encadrement dans le genre gothique signé au bas par Théodore
MANSSON (1811-1850). Chaque acte est précédé d’une aquarelle
signée: par Adrien DAUZATS (1804-1868) pour les actes I et V, par
Louis BOULANGER (1806-1867) pour les actes II et IV, et par Jules
DUPRÉ (1811-1889) pour l’acte III.
Alexandre Dumas, dit-on, avait une passion pour les décorations; ayant
appris que le peintre Horace Vernet avait reçu du Tsar l’ordre de Saint-
Stanislas, il voulut l’obtenir et fit réaliser ce précieux manuscrit pour
le Tsar, qui le remercia en lui adressant une alliance monogrammée.
Tous les arts viennent se réunir dans cet objet unique, véritablement
exceptionnel: le théâtre, la poésie, la peinture, la calligraphie et la reliure.
exposition:
Gérard de Nerval
, Maison de Balzac, 1981 (n° 80).
provenance:
ancienne collection Daniel SICKLES (I, n° 53).