Previous Page  213 / 244 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 213 / 244 Next Page
Page Background

211

155

VOLTAIRE (1694-1778)

L.S. «Volt», aux Délices 16 août 1760, au comte

de TRESSAN; la lettre est écrite par son secrétaire

Jean-Louis WAGNIÈRE; 2 pages in-4 (un coin

déchiré sans perte de texte).

Signed letter, signed «Volt», Les Délices, 16 August 1760, addressed

to the Count of TRESSAN; the letter is written by his secretary

Jean-Louis WAGNIÈRE; 2 pages in-4 (a corner torn, no loss of

text).

2 000 / 2 500 €

Amusante lettre sur ses adversaires Lefranc de Pompignan, Fréron

et Palissot

.

Il recommande au «cher gouverneur» deux Genevois, MM. Turretin

et Rilliet, en jurant «que je n’envie nullement ni Pompignan, ni même

Fréron, je ne voudrais être à la place que de ceux qui peuvent avoir

le bonheur de vous voir et de vous entendre. Il me parait que ce

FRÉRON vous a un tant soit peu manqué de respect dans une de ses

malsemaines. Il faut pardonner à un homme comme lui enyvré de sa

gloire et de la faveur du public. Mon cher PALISSOT est-il toujours

favori de Sa M. Polonaise ? Comment trouvez vous la conduite de ce

personnage et celle de sa pièce ? Notre cher frère Menou [Joseph

de Menoux] m’a envoyé de la part du Roy de Pologne [STANISLAS],

l’Incrédulité combatue par le Simple. Essai par un roy

; essai auquel

il parait que cher frère Menou a mis la dernière main»… Il va envoyer

bientôt à Tressan le premier volume de son

Histoire de Pierre

premier

: «Vous scavez que c’est un hommage que je vous dois; je

n’oublierai jamais certain petit certificat dont vous m’avez honoré

[voir le n° précédent]; quoique je sois occupé actuellement à bâtir

une église, je me sens encore très mondain; l’envie de vous plaire

l’emporte encor sur ma piété; j’espère que Dieu me pardonnera cette

faiblesse, et qu’il ne me fera pas la grace cruelle de m’en corriger.

Je scais qu’il faut oublier le monde, mais j’ai mis dans mon marché

que vous seriez excepté nommément; plaignez moi, monsieur, d’être

si loin de vous et de vieillir sans faire ma cour à ce que la France a

de plus aimable»…

Correspondance

(Pléiade), t. V, p. 1069.

156

VOLTAIRE (1694-1778)

L.S. «V» avec date et 3 lignes autographes, «a Ferney

par Geneve» 12 novembre [1760], au comte de TRESSAN;

la lettre est écrite par son secrétaire Jean-Louis WAGNIÈRE;

3 pages in-4.

Signed letter, signed «V», date and 3 autograph lines, «A Ferney

par Geneve», 12 November [1760], addressed to the Count of

TRESSAN; the letter is written by his secretary Jean-Louis

WAGNIÈRE; 3 pages in-4.

1 500 / 2 000 €

Belle lettre au nouveau gouverneur de Bitche, parlant de ses

ouvrages historiques

.

«Respectable et aimable gouverneur de la Lorraine allemande, et

de mes sentiments; mon cœur a bien des choses à vous dire; mais

permettez qu’une autre main que la mienne les écrive, parce que je

suis un peu malingre. Premièrement, ne convenez vous pas qu’il vaut

mieux être gouverneur de Bitch, que de présider à une Académie

quelconque ? Ne convenez vous pas aussi qu’il vaut mieux être

honnête homme et aimable, qu’hipocrite et insolent ? […] Je m’imagine

pour mon bonheur que vous êtes très heureux, […] loin des sots,

des fripons, et des cabales. Vous ne trouverez peut être pas à Bitch

beaucoup de philosophes, […] mais en récompense, vous aurez tout

le temps de cultiver votre beau genie»; il partagera son temps entre

Lunéville, Bitche, et Toul, et pourra faire venir près de lui «des artistes

et des gens de mérite qui contribueront aux agréments de votre vie»…

Il a su par Frère SAINT-LAMBERT que «le Roy STANISLAS n’était

pas trop content, que je préférasse le Législateur Pierre au grand

soldat Charles [après l’

Histoire de Charles XII, roi de Suède

, Voltaire

a publié l’

Histoire de l’empire de Russie sous Pierre le Grand

] : j’ai

fait réponse, que je ne pouvais m’empêcher en conscience de

préférer celui qui bâtit des villes à celui qui les détruit, et que ce

n’est pas ma faute si S.M. Polonaise elle même a fait plus de bien

à la Lorraine par sa bienfaisance, que Charles 12 n’a fait de mal à la

Suède par son opiniatreté. Les Russes donnant des loix dans Berlin,

et empêchant que les Autrichiens ne fissent du désordre, prouvent

ce que valait Pierre»...

Il a joué «le Vieillard sur notre petit théâtre, avec notre petite troupe,

et je l’ai fait d’après nature. Je suis enchaîné d’ailleurs au char de

Cérès, comme à celui d’Apollon; je suis masson, laboureur, vigneron,

jardinier. […] je n’ai pas un moment à moi, et je ne croirais pas vivre,

si je vivais autrement; ce n’est qu’en s’occupant qu’on existe»…

Il termine en ajoutant

de sa main

: «Recevez le tendre et respectueux

témoignage de tous les sentiments qui m’attachent à vous pour toutte

ma vie; le Suisse V.»

Correspondance

(Pléiade), t. VI, p. 81.

sciences humaines