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VOLTAIRE (1694-1778)
L.S. «Volt», aux Délices 16 août 1760, au comte
de TRESSAN; la lettre est écrite par son secrétaire
Jean-Louis WAGNIÈRE; 2 pages in-4 (un coin
déchiré sans perte de texte).
Signed letter, signed «Volt», Les Délices, 16 August 1760, addressed
to the Count of TRESSAN; the letter is written by his secretary
Jean-Louis WAGNIÈRE; 2 pages in-4 (a corner torn, no loss of
text).
2 000 / 2 500 €
Amusante lettre sur ses adversaires Lefranc de Pompignan, Fréron
et Palissot
.
Il recommande au «cher gouverneur» deux Genevois, MM. Turretin
et Rilliet, en jurant «que je n’envie nullement ni Pompignan, ni même
Fréron, je ne voudrais être à la place que de ceux qui peuvent avoir
le bonheur de vous voir et de vous entendre. Il me parait que ce
FRÉRON vous a un tant soit peu manqué de respect dans une de ses
malsemaines. Il faut pardonner à un homme comme lui enyvré de sa
gloire et de la faveur du public. Mon cher PALISSOT est-il toujours
favori de Sa M. Polonaise ? Comment trouvez vous la conduite de ce
personnage et celle de sa pièce ? Notre cher frère Menou [Joseph
de Menoux] m’a envoyé de la part du Roy de Pologne [STANISLAS],
l’Incrédulité combatue par le Simple. Essai par un roy
; essai auquel
il parait que cher frère Menou a mis la dernière main»… Il va envoyer
bientôt à Tressan le premier volume de son
Histoire de Pierre
premier
: «Vous scavez que c’est un hommage que je vous dois; je
n’oublierai jamais certain petit certificat dont vous m’avez honoré
[voir le n° précédent]; quoique je sois occupé actuellement à bâtir
une église, je me sens encore très mondain; l’envie de vous plaire
l’emporte encor sur ma piété; j’espère que Dieu me pardonnera cette
faiblesse, et qu’il ne me fera pas la grace cruelle de m’en corriger.
Je scais qu’il faut oublier le monde, mais j’ai mis dans mon marché
que vous seriez excepté nommément; plaignez moi, monsieur, d’être
si loin de vous et de vieillir sans faire ma cour à ce que la France a
de plus aimable»…
Correspondance
(Pléiade), t. V, p. 1069.
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VOLTAIRE (1694-1778)
L.S. «V» avec date et 3 lignes autographes, «a Ferney
par Geneve» 12 novembre [1760], au comte de TRESSAN;
la lettre est écrite par son secrétaire Jean-Louis WAGNIÈRE;
3 pages in-4.
Signed letter, signed «V», date and 3 autograph lines, «A Ferney
par Geneve», 12 November [1760], addressed to the Count of
TRESSAN; the letter is written by his secretary Jean-Louis
WAGNIÈRE; 3 pages in-4.
1 500 / 2 000 €
Belle lettre au nouveau gouverneur de Bitche, parlant de ses
ouvrages historiques
.
«Respectable et aimable gouverneur de la Lorraine allemande, et
de mes sentiments; mon cœur a bien des choses à vous dire; mais
permettez qu’une autre main que la mienne les écrive, parce que je
suis un peu malingre. Premièrement, ne convenez vous pas qu’il vaut
mieux être gouverneur de Bitch, que de présider à une Académie
quelconque ? Ne convenez vous pas aussi qu’il vaut mieux être
honnête homme et aimable, qu’hipocrite et insolent ? […] Je m’imagine
pour mon bonheur que vous êtes très heureux, […] loin des sots,
des fripons, et des cabales. Vous ne trouverez peut être pas à Bitch
beaucoup de philosophes, […] mais en récompense, vous aurez tout
le temps de cultiver votre beau genie»; il partagera son temps entre
Lunéville, Bitche, et Toul, et pourra faire venir près de lui «des artistes
et des gens de mérite qui contribueront aux agréments de votre vie»…
Il a su par Frère SAINT-LAMBERT que «le Roy STANISLAS n’était
pas trop content, que je préférasse le Législateur Pierre au grand
soldat Charles [après l’
Histoire de Charles XII, roi de Suède
, Voltaire
a publié l’
Histoire de l’empire de Russie sous Pierre le Grand
] : j’ai
fait réponse, que je ne pouvais m’empêcher en conscience de
préférer celui qui bâtit des villes à celui qui les détruit, et que ce
n’est pas ma faute si S.M. Polonaise elle même a fait plus de bien
à la Lorraine par sa bienfaisance, que Charles 12 n’a fait de mal à la
Suède par son opiniatreté. Les Russes donnant des loix dans Berlin,
et empêchant que les Autrichiens ne fissent du désordre, prouvent
ce que valait Pierre»...
Il a joué «le Vieillard sur notre petit théâtre, avec notre petite troupe,
et je l’ai fait d’après nature. Je suis enchaîné d’ailleurs au char de
Cérès, comme à celui d’Apollon; je suis masson, laboureur, vigneron,
jardinier. […] je n’ai pas un moment à moi, et je ne croirais pas vivre,
si je vivais autrement; ce n’est qu’en s’occupant qu’on existe»…
Il termine en ajoutant
de sa main
: «Recevez le tendre et respectueux
témoignage de tous les sentiments qui m’attachent à vous pour toutte
ma vie; le Suisse V.»
Correspondance
(Pléiade), t. VI, p. 81.
sciences humaines