202
les collections aristophil
136
LE CAT CLAUDE-NICOLAS (1700-1768) CHIRURGIEN
L.A.S., Rouen 31 juillet 1766, à son confrère le comte
de TRESSAN; 2 pages in-4 (quelques légers défauts).
Signed autograph letter, Rouen 31 July 1766, to the Count of
TRESSAN; 2 pages in-4 (a few minor defects).
300 / 400 €
Il est heureux d’intervenir auprès de l’archevêque de Rouen en faveur
de l’abbé, fils de Tressan: «cest le meilleur Prelat de la terre; il a mille
bontés pour moi et je ne le verray pas que je ne le presse de tenir la
parole qu’il vous a donnée, qu’il a donnée à M. le Dauphin. Comptez
sur lui. Cest un bien honnête homme et la bienfaisance incarnée. Il
fait d’ailleurs grand cas des personnes de grande condition comme
vous et dit que M. votre fils est de bonnes moeurs, je suis seur qu’il
lui donnera un bénéfice. Que je serois content d’avoir quelque part
à cette bonne œuvre ! Que je serois content de voir sur mes vieux
jours, un Tressan grand-vicaire d’un archeveché où j’ay vû le grand
oncle mon maître et mon protecteur ! J’aurai bien du plaisir à me
revancher, si je le puis, sur le petit neveu des bontés que le grandoncle
et le Papa ont eues pour moy»...
137
LE MONNIER PIERRE-CHARLES (1715-1799)
ASTRONOME
2 L.A.S., Paris 1749-1767, [au comte de TRESSAN];
3 et 1 pages in-4.
2 signed autograph letters, Paris 1749-1767, [addressed to the Count
of TRESSAN]; 3 pages and 1 page in-4.
800 / 1 000 €
27 mai 1749
. Longue lettre analysant les chances d’une place pour
Tressan à l’Académie des Sciences, dans le contexte du nouveau
ministère : «vous avez demandé à M. d’ARGENSON la 1
ere
place
d’associé libre et d’etre surnumeraire supposé qu’il en vacque une
bientost: mais outre que cela est peut-être fort éloigné, je doute fort
que M. d’Herouville la demande. On m’a dit que du tems de M. de
MAUREPAS, il avoit refusé cette place. Veritablement celles d’hono-
raires sont bien plus flateuses, par ce qu’on y peut presider et qu’un
genie de premier ordre peut procurer bien des avantages reels aux
sciences en moins d’une année que cette presidence peut l’occuper;
mais on nous avoit donné du tems de M. de Maurepas un genre
d’honoraires et de presidents si singuliers, qu’il nous a semblé qu’on
avoit eû dessein de les atteler avec nos pedants, plustost à l’ariere qu’au
devant de la charrette»… L’éloignement du candidat devait cependant
l’empêcher d’agir auprès du ministère, alors que Mme de Chaulnes
et M. d’Hérouville ont tout fait pour réussir dans cette affaire, mais
peut-être inutilement : «Il y a 4 jours qu’étant a S
t
Germain a l’hotel
de Noailles, M. le duc d’Ayen, me dit que le Roy s’étoit expliqué déjà
à ce sujet, et que la place d’honoraire etoit destinée a M. le comte
de MAILLEBOIS»… On ne connaissait pas à Maillebois de goût pour
les sciences, et dans le peu de temps que Le Monnier l’a vu, «etant
a moitié distrait dans le moment par des observations de la lune et
d’etoiles qui passoient alors au meridien, je n’ai pu decouvrir pour
quelle partie des mathematiques ou de phisique il avoit le plus de
penchant»… L’Académie a aussi 8 associés étrangers, et 6 associés
libres, mais M. de Maurepas n’a jamais souhaité augmenter le
nombre de ceux-ci : ne pourrait-on pas solliciter le consentement
de M. d’Argenson, à ce propos ? Il voudrait enfin son aide pour le
réconcilier avec M. FOLKES, à Londres…
2 janvier 1767
. «Avant les voïages faits en 1761 on ignoroit si la Parallaxe
du soleil […] n’etoit pas de 6’’ ou de 15’’. Le 1
er
cas eloignoit excessivement
le soleil. Ceux qui ont supposé 10’’ seulement en ont deduit la distance
à la Terre d’environ 33 millions de lieuës. Or l’on sçait aujourd’hui
que la Parallaxe est de 7 à 10 secondes, d’où il s’ensuit que le soleil
est plus loin que 33 millions de lieues. On a donc tort de la supposer
anuellement de 27 à 28 millions […]. Quant a la 2
e
question, je trouve
qu’on peut supposons les diametre de la Terre et du Soleil dans le
rapport de 1 à 100 sans se tromper sensiblement, ce qui donneroit
286 500 lieues pour le demi diametre du Soleil. J’ignore sur quoi
se fondent ceux qui le reduisent à 254 773: peut-être corrigent-ils
quelque chose avec NEWTON sur l’angle apparent, parce que nos
lunettes nous le feroient voir trop grand. Mais cette conversion auroit
besoin de preuves fondées sur l’optique»…
138
LE ROY JEAN-BAPTISTE (1720-1800) GÉOMÈTRE
ET PHYSICIEN
3 L.A.S., Paris août-novembre 1749, au comte de TRESSAN;
16 pages in-4 (légères mouillures et taches).
3 signed autograph letters, Paris August-November 1749,
addressed to the Count of TRESSAN; 16 pages in-4 (some
waterstains and foxing).
1 500 /1 800 €
Intéressante correspondance sur son projet d’électromètre, avec
une lettre de Gowin Knight
.
28 août
. Il le félicite «pour le noble courage que vous avez de cultiver
la Philosophie dans un pays où une personne de votre rang est
obligée d’être savante incognito. Il semble que parmi le grand monde,
il ne soit encore permis qu’aux femmes de se mêler de Physique
publiquement, apparemment que l’indulgence que l’on a pour le
beau sexe fait qu’on leur passe ce travers; car c’en est un dans ce
pays que de vouloir savoir des choses que le vulgaire ignore»…
À propos du mémoire et des dessins qu’il lui a fait parvenir sur son
électromètre: «Je ne doute pas que vous n’entendiez parfaitement la
nature de notre instrument». Il aurait aimé qu’il contienne davantage
de choses, mais étant destiné à être lu en séance publique, il a pré-
féré n’exposer que quelques expériences parlantes, sur l’attraction
des corps électriques, et la conséquence de l’augmentation de leur
masse… Puis, à propos de l’importante découverte du Dr KNIGHT
sur le magnétisme, les phénomènes d’attraction et de répulsion: «J’ai
une très grande impatience d’être au fait de toutes les découvertes
de ce grand homme»… Il ne partage son avis sur M. de RIVA «le
valaisien», que Tressan, comme beaucoup d’autres, soupçonne de
charlatanisme : «On ne peut disconvenir que ce ne soit un très habile
homme, qui entend très bien l’horlogerie, et beaucoup de physique,
et de mathématiques; […] une personne qui a trouvé les longitudes, qui
a découvert un agent dans la nature inconnu à tous les Physiciens»…
29 septembre
. «Nous nous flattons que ce que vous marquez au sujet
de l’électromètre n’est point un compliment et que nous pouvons
nous livrer au plaisir de voir que le mémoire et le dessin nous ont
confirmé dans la bonne opinion que vous en aviez déjà conçue». Il le
prie de bien vouloir lui transmettre ses remarques sur son appareil et
sur son mémoire. «Nous ne doutons plus que l’attraction des corps
électriques ne soit comme les surfaces, et non comme les masses,
depuis que nous vous avons gagné à notre opinion. Votre remarque
est très juste au sujet des étincelles que l’on tire d’une grosse barre
de fer, et d’un fil d’archal. Mais si vous voulez bien faire attention,
que leurs surfaces sont très différentes; vous verrez que cela ne
détruit pas ce que nous avançons. Car dans tous les cas où vous
aurez surface égale, nous prétendons qu’il y aura même étincelle […]
Quant aux barres magnétiques du Dr KNIGHT il se peut faire qu’étant