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NAPOLÉON I

ER

(1769-1821)

Lettre autographe, [Valence 1785 ?]

«10 h. du soir samedy»,

à Mademoiselle EMMA; 1 page in-12

(fentes réparées, lettre montée

sur papier fort).

Autograph letter. [Valence 1785 ?]

«10 h. du soir samedy», addressed

to Mademoiselle EMMA; 1 page in-12

(repairs; letter pasted on thick paper).

15 000 / 20 000 €

Très rare lettre à un amour de jeunesse, une

des cinq adressées à la mystérieuse Emma.

«Mademoiselle. Je serois faché de vous

avoir deplu ce seroit un un malheur extrême.

Mon unique desir c’est de vous être agréable.

Je pensois que votre indifference etoit tout

ce qui pouvoit y avoir de pis. Aujourd’hui je

crains que vous ne mayez reduit a le desirer

comme un bien... Mon cœur m’auroit-il égaré

a ce point de ne m’avoir inspiré que des

sentiments malheureux et sans reciprocité ?

un mot, Emma, vous ne voulez pas m’afliger

autant que le feroit votre silence ? Quelque

soit les dispositions de votre cœur le mien

sera toujours heureux de vous servir. Quand

même il deveroit renoncer a vous plaire !!!

Emma un mot !! ou plus tôt un sentiment»…

[Cette correspondance amoureuse inédite

a été révélée en 1932, lors de la vente de

la collection Barbet; la notice (reprise par

Marcel Leijendecker dans la

Revue des

études napoléoniennes

, janvier-juin 1933,

p. 52) en fait l’analyse. – I (reproduite au cata-

logue). Demande de rendez-vous en dehors

des amies. Il désire qu’on rende justice à

ses sentiments si dignes de la destinataire.

«Bonsoir, Emma, songez qu’en me répondant

mal vous m’affligeriez beaucoup.» – II (repro-

duite et publiée par Jacques-Olivier Boudon

in

Lettres intimes, une collection dévoilée,

Textuel, 2006, p. 44). Le jeune Bonaparte

défend la sincérité de son amour. Un sen-

timent tendre ne sera pas une source de

peine. «Répondez-moi, Emma, que votre

cœur répond au mien, qu’il combat pour moi

et que je ne vous suis pas indifférent.» C’est

au cœur d’Emma à se prononcer et c’est à

lui seul qu’il doit se soumettre. – III [notre

lettre]. – IV. Il l’interroge sur les sentiments

qu’il lui inspire. En voulant lui plaire aurait-il

été malavisé ? Il ne peut concevoir qu’il

soit indifférent à Emma de le savoir heureux

ou malheureux. «Seriez-vous ou méchante

ou votre cœur aurait[-il] été donné. Emma,

un mot. Aimez un peu qui vous aime trop.

Laissez-moi lire dans votre âme.» – V. Emma

s’est plainte que les lettres de Bonaparte

aient troublé son repos. Ces quatre lettres

où il lui a exprimé les sentiments qu’elle lui

a inspirés sont donc un moment d’erreur. Il

les désavoue mais elle est trop bonne pour

vouloir l’humilier. Il lui demande le renvoi

de ces lettres, puisqu’elles lui inspirent tant

d’aversion, et il oubliera qu’elle a été mau-

vaise pour lui. «Vous connaissez, j’espère,

trop mon caractère pour penser que je

puisse jamais influer sur mes dispositions.»

La notice ajoutait : «Les lettres à Joséphine

sont évidemment plus ardentes, mais avec

leur timidité et leur soumission ces cinq

lettres marquent le début du grand homme

dans la vie amoureuse.»]

provenance :

collection L.-A. BARBET (15-16 novembre

1932, n° 239).

histoire