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beaux-arts
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GAUGUIN PAUL (1848-1903).
L.A.S. « P. Gauguin », [Rouen octobre 1884], à Camille
PISSARRO; 2 pages et demie remplies d’une petite écriture
serrée.
10 000 / 12 000 €
Très belle lettre à Pissarro, annonçant son départ de Rouen pour
le Danemark, parlant des impressionnistes et de la graphologie
.
Son voyage au Danemark est décidé ; il partira probablement en
décembre : « Que voulez-vous je ne possède plus un radis et ne
puis vivre comme GUILLAUMIN qui n’a pas d’enfants. J’ai pris une
situation d’affaires qui n’a rien de fixe mais qui peut avec beaucoup
d’activité devenir bonne plus tard. Je suis représentant en Danemarck
d’une grande affaire de Roubaix, je n’ai pas d’appointements mais
une commission sur les affaires faites là-bas. J’espère avec cela
trouver notre pain quotidien, mais je conserve ma liberté de travail
et je peux continuer à peindre là-bas. Je compte même en faire le
plus possible, n’abandonnant pas le mouvement français : je vendrai
le plus possible à Paris plus tard. Je vous prie donc de ne pas me
considérer
comme
enterré
. Si les affaires de notre peinture prenaient
une bonne tournure, j’ose croire que vous feriez comme par le passé,
parler quelquefois de moi. Le Marsouin reste mon chargé, d’affaires
et recevra mes tableaux. […] De mon côté si je réussis en Danemarck
comme en Norvège à faire prendre un peu les impressionistes je
vous mettrai au courant et nous nous arrangerons à vous faire profiter
du marché. Si vous estimez
assez bien
ce que je fais en ce moment
j’aimerais à laisser quelque chose chez vous, on juge mieux un
tableau par comparaison qu’isolé, et souvent il faut quelque temps
pour bien s’en rendre compte. Ce n’est pas un cadeau que je vous
fais (puisque celà n’a pas de valeur commerciale) c’est un souvenir
si toutefois il vous était agréable ».
Son petit garçon « l’avant-dernier est dans son lit depuis 20 jours avec
la fièvre typhoïde ; il est maintenant en convalescence ». Il aimerait
avoir le portrait des enfants de Pissarro, et « quelques eaux-fortes de
vous ». Il s’intéresse à la graphologie, « le caractère par les écritures »,
et il livre son analyse de l’écriture de Pissarro : « Simplicité franchise
peu de diplomatie. Penseur – équilibré, plus poète que logicien, peu
assimilateur. Vivacité d’esprit – très enthousiaste.
Grande ambition
.
Obstination et douceur mélangées. Paresseux – quelquefois gêné
et gourmand. Parcimonieux – quelquefois égoïste et peu aimant.
Ne dévie pas de la voie qu’il s’est tracée. Beaucoup de défiance. Un
peu de bizarrerie. Lettres harmoniques. Sentiment d’art – mais pas
esthétique
. Votre orthographe souvent inventée annonce l’homme
disposé à rejeter un détail pour en fabriquer un autre.
Finalement
nature très
COMPLEXE
. Voilà ce que donnent les signes »…
provenance
Archives de Camille Pissarro
(21 novembre 1975, n° 67).
Correspondance
, t. I, n° 54, p. 70.