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les collections aristophil

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GAUGUIN PAUL (1848-1903).

L.A.S. « P. Gauguin », Paris 18 janvier 1882, à Camille

PISSARRO; 2 pages in-8 remplies d’une écriture serrée

(sur le 2

e

feuillet d’un formulaire administratif

de l’

Agence financière des Assurances

; petit trou en tête).

10 000 / 12 000 €

Très belle lettre où Gauguin soutient le moral de Pissarro, et prépare

l’avant-dernière exposition des Impressionnistes

.

[Gauguin travaille encore chez l’agent de change Thomereau (qu’il

quittera bientôt) et utilise pour écrire sa lettre le feuillet blanc d’un

formulaire qu’il avait commencé à remplir le 14 janvier 1882. Le krach

boursier de janvier 1882 va l’inciter à se consacrer à la peinture.

La « 7

e

Exposition des Artistes indépendants » ou 7

e

exposition des

Impressionnistes s’ouvrira le 1

er

mars 1882 au 251 rue Saint-Honoré

dans les salons du Panorama de Reichshoffen, loués par Durand-Ruel;

des tensions se manifestent, notamment entre Monet et Gauguin, et

avec Degas qui tenait à la présence de Raffaëlli à laquelle s’opposait

Gauguin ; il y aura finalement neuf exposants : Caillebotte, Gauguin,

Guillaumin, Monet, Berthe Morisot, Pissarro, Renoir, Sisley et Vignon.]

« Mon cher Pissarro, Je reçois ce matin votre lettre bien extraordi-

naire; on dirait que le brouillard influe en ce moment sur votre moral,

vous avez l’air de broyer du noir ; je croyais que vous ne vous serviez

plus de cette couleur. Du reste je ne suis pas très inquiet sur votre

compte, je sais bien que c’est toujours long et difficile de compléter

une chose quelque soit le moyen qu’on emploie mais vous avez

généralement la ténacité nécessaire pour aboutir à un bon résultat ».

Il s’inquiète de la préparation et des dépenses de la prochaine

exposition : « Tout dort nous avons un engagement de 6000

F

sur les

bras la brouille la plus complète dans le ménage et rien de résolu.

GUILLAUMIN ne sait pas s’il doit commander

ses cadres

et c’est

le moment de prendre une décision ; ce serait vraiment triste pour

quelqu’un qui n’est pas riche de faire une dépense inutile. Vous allez

dire que je suis toujours fougueux et que je veux aller vite mais vous

serez cependant obligé d’avouer qu’en tout cela mes calculs étaient

justes […] En tous cas je vous préviens que RAFFAËLLI fait tous ses

efforts pour aller aux aquarellistes seulement il ne lâchera notre

exposition que lorsqu’il sera certain d’entrer autre part et juste au

moment où nous serons tenus d’exposer. Jamais on ne me retirera

de l’esprit que pour DEGAS Raffaeli est un pur prétexte de rupture;

il y a chez cet homme un esprit de traverse qui démolit tout. Songez

à tout cela et

agissons

je vous en prie. […] Il y a déjà quatre sociétés

de peintres qui fonctionnent pour exposer, Dieu sait avec quel talent.

Nous seuls nous ne faisons que nous chamailler »…

provenance

Archives de Camille Pissarro

(21 novembre 1975, n° 37).

Correspondance

, t. I, n° 21, p. 26.

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