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les collections aristophil

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DELACROIX EUGÈNE (1798-1863).

MANUSCRIT autographe signé « Delacroix », [vers 1815] ;

3 pages et demie in-4 d’un feuillet double (quelque petites

taches d’encre).

2 000 / 2 500 €

Brouillons de devoirs du lycéen en français, latin et grec

.

Versions et thèmes en grec et en latin ; liste de mots grecs avec leur

traduction en latin ou français ; vers latins..., avec deux essais de

signature.

Citons cette version : « L’heure où l’aigle se met en recherche et s’envole

est depuis son repos jusques au soir. […] La partie supérieure de leur

bec lorsqu’ils vieillissent devient extrêmement grand de sorte qu’ils

meurent de faim parce qu’il demeure toujours recourbé. Ils donnent

à leurs petits une nourriture abondante ; mais comme souvent il n’est

pas aisé de la leur procurer chaque jour, lorsqu’ils n’en ont point ils

les portent dehors. S’ils voient quelqu’un qui tente de s’emparer de

leurs petits ils le frappent de leurs ailes et le déchirent de leurs ongles »

Un thème latin a pour sujet un peintre : « Pictor quondam celeber-

rimus statuerat omnes populos una tabellâ pingere”... À la fin, cette

curieuse note : « 17 18 18 20 etc. pantoufle » Le même sujet est ensuite

mis en vers latins : « Pingendi quondam totus celeberrimus arte »…

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DELACROIX EUGÈNE (1798-1863).

L.A.S. « E. Delacroix », [Mansle (Charente) 10] octobre 1820,

à son ami Félix G

UILLEMARDET

à Paris ; 3 pages et demie

in-4, adresse.

3 000 / 4 000 €

Très belle et longue lettre de jeunesse

.

La fièvre l’a quitté depuis hier ou avant-hier, et il est maigre, pâle,

vert, et « d’une faiblesse plus que pâle et plus que verte. Je le suis au

point d’avoir des eblouissements toutes les fois que je me leve de ma

Bergere. Tendre bergere de la Charente, que je suis venu chercher

de si loin, douce compagne de mes heures pendant si longtemps

quand sortirai-je de tes bras »... Il parle longuement du coup singulier

apporté par la nouvelle concernant son ami PIERRET. « Que cette

idée qui si souvent nous avait rebuté comme une vraie resolution

de fou, se soit tout à coup presenté à lui, que tu l’aies approuvée &c

&c &c Enfin tout cela n’a fait au premier aspect que me causer de

l’etonnement »... Puis ses idées ont mûri. « Se marier pour lui, n’est

pas s’enchainer : car il est enchainé de fait depuis le jour où il a un

enfant. C’est une idée que je lui ai mise dans la lettre que je lui ecrivis

de suite et qui me parait pour lui une source feconde de consolation

et de raisons nouvelles pour se trouver heureux d’avoir saisi la seule

ancre de salut qui lui restât. Et j’en suis convaincu maintenant. Cette

ancre de salut, deviendra pour lui un port, un port assuré, où renfermé

et à l’abri de mille misères ses travaux, ses jouissances domestiques

lui donneront mille fruits de bonheur. Ce qu’il lui faut, c’est jouir avec

calme de sa douce paternité. Quand il sera en paix de ce coté alors

il se livrera à la peinture sans inquietude »...

Puis il se met à taquiner son « cher petit avoué ; tes grosses, tes

paperasses, tes figures eternelles de clercs; qu’est-ce que tout cela

te chante et que chantes-tu à cela. Tu as maintenant une ecriture de

procureur [...] Il n’y a que ton paraphe dont tu ne m’honores jamais,

duquel je ne puisse juger. C’est encore avec la robe, un grand quart

de la maitrise »... Il évoque la procédure, « noire de crimes, de robes,

de requetes et de bonnets carrés »...

Il voudrait partir à la fin d’octobre : « Mon tableau [

Le Triomphe de

la Religion

(cathédrale d’Ajaccio)] demande ma presence à Paris et

je suis pressé de m’en debarasser »... Il a reçu une lettre de Charles

SOULIER, qui se dit enchanté de son séjour à Florence : « Il a vu dit-il

à Bologne le tableau de S

te

Cécile de

RAPHAËL

. C’est dit-il (lui que

je n’ai jamais vu très enthousiasmé de Raphael) c’est la plus belle

chose qu’il ait jamais vu. Dans le fait un pareil tableau est isolé, doit

faire un furieux effet »...

Lettres intimes

, XXI, p. 111.